Dr David Adams is the coordinator of the Culture of Peace News Network. He retired in 2001 from UNESCO where he was the Director of the Unit for the International Year for the Culture of Peace, proclaimed for the Year 2000 by the United Nations General Assembly.
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Le webinaire organisé le 25 mai par la section européenne de Maires pour la Paix a exposé les contributions essentielles des collectivités locales pour la promotion du Traité d’Interdiction des Armes Nucléaires (TIAN).
Des dirigeants locaux de toute l’Europe ont présenté leurs initiatives de plaidoyer et de coopération en la matière. Le municipalisme de paix et les réseaux de la société civile peuvent contribuer à mobiliser davantage de pays en faveur du TIAN et de l’approche humanitaire, fer de lance de l’interdiction des armes nucléaires.
Les participants au webinaire ont convenu d’assurer une contribution significative à la prochaine réunion des États parties au TIAN (article en anglais), qui se tiendra à Vienne du 21 au 23 juin prochain. Cette conférence internationale apportera un suivi crucial à l’agenda du désarmement nucléaire.
Des représentants de six collectivités locales à travers l’Europe ont pris la parole au cours de l’événement, notamment : David Blackburn, conseiller municipal de Leeds (Royaume-Uni) ; Thomas Hermann, maire adjoint de Hanovre (Allemagne) ; Philippe Rio, maire de Grigny (France) ; Marianne Borgen, maire d’Oslo (Norvège) ; Roberto Cammarata, président du conseil municipal de Brescia (Italie) et Álvaro Ferrer, maire adjoint de Granollers (Catalogne, Espagne).
D’autres intervenants de haut niveau ont rejoint le webinaire pour représenter les principaux partenaires de la section européenne, notamment : Takashi Koizumi, secrétaire général de Maires pour la Paix ; David Kmentt, président désigné de la réunion 1MSP et diplomate autrichien ; Beatrice Fihn, directrice exécutive de ICAN ; Emilia Sáiz, secrétaire générale de CGLU.
(Note de l’éditeur : il y a deux mois, CPNN a publié un article sur le lancement du projet “Les Jeunes Tisserands de la Paix” au Gabon, dans le cadre d’un projet dans les régions transfrontalières avec le Cameroun et le Tchad. Le projet est mis en œuvre par l’Unesco, en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Cet article fait le point sur l’initiative.)
Le réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix, section Gabon (PAYNCoP Gabon) a récemment pris part à l’atelier de formation des formateurs dans le cadre du projet “Les Jeunes Tisserands de la Paix.” C’est la ville d’Oyem, dans la province du Woleu-Ntem, au nord du pays, qui a abrité cet atelier de formation des formateurs du 30 mai au 04 juin 2022.
La rencontre qui a réuni une dizaine de participants, issus de l’administration publique, des organisations de la société civile et des experts des Nations-Unies a permis de renforcer les capacités des acteurs cibles sur des thèmes multiples et variés, notamment la culture de la paix, l’inclusion sociale, les Droits humains, les violences basées sur le genre (VBG), la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, la traite des personnes et le trafic des migrants …
Au-delà des connaissances théoriques, la formation a été l’occasion pour les participants de mieux s’outiller sur des aptitudes et compétences nécessaires à la formation des adultes.
« Au sortir de ces six jours d’intense travaux, nous sommes résolument aptes à nous déployer pour la formation des futurs tisserands de la paix » a déclaré Jerry Bibang, au nom des participants à la formation.
« Le Réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix (PAYNCoP) en tant que partenaire de mise en œuvre de cette initiative se satisfait du début effectif de ces formations au Gabon et reste tout à fait optimiste pour la suite des activités » a-t-il ajouté.
Le projet “Les Jeunes, Tisserands de la Paix” dans les régions transfrontalières du Gabon, Cameroun et Tchad vise essentiellement de former et déployer 1800 jeunes pour la promotion de la culture de la paix dans les trois pays concernés, notamment dans les villes frontalières de ces trois pays.
Au Gabon, c’est 250 jeunes qui sont concernés dans la province du Woleu-Ntem, notamment à Oyem, Bitam, Meyo-Kye et Minvoul.
En marge du déploiement des jeunes pour la promotion de la culture de la paix, le projet prévoit également la création et l’appui d’une dizaine d’entreprise sociale à base communautaire afin d’aider les jeunes à s’autonomiser financièrement et de lutter contre le chômage qui constitue une véritable menace à la paix.
Si l’Australie est un exemple, la réponse peut être positive.
En Australie, le paysage politique a radicalement changé lors des récentes élections qui ont vu les jeunes voter en nombre record pour s’attaquer aux problèmes qui les préoccupent le plus : le changement climatique, les difficultés à se loger et la hausse du coût de la vie. Le « greenslide » électoral a été fait principalement de victoires pour les sièges qui ont la plus forte population de jeunes.
Dans d’autres pays du monde, c’est la nouvelle génération qui a pris la tête du changement social.
Au Chili, le jeune président Gabriel Boric a remporté les urnes en décembre avec un soutien populaire historique qui dépasse même ce que les propres partisans du candidat auraient pu imaginer. En ce sens, une variable importante pour la victoire a sans aucun doute été la participation des jeunes. La jeunesse de Gabriel et de l’équipe qui l’a accompagné dans sa campagne a été un grand atout face à une société fatiguée des mêmes vieux visages, où les jeunes avaient été délaissés. Son mouvement représente non seulement un changement politique, mais aussi un changement générationnel ; il ne fait aucun doute qu’il accompagne un processus qui a été éssentiellement soulevé ces derniers temps par les jeunes.
Au Brésil, une armée de volontaires, en quelques semaines seulement, a enregistré des centaines de milliers de primo-votants. Leur campagne nationale vise l’apathie des jeunes électeurs – et pourrait contribuer à renforcer un avantage glissant pour l’ancien président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva alors qu’il cherche à renverser le président d’extrême droite Jair Bolsonaro lors des élections d’octobre. “Personne n’aime Bolsonaro”, a déclaré Evelyn Santana, 17 ans, peu de temps après avoir enregistré ses coordonnées à voter. “Parmi mes amis, la plupart des gens vont voter pour (Lula). Ils veulent que Bolsonaro disparaisse.” Les sondages montrent que la tendance se maintient à l’échelle nationale. Plus de la moitié des jeunes âgés de 15 à 24 ans préfèrent Lula, selon une enquête du sondeur Datafolha, tandis que moins de 25 % de ce groupe d’âge soutiennent Bolsonaro.
En Colombie, la candidature de Gustavo Petro passe au second tour avec le soutien, avant tout, de la jeunesse colombienne, qui réclame des changements et une amélioration des conditions de vie. En fait, cette demande a été criée pendant des mois l’année dernière dans les rues de Colombie, lors d’une grève nationale sans précédent. Les jeunes sont un groupe démographique clé pour Gustavo Petro, qui bénéficie d’un soutien de près de 50 % parmi les électeurs de ce groupe d’âge. Le second tour des élections aura lieu le 19 juin.
En France, les jeunes électeurs sont la clé des possibilités des partis politiques de gauche, réunis au sein d’une coalition baptisée NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) pour accéder au pouvoir à l’Assemblée nationale lors des élections prévues les 12 et 19 juin. Dans ce contexte, une publicité considérable a été donnée à un discours prononcé lors de la prestigieuse cérémonie de remise des diplômes d’AgroParisTech le 10 mai, dans lequel huit étudiants ont déclaré refuser d’effectuer des « travaux destructeurs » et ont appelé leurs camarades à rejoindre les luttes écologiques et à travailler de leurs mains.
Aux États-Unis, ce sont les étudiants qui ont pris l’initiative de répondre aux massacres continus dans les écoles en exigeant que les armes militaires soient interdites à la vente. Bien que le président Biden ait déclaré qu’il fallait faire quelque chose, le Congrès américain continue d’être dominé par le lobby des armes à feu. “Les législateurs doivent garder à l’esprit que si nous ne pouvons pas voter maintenant, ils doivent écouter car nous pourrons éventuellement voter”, a déclaré Maddie Ahmadi, membre du conseil consultatif de Students Demand Action, âgée de 17 ans. “Et s’ils ne nous écoutent pas et qu’ils n’adoptent pas une législation de bon sens sur les armes à feu, nous allons les rejeter.”
Et en Russie, où le président Poutine et la législature de la Douma poussent à la guerre en Ukraine et répriment toute expression d’opposition, les jeunes sont la seule partie de la population qui est contre la guerre. Dans le sondage réalisé début mars , seuls 29 % des jeunes de 18 à 24 ans soutenaient la guerre, alors qu’elle était soutenue par 60 % de la population générale. Le temps nous dira si leur opposition peut aider à mettre fin à la guerre.
Malgré toutes les mauvaises nouvelles (guerre en Ukraine, changement climatique, famine mondiale, guerres de l’information, migrations massives) et les sombres pronostics (crash du dollar, chute de Poutine, guerre civile aux États-Unis, danger de troisième guerre mondiale), pouvons-nous encore rêver de la terre promise de la paix ? Nous ne pouvons qu’espérer que la nouvelle génération fournira le leadership nécessaire pour survivre à cette période périlleuse de l’histoire et nous guidera vers une culture de la paix.
Lors d’un discours prononcé à la cérémonie de remise des diplômes d’AgroParisTech, le 10 mai, huit étudiants disent refuser d’exercer des « jobs destructeurs » et appellent leurs camarades à rejoindre les luttes écolos et à travailler de leurs mains.
Le grand écran lumineux annonçait le discours de fin d’année d’une jeune diplômée. Mais à la tribune, elles et ils sont arrivés à huit. À tour de rôle, ils ont décrit le rôle que joue leur formation et leur métier dans la catastrophe écologique et sociale et appelé leurs collègues à « bifurquer maintenant ».
Les diplômés de 2022 sont aujourd’hui réunis une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
Nous ne nous considérons pas comme « les talents d’une planète soutenable ».
Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des « enjeux » ou des « défis » auxquels nous devrions trouver des solutions en tant qu’ingénieurs.
Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur Terre.
Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques.
Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme.
Nous ne croyons ni au « développement durable », ni à la « croissance verte », ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant.
AgroParisTech forme chaque année des centaines d’élèves à travailler pour l’industrie de diverses manières : trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui renforcent l’asservissement des agricultrices et des agriculteurs ; concevoir des plats préparés et ensuite des chimiothérapies pour soigner les maladies causées ; inventer des labels bonne-conscience pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres ; développer des « énergies vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde ; pondre des rapports RSE [responsabilité sociétale des entreprises] d’autant plus longs et délirants que les crimes qu’ils masquent sont scandaleux ; ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaître légalement.
« Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent »
Ces jobs sont destructeurs, et les choisir, c’est nuire… en servant les intérêts de quelques-uns.
C’est pourtant ces débouchés qui nous ont été présentés tout au long de notre cursus à AgroParisTech. En revanche, on ne nous a jamais parlé des diplômés qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont choisi de déserter.
Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent. Que ce doute soit quotidien — ou fugitif.
À vous, qui avez accepté un boulot parce qu’« il faut bien une première expérience ».
À vous, dont les proches travaillent à perpétuer le système, et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels.
À vous, qui, assises derrière un bureau, regardez par la fenêtre en rêvant d’espace et de liberté.
À vous qui prenez le TGV tous les week-ends en quête d’un bien-être jamais trouvé.
À vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer, qui trouvez souvent que ce monde est fou, qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, ou qui espériez « changer les choses de l’intérieur » et n’y croyez déjà plus.
Nous voulions vous dire que vous n’êtes pas les seuls à trouver qu’il y a quelque chose qui cloche. Car il y a vraiment quelque chose qui cloche.
Nous aussi, nous avons douté, et nous doutons parfois encore.
Et nous refusons de servir ce système, nous avons décidé de chercher d’autres voies, de construire nos propres chemins.
Comment est-ce que ça a commencé ?
Nous avons rencontré des personnes qui luttaient, et nous les avons suivies sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l’envers des projets que nous aurions pu mener en tant qu’ingénieurs. Je pense à Christina et Emmanuel qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay. Je pense à ce trou desséché, une compensation bien dérisoire à une mare pleine de tritons. Ou encore à Nico qui voit de sa tour d’immeuble les jardins populaires de son enfance rasés pour la construction d’un écoquartier.
Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d’autres modes de vie, qui se réapproprient des savoirs et des savoir-faire pour ne plus dépendre des monopoles d’industries polluantes.
Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre de lui sans l’épuiser. Qui luttent activement contre des projets nuisibles. Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe. Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les unes-les uns des autres. Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies.
… J’habite depuis deux ans à la zad de Notre-Dame-des-Landes où je fais de l’agriculture collective et vivrière, entre autres choses.
… Moi je suis en cours d’installation en apiculture dans le Dauphiné.
… J’ai rejoint le mouvement Les Soulèvements de la terre pour lutter contre l’accaparement des terres agricoles et leur bétonisation partout en France.
… Je vis à la montagne, j’ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin.
… On s’installe en collectif dans le Tarn sur une ferme Terre de Liens avec un paysan boulanger, des brasseurs et des arboriculteurs.
… Je m’engage contre le nucléaire près de Bure.
… Je me forme aujourd’hui pour m’installer demain et travailler de mes mains.
Nous considérons que ces façons de vivre sont plus que nécessaires et nous savons qu’elles nous rendront plus fortes et plus heureuses.
Vous craignez de faire un pas de côté parce qu’il ne « ferait pas bien » sur votre CV ?
De vous éloigner de votre famille et de votre réseau ?
De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d’ingénieur agronome ?
Mais quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique ? Un salaire qui permet de prendre l’avion ? Un emprunt sur trente ans pour un pavillon ? Même pas cinq semaines par an pour souffler dans un « gîte insolite » ? Un SUV électrique, un Fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ?
Et puis un burnout à 40 ans ?
« N’attendons pas le 12ᵉ rapport du Giec »
Ne perdons pas notre temps. Mais surtout, ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous.
Désertons avant d’être coincés par des obligations financières.
N’attendons pas que nos mômes nous demandent des sous pour faire du shopping dans le Metavers parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose.
N’attendons pas d’être incapables d’autre chose que d’une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert.
N’attendons pas le 12ᵉ rapport du Giec, qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais rien fait d’autre qu’aggraver les problèmes, et qui placera ses derniers espoirs dans les soulèvements et les révoltes populaires.
Vous pouvez bifurquer maintenant.
Commencer une formation de paysan-boulanger. Partir pour quelques mois de woofing. Participer à un chantier sur une zad ou ailleurs. Vous engager auprès de celles et ceux qui en ont besoin. Vous investir dans un atelier vélo autogéré ou rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la terre.
Alors que la culture de la guerre, désormais dirigée par Vladimir Poutine et Joe Biden, continue d’utiliser le contrôle de l’information et les mensonges purs et simples comme une arme majeure de leur arsenal, la lutte pour la vérité devient de plus en plus importante pour la culture de la paix. Comme le disait Gandhi, “La non-violence et la vérité sont inséparables et présupposent l’un l’autre.” Il l’a appelé “Satyagraha”. . . formé par deux mots sanskrit “satya” (vérité) et “agraha” (tenant fermement ou fermeté).”
Ce n’est pas facile, et peut être dangereux comme nous le voyons dans ces exemples récents de ceux qui s’engagent dans cette lutte.
Julian Assange est emprisonné depuis de nombreuses années maintenant et menacé d’extradition vers les États-Unis où il pourrait être emprisonné pour le reste de sa vie. Dans une lettre adressée ce mois-ci au président Biden et à la présidente de la Chambre Nancy Pelosi, plus de 30 défenseurs progressistes, intellectuels et anciens chefs d’État ont fait valoir que les charges retenues contre Assange devraient être abandonnées. Les accusations portées contre Assange découlent de sa publication de documents classifiés révélant les crimes de guerre américains, y compris des séquences vidéo des forces américaines abattant des civils en Irak.
Selon un rapport de Yahoo News, la CIA, et de hauts responsables de l’administration Trump ont discuté comment ils pourraient l’assassiner.
Dmitry Muratov, qui a reçu le prix Nobel de la paix l’année dernière pour son journalisme indépendant critiquant la politique russe, a récemment été agressé par quelqu’un criant “Voici pour nos garçons” (c’est-à-dire les soldats russes). Profitant peut-être de la celebrité grâce au prix, il n’a pas été assassiné comme plusieurs autres de ses confrères journalistes. Bien que son journal, Novaya Gazeta, ait été fermé par les autorités russes, il est prévu de le rouvrir à l’étranger.
Glenn Greenwald est un journaliste américain qui défend la liberté d’information depuis près de 20 ans maintenant, notamment la défense d’Edward Snowden et de Julian Assange, et publie des rapports d’enquête sur la corruption au Brésil et ailleurs. Dans un article republié ce mois-ci par CPNN, il passe en revue la censure extrême actuellement orchestrée depuis Washington et comment elle a considérablement limité la possibilité de savoir ce qui se passe réellement en Fédération de Russie et en Ukraine. Il demande : “Pourquoi y a-t-il tant d’urgence à faire taire les petites poches de voix dissidentes à propos de la guerre en Ukraine?” Et il répond : “La réponse semble claire,” et il documente les énormes contrats accordés au complexe militaro-industriel pour étendre la guerre.
Comme exemple de la façon dont la censure limite la possibilité de savoir ce qui se passe en Russie, le lecteur devrait se rappeler la note de l’éditeur sur l’article de CPNN du 19 janvier de cette année, avant l’invasion de l’Ukraine : “Ces dernières semaines, le président russe Poutine a proposé de nouveaux traités de paix entre la Russie et les États-Unis et entre la Russie et l’OTAN. Google répertorie peut-être une centaine d’articles de presse qui mentionnent les propositions de Poutine, mais nulle part dans aucun des articles je n’ai pu trouver une référence au texte réel des propositions ou à l’histoire, contexte qui comprend les assurances américaines à la fin de la guerre froide que l’OTAN ne serait pas élargie vers la Russie. Au lieu de cela, les articles répertoriés par google soutiennent les États-Unis et l’OTAN affirment que les propositions de Poutine masquent une justification à l’invasion russe de l’Ukraine. Enfin, après une recherche assez longue et détaillée, j’ai trouvé l’article suivant (non répertorié par google) qui renvoie aux propositions de traité et au contexte historique. Le voici.)
Sergey Aleksashenko, ancien vice-gouverneur de la banque centrale russe, tient désormais un blog dissident depuis l’intérieur de la Fédération de Russie. Tel que republié dans CPNN, il documente la censure actuellement menée par les autorités russes, qui est si extrême qu’elle en devient parfois ridicule. D’une manière ou d’une autre, malgré la censure russe, il continue de publier des blogs quotidiens sur la situation là-bas.
Medea Benjamin et Nicholas Davies, de l’organisation pacifiste américaine Codepink, condamnent non seulement les crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine, mais plus encore la longue liste de crimes de guerre commis par l’armée américaine ces dernières années, comme ceux commis en Raqqa, Syrie et Mosul, Irak. ” Les États-Unis et leurs alliés ont mené des guerres pays après pays pendant des décennies, détruisant des villes et des villages à une échelle bien supérieure à celle qui a jusqu’à présent défiguré l’Ukraine.”
Marina Ovsyannikova est la journaliste russe qui a osé interrompre un bulletin d’informations en direct sur la chaîne de télévision d’État russe One en tenant une pancarte indiquant “PAS DE GUERRE”. Arrêter la guerre’. CPNN a publié un lien vers la vidéo de l’événement dans lequel elle décrit sa motivation. Elle a été immédiatement arrêtée et selon un article plus récent dans Haaretz, ” Un tribunal lui a infligé une amende équivalant à environ $270 (=250€), mais elle est toujours accusée d’avoir enfreint une loi contre les ” fausses nouvelles “, ce qui interdit de qualifier l’invasion russe de l’Ukraine de ” guerre “. Si elle est reconnue coupable, elle pourrait être condamnée à une peine pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison.”
Oliver Stone, le cinéaste qui a osé défier les autorités américaines avec son film JFK sur l’assassinat du président Kennedy, vient de publier un film sur le coup d’État en Ukraine en 2014 orchestré par le gouvernement américain, dont Vice-Président à l’époque était Joe Biden. Cela fournit des preuves clés de la raison pour laquelle les Russes ont envahi, y compris des liens vers la conversation entre l’ambassadeur américain en Ukraine et une haute autorité du département d’État sur la façon de former le nouveau gouvernement en 2014, et une déclaration de Vladimir Poutine, demandant ce qui peut être fait pour arrêter les empiètements de l’OTAN contre son pays.
Dans CPNN, ces dernières semaines, nous avons publié des déclarations et des pétitions de centaines de milliers de Russes opposés à la guerre, comme détaillé dans le bulletin du mois dernier. Et plus récemment, nous avons également publié un appel de pacifistes ukrainiens qui osent critiquer leur propre pays ainsi que les Russes.
Le Mouvement pacifiste ukrainien écrit : “Nous condamnons les actions militaires des deux côtés, les hostilités qui nuisent aux civils. Nous insistons pour que toutes les fusillades cessent, que toutes les parties honorent la mémoire des personnes tuées et, après un chagrin dû, s’engagent calmement et honnêtement à des pourparlers de paix… La guerre est un crime contre l’humanité. Par conséquent, nous sommes déterminés à ne soutenir aucune sorte de guerre et à nous efforcer d’éliminer toutes les causes de guerre.”
Enfin, nous nous tournons vers la censure de la Chine.
Comme republié dans CPNN, “les professeurs chinois ont été empêchés d’exprimer leurs opinions et sont réticents à contredire la ligne officielle du Parti communiste sur les relations internationales et les événements politiques. Cependant, un groupe de cinq éminents professeurs d’histoire des meilleures universités chinoises étaient prêts à aller à l’encontre du récit officiel dans une rare lettre conjointe condamnant l’invasion de l’Ukraine.”
Dans nos villes, cette attaque militaire fait remonter à la surface les histoires familiales du siècle passé. Elle a aussi une résonance particulière avec les conflits du monde d’aujourd’hui, pour les habitants issus de la première, deuxième et troisième générations d’immigrés qui ont fui les guerres et la misère pour offrir aux leurs une vie meilleure sur notre continent.
À Kiev, le départ de personnes fuyant les bombardements russes en Ukraine. | LE PICTORIUM/MAXPPP
Au quotidien, face à la guerre en l’Ukraine, les villes agissent !
Au quotidien, face à la guerre en l’Ukraine, les villes agissent ! Elles organisent et accompagnent l’accueil et le parcours des réfugiés, les collectes de dons, les hébergements et demain la scolarisation, les cours d’alphabétisation ou l’insertion professionnelle.
Les villes œuvrent aussi tous les jours pour ancrer, dans les politiques publiques locales, les valeurs de paix, de solidarité et de compréhension mutuelle et ce, dès le plus jeune âge.
En 2010, lors d’une conférence de Mayors for Peace, Ban Ki Moon, secrétaire général des Nations unies, soulignait que « la paix se construit dans les villes et les villages partout dans le monde et pas uniquement dans les salles de conférences à New York ou à Genève ».
Contre tous les va-t-en-guerre, les faiseurs de guerre et les vendeurs de canon, les villes portent en elle la puissante force pacifique des peuples et leur volonté première d’enrayer les escalades mortifères et les plans les plus funestes.
Dans notre ère moderne, aucune ville n’a jamais déclaré la guerre à une autre. Les villes et leurs représentants par leur proximité avec les peuples savent trop le coût humain du sang, des armes et des larmes !
Une diplomatie des villes bien vivante
Dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, elles ont, au contraire, été des architectes de la paix avec des jumelages de chaque côté du Rhin.
Cette diplomatie des villes est bien vivante grâce au réseau Mayors for Peace qui alerte le monde depuis des décennies sur le risque nucléaire, grâce à l’association Cités unies France, qui permet aux communes de s’unir vers des objectifs communs d’union de la paix et de démocratie, ou encore avec Cités et gouvernements locaux unis.
À côté de l’impérieuse nécessité du silence des armes, les villes construisent, chaque jour, les valeurs du dialogue. La diplomatie, c’est, au fond, la patience du temps long contre la fulgurance des armes !
Faire rentrer les villes sur la scène internationale
Pour construire un monde meilleur, nous devons plus que jamais faire entrer les villes sur la scène internationale et donner voix au chapitre au municipalisme pacifique et à la diplomatie des villes.
Nous, maires, voulons tout pour faire vivre nos jumelages et coopérations pour le dialogue entre les peuples.
Nous, maires, avons un devoir de construire des stratégies locales de culture de paix auprès de nos concitoyens.
Nous réaffirmons ainsi avec force que tout doit être fait pour trouver une issue diplomatique à cette guerre et à toutes les guerres ! »
Les signataires : Philippe Rio, maire de Grigny (PCF, 91), président de Maires pour la paix France ; Gilles Leproust, maire d’Allonnes (PCF, 72) ; Stéphanie Daumin, maire de Chevilly-Larue (PCF, 94) ; Jérôme Pasco, maire de Conches-en-Ouch (Sans étiquette, 27) ; François Rebsamen, maire de Dijon (PS, 21) ; Christophe Sonrel, Maire de Damelevières (PCF, 54) ; Quentin Gesell, maire de Dugny (DVD, 93) ; Olivier Corzani, maire de Fleury-Mérogis (PCF, 91) ; Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers (PCF, 92) ; Patricia Tordjman, maire de Gentilly (PCF, 92) ; Michel Soriano, maire de Lasséran (Sans étiquette, 32) ; Jean-François Fountaine, maire de La Rochelle (DVG, 17) ; Jacqueline Belhomme, maire de Malakoff (PCF, 92) ; Michaël Delafosse, maire de Montpellier (PS, 34) ; Philippe Lacroix, maire d’Oradour-sur-Glane (LREM-Horizons, 87) ; Patrick Jarry, maire de Nanterre (DVG, 92) ; Ali Rabeh, maire de Trappes (Génération. s, 93) ; Pierre Garzon, maire de Villejuif (PCF, 94) ; Pierre Bell-Lloch, maire de Vitry-sur-Seine (PCF, 94).
Après le Cameroun et le Tchad, le Gabon a lancé hier, jeudi 31 mars, le projet “Les Jeunes, Tisserands de la Paix dans les Régions Trans-frontalieres du Tchad Cameroun et Gabon” à travers une réunion d’information et d’orientation des partis prenantes au projet.
L’équipe du projet avec les membres du PAYNCoP
C’est l’hôtel de ville de la commune d’Oyem, dans la province du Woleu-Ntem, au Nord du pays, qui a abrité la cérémonie de lancement du projet.
Cette rencontre, présidée par le Gouverneur de province, a permis à l’Unité de Gestion du Projet de présenter les différentes articulations de l’initiative qui concerne prioritairement les jeunes hommes et femmes (18-35 ans).
Ainsi, au Gabon, notamment dans les localités d’Oyem, Minvoul, Bitam et Meyo – Kye, le projet vise essentiellement à identifier, former et rendre opérationnel 250 jeunes qui deviendront des tisserands de la paix dans leurs communautés respectives.
Par ailleurs, près de 60 jeunes porteurs de projets d’entreprises sociales à base communautaires seront formés et soutenus afin de lancer leurs initiatives.
Ce travail sera mis en œuvre par plusieurs acteurs dont le Réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix (PAYNCOP) et coordonner par le Système des Nations unies au Gabon, avec notamment L’UNESCO et l’ONUDC comme agence lead.
« Le projet vient à point nommé car il donne la possibilité aux jeunes de contribuer significativement à la prévention de la violence et la consolidation de la paix dans notre pays, conformément à la résolution 2250 du Conseil de sécurité de l’Onu qui recommande aux Etats d’associer les jeunes en tant qu’acteur dans les questions de paix et sécurité » a expliqué Jerry Bibang, le Secrétaire permanent du PAYNCoP.
« Il s’agira, par ailleurs, d’une réelle opportunité qui permettra aux jeunes femmes et hommes de se lancer dans des initiatives génératrices de revenus afin de contribuer, un tant soi peu, à leur autonomisation économique et lutter contre le chômage des jeunes, sans cesse grandissant dans notre pays » a-t-il ajouté.
La cérémonie de lancement du projet a vu la participation de la Coordinatrice résidente du système des Nations unies au Gabon, du Représentant de l’UNESCO, du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), de l’Office des Nations Unies pour la Drogue et le Crime (ONUDC), du représentant du Gouvernement et plusieurs organisations de la société civile.
Comme nous l’avons indiqué dans le bulletin du mois dernier, les médias regorgent d’articles sur la guerre en Ukraine, qu’il s’agisse des atrocités russes ou de l’envoi d’armes occidentales pour étendre la guerre.
Nous voyons notre rôle à CPNN de fournir l’envers de l’actualité: la mobilisation du mouvement pacifiste.
Le mois dernier, nous avons publié des informations du mouvement pacifiste des 2 aspects du conflit. Ce mois-ci, il y a eu une énorme mobilisation du mouvement pacifiste en Russie contre l’agression de son gouvernement, malgré la censure et malgré les risques de perte d’emplois, de destruction des médias indépendants et d’emprisonnement pour ceux qui protestent. Cela s’est exprimé dans les médias sociaux, puisque les médias grand public sont contrôlés par le gouvernement.
Une liste relativement complète des pétitions, appels et lettres ouvertes russes contre la guerre dans les médias sociaux est publiée sur Google docs et nous l’avons réimprimée dans CPNN avec des mises à jour fréquentes pour surmonter la censure imposée par le gouvernement russe.
Les aspects de la culture russe de renommée mondiale sont fortement représentés, notamment les sciences et les mathématiques, les technologies de l’information, les échecs et les arts.
Des milliers de scientifiques russes ont signé une lettre ouverte condamnant la guerre et disant que cela “signifie que nous, scientifiques, ne pourrons plus faire notre travail normalement : après tout, mener des recherches scientifiques est impensable sans une pleine coopération avec des collègues d’autres pays .”
Des centaines de mathématiciens russes ont signé une lettre ouverte similaire, affirmant que “nos nombreuses années d’efforts pour renforcer la réputation de la Russie en tant que centre mathématique de premier plan ont été complètement dépréciées à la suite de l’agression militaire non provoquée, initiée par notre pays”.
Des dizaines de milliers d’informaticiens russes ont signé une lettre ouverte, affirmant que “le progrès et le développement des technologies au profit de l’Homme sont impossibles dans des conditions de guerre et de menaces pour la vie et la santé des personnes, ils ne sont possibles que dans des conditions de coopération, de diversité de points de vue, d’échange d’informations et d’un dialogue ouvert.”
Les principaux joueurs d’échecs russes ont signé un appel, déclarant: “L’équipe d’échecs ukrainienne est la championne d’Europe en titre, l’une des meilleures équipes du monde avec la nôtre. Nous avons joué des dizaines de matchs et des centaines de parties. Nous avons toujours mis le jeu au-dessus de la politique – et les Ukrainiens nous ont répondu en retour. Nous vous demandons de donner aux équipes, aux joueurs et aux gens ordinaires des deux pays une chance de respect mutuel. Nous sommes pour la paix. Arrêtez la guerre !”
Des dizaines de milliers de personnalités culturelles de Russie ont signé une lettre ouverte contre la guerre, déclarant que “la nouvelle escalade de la guerre aura des conséquences irréparables pour les artistes et les travailleurs culturels. Cela nous privera de nos dernières opportunités de travailler pleinement, de nous exprimer, de créer des projets, vulgariser et développer la culture, emporter l’avenir Tout ce qui a été fait culturellement depuis 30 ans est aujourd’hui remis en cause : tous les liens internationaux seront rompus, les institutions culturelles privées ou publiques seront préservées, les partenariats avec d’autres pays seront suspendus.”
D’autres aspects de la culture russe profonde sont également représentés, notamment l’Église orthodoxe russe, les enseignants et les mères de soldats russes.
De nombreux prêtres et diacres de l’Église orthodoxe russe ont signé un appel pour mettre fin à la guerre, avertissant que « le Jugement dernier attend chaque personne. Aucune autorité terrestre, aucun médecin, aucun garde ne vous protégera de ce procès » et « Aucun appel non violent à la paix et la fin de la guerre doit être réprimé par la force et considéré comme une violation de la loi, car c’est le commandement divin : “Heureux les artisans de paix”.
Des milliers d’ enseignants de toutes les régions de Russie ont signé une pétition contre la guerre mais les noms ont été retirés après avoir été menacés. Cependant, certains des enseignants qui l’ont signé décrivent la difficulté qu’ils rencontrent à répondre aux questions des élèves sur ce qui se passe.
Le Comité des mères de soldats a commencé pendant la guerre soviétique en Afghanistan en tant que réseau d’initiatives locales dirigées par les familles – principalement les mères – de soldats pour faire pression sur le Kremlin, pour leur retour en toute sécurité. Ils sont devenus le principal contact des membres de la famille en larmes à travers la Russie qui ont désespérément tenté de comprendre le sort de leurs fils, frères et maris combattant en Ukraine. Et s’il y a une chose qui peut contrer efficacement le discours du Kremlin sur son recours à la force en Ukraine, c’est la connaissance personnelle de sources d’informations fiables, comme le témoignage de combattants livré à leurs parents. Et ces parents partageront ces connaissances avec leur famille élargie, avec des voisins, avec des collègues et avec des amis.
Un sondage d’opinion publique en Russie a révélé que 72% des Russes de plus de 50 ans soutenaient la guerre en Ukraine. Leur opinion est fortement influencée par la télévision contrôlée par l’État. Et cela coïncide avec le fait que les opinions sur les États-Unis et leurs alliés, qui étaient positives il y a 25 ans, sont devenues négatives ces dernières années avec la menace croissante de l’intégration de l’Europe de l’Est dans l’OTAN.
En revanche, seuls 29 % des Russes de 18 à 24 ans soutiennent la guerre. Ils sont plus influencés par les médias sociaux que par la télévision. Espérons qu’ils se joindront aux personnalités culturelles russes mentionnées ci-dessus dans un mouvement de paix qui peut aider à mettre fin à la guerre.
Le Gabon a présenté officiellement sa candidate au concours ambassadrice internationale de la paix, organisé par l’Organisation Internationale des Jeunes Promoteurs de la Paix (OIJPP).
C’est le siège du Bureau régional des Nations unies pour l’Afrique centrale (Unoca) qui a servi de cadre à cette cérémonie, rehaussée par la présence des représentants de plusieurs organisations des Nations unies, notamment l’UNESCO, l’UNFPA, l’UNOCA et la Coordination du Système des Nations unies au Gabon.
Le concours ambassadrice internationale de la paix est une initiative qui promeut l’excellence du leadership féminin pour faire pérenniser la paix entre les peuples et dans le monde. Elle a pour objectif de promouvoir l’implication de la femme dans les processus de paix et de la cohésion nationale et internationale pour la mise en œuvre effective des résolutions 1325 (femmes, paix et sécurité) et 2250 (jeunes, paix et sécurité) du Conseil de Sécurité des Nations Unies.
L’évènement réunira, le mois prochain au Niger, 24 candidates qui représenteront leurs pays respectifs afin de remporter la couronne finale. Chacune des candidates devrait présenter et défendre, devant un jury international, un projet qui impactera positivement les femmes sur les questions de paix et sécurité dans sa communauté.
Après les phases préliminaires, ponctuées de formations et pré-évaluations des candidates, c’est Mme Tamara Moutotekema Boussamba, jeune entrepreneure, qui représentera le Gabon au cours de cette rencontre panafricaine, dédiée à la culture de la paix.
« Nous sollicitons l’appui des différents acteurs (gouvernement, partenaires au développement, secteur privé) afin de nous aider à mieux accompagner la délégation gabonaise qui devra prendre part à cette rencontre. En marge du concours, il y’a également un sommet international au cours duquel la jeunesse gabonaise devrait apporter sa contribution » a expliqué Jerry Bibang, le Secrétaire Permanent du réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix (PAYNCoP).
Il y a quelques mois, à l’occasion du Sommet Afrique France qui se tenait à Montpellier, la nécessité d’entrer dans une phase de coopération réelle avec les habitants a été enfin évoquée dans un cadre officiel et médiatisé, y compris par le Président Macron, qui a assuré que c’était le cap engagé par la France.
Il est urgent de saisir cette occasion pour faire progresser le projet pacifique : la coopération a besoin d’un objectif commun, et quel enjeu plus évident alors que celui de la Paix ?
En tant qu’enseignante française travaillant avec un collègue de la commune de Tessalit, j’aimerai partager notre expérience afin de démontrer que la coopération n’est pas seulement urgente mais qu’elle est surtout possible y compris dans des zones qui parce qu’elles sont déclarées rouges, se voient désertées par les ONG Internationales institutionnalisées et la plupart des journalistes.
Tessalit se trouve dans la région de Kidal, au nord du Mali. La France est très présente sur place, que se soit avec la force Barkhane, ou au sein de la Minusma, dont les campements sont répartis dans le Nord, le plus souvent assez près des communes, ce qui n’est pas toujours un facteur de protection des civils.
Il ne s’agit pas de mettre en doute l’intégrité des casques bleus mais de nous interroger sur leur capacité d’action sur le terrain sans une coopération internationale claire avec les populations sur place, dont on sait qu’elles sont tout simplement les premières victimes du conflit, conflit dont il serait d’ailleurs temps qu’il soit décrit clairement.
Quelque soit la complexité de la situation, il est important de dire que les populations aussi abandonnées soient-elles par les gouvernements successifs du pays, prennent leur destin en main. Elles le font dans la mesure des conditions matérielles très réduites qui sont les leurs, avec courage et intelligence mais sans notre soutien. La France ne l’ignore pas, qui trouve des collaborateurs efficaces sur place, quand il s’agit de combattre un ennemi pour le moment commun.
En décembre 2018, sur une sorte de coup de tête collectif optimiste, nous avons eu l’idée, avec mes camarades de Tessalit, d’organiser une rencontre entre un groupe de jeunes de mon collège en France et un groupe du même âge, accompagné d’un des rares enseignants d’état présents à Tessalit. (Voir l’article de CPNN de 19 octobre, 2021.) Par chance, mon Chef d’établissement, très sensible à la situation du Sahel, a partagé notre enthousiasme, et a fait installer une web cam et un micro dans ma salle de classe. Avec l’aide de la CPE, nous avons réuni un groupe d’élèves très motivés. De son côté, mon camarade Bakrene Ag Sidimohamed, a convaincu le chef du camp de la Minusma, situé à quelques kilomètres de la ville, d’accueillir le groupe de jeunes, afin qu’ils puissent accéder à une connexion internet et à du matériel permettant l’échange. Et l’aventure a commencé ! D’abord sous la forme de ces échanges réguliers, puis à travers des projets pédagogiques communs, plus ciblés.
L’objet n’est pas de décrire longuement ici notre travail. Ce qui me semble important, c’est d’apporter par notre témoignage, un exemple de ce que cette belle idée de coopération peut produire de miraculeux : c’est après coup, que nous avons pris conscience de ce que nous avions réussi à faire avec des moyens simples, évidents, en conjuguant les efforts, les compétences, les possibilités matérielles des uns et des autres, en France comme au Mali. Les projets qui ont suivis prouvent que la volonté mutuelle est l’ingrédient essentiel d’une coopération, puisque nous les avons réalisés contre vents et marées, et on peut le dire, sans aucun soutien matériel, si ce n’est la mise à disposition de la connexion internet par nos établissements respectifs (mon lycée en France, la Minusma à Tessalit) (pour une description plus précise du projet, cf article 2R3S)
En accueillant les élèves, la Minusma a rempli l’une de ses missions en faveur de la Paix. Les conséquences positives de ce projet en cours sont innombrables mais notre satisfaction se porte surtout sur l’élan de curiosité bienveillante qu’il a provoqué chez les jeunes.
Nous aimerions que cela continue.
Mais la situation en matière éducative de Tessalit est à l’image de ce qui se passe dans la région de Kidal, au Nord du Mali, et bien au-delà, sur une bonne partie de la bande saharo Sahélienne : les écoles publiques n’existent quasiment pas, si ce n’est parfois sur le papier : pas d’enseignants, pas de matériel ou si peu que cela revient à zéro, comme peut en témoigner Issouf Maïga, mon collègue de Tessalit, qui est à peu près seul avec ses plus de 350 élèves, lesquels bien sûr finissent par ne plus venir, si ce n’est pour des projets spécifiques, comme ceux que nous tentons de monter ensemble.
Depuis que j’ai commencé à travailler avec des enseignants et des volontaires de la région de Kidal, je suis touchée par l’engagement incroyable de toute une partie de la population pour faire avancer la cause de l’école. Un peu partout les habitants construisent tant bien que mal des salles de classes, qui ne sont parfois qu’un toit d’herbes sèches pour réunir les enfants à l’ombre. Ils se cotisent pour payer un enseignant qui acceptera cette tâche difficile et dangereuse, qu’il devra affronter la plupart du temps avec un matériel et dans des conditions désastreuses.
L’argument qui consiste à invoquer la dangerosité de la région pour y laisser toute cette jeunesse à l’abandon n’est pas recevable. Il est absolument possible d’aider cette population à sortir de la crise par sa propre force, les associations et ong locales présentes sur place font largement le travail des grands organismes qui ont désertés la région : se sont les intermédiaires naturels des projets de coopération, ceux sur lesquels il est possible de s’appuyer. En s’engageant pour l’éducation de ses enfants, la population de la région montre largement son besoin de Paix. Ils ne veulent plus voir leurs enfants partir faire la guerre.
On peut se demander sincèrement pourquoi depuis tant d’année, la Communauté Internationale n’a pas réussi à faire pression sur les gouvernements pour que l’éducation au Nord soit une priorité.
On peut aussi se demander comment il est possible que malgré la multitude d’appel à l’aide, de demande de subvention, de transport de matériel, rien ne se passe, alors même que nous apportons les gages d’un travail sérieux. La plupart du temps, c’est l’incertitude de la viabilité du projet qui est invoquée pour justifier du refus. Mais l’incertitude ne tient qu’à une série de préjugés sur la capacité et la volonté des habitants. Nous jugeons peut-être à l’avance, à l’aune des multiples scandales qui entachent notre propre industrie humanitaire. Pourtant il s’agit ici, d’hommes et de femmes qui veulent assurer un avenir à leurs enfants et par dessus tout, il faut le dire, c’est une chose qui revient souvent, dans les échanges auxquels j’assiste : un avenir de Paix.
L’absence d’éducation est un argument d’asservissement. Concrètement, le travail des enfants, notamment dans l’extraction de l’or, est une des conséquences immédiates de l’absence d’écoles. On peut alors se demander si réellement, l’éducation est une priorité logique, puisqu’il n’est plus nécessaire de démontrer ce que le travail des enfants apporte au système en terme de coût très bas des salaires et donc des marchandises.
Cette situation scandaleuse n’est pas récente ni unique.
Les écoles dans le Nord sont fermées depuis 2012, mais la réalité de la région est celle d’un abandon général, et ce qui tient malgré tout, est essentiellement le fruit d’une volonté collective. La communauté internationale n’a pas besoin de chercher midi à quatorze heure éternellement : au Mali, comme au Niger, il y a des jeunes hommes et femmes, qui souvent ont été entravés au beau milieu de leurs propres études par le conflit, et luttent aujourd’hui pour l’éducation de leurs cadets. Il faut simplement s’appuyer sur eux, soutenir les projets qui existent, avec confiance.
Des exemples très concrets à mettre sur la table, nous n’en manquons pas, et au delà des écoles fermées des communes importantes, se pose la question des enfants des populations nomades, une grande partie des habitants de la région, contraints de se sédentariser pour trouver un peu de sécurité. Pouvons nous réellement accepter que ces enfants soient privés d’école, alors même que nous avons signé la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant et que nous parlons de Paix ?
Puisqu’il y a des projets sur place, pourquoi ne pas travailler avec ceux qui les portent ? La question n’est pas d’envoyer des manuels ou des pupitres de temps en temps, mais surtout d’apporter un soutien ciblé à chaque projet, en s’appuyant sur les associations locales et les chefs de communautés. Nous devons accepter un fonctionnement différent du notre dans la gestion du collectif et aider ces peuples nomades dont la liberté semble inacceptable aux yeux des puissants, à former leurs enfants au monde actuel. Sans l’enseignement des langues vernaculaires et des langues véhiculaires, des mathématiques et de la culture, comment imaginer pour ces hommes et femmes de demain, qu’ils pourront aller se former dans les écoles et université, pour revenir, médecin, ingénieur, enseignant, construire la Paix qu’ils appellent de leurs vœux ? Et qui formera sur place les artisans de demain, alors que les familles peinent à se nourrir ? Il faut aider les professionnels sur place à transmettre leurs compétences.
La communauté internationale, les bailleurs, doivent accorder leur confiance sans chercher à reproduire un modèle scolaire occidental qui n’est pas toujours adapté et partir du postulat que les mères et les pères du Sahel souhaitent autant que nous le meilleur pour leurs enfants. Simplement.
Nous avons récemment été touchés par la tribune cosignée par plus de 30 élu(e)s de collectivités française et publiée par Cité Unie France. Tout comme nous ils appellent à une consolidation des liens avec les représentants de la population dans la région. Ces appels démultipliés seront-ils entendus, à l’heure où beaucoup trop de dirigeants sont tentés par les armes ? Pour ma part, je garde l’espoir, portée par le courage de mes amis, et j’espère que mon appel en faveur des écoles sera entendu.
Avec l’Association franco-malienne Tazunt, pour laquelle je m’exprime, nous pouvons faire des propositions très concrètes et sérieuses pour apporter un soutien réel en matière éducative, et nous serons heureux de répondre à vos remarques. Le cri d’appel de la population d’Intescheq doit être entendu, nous le mettons en pièce jointe. Nous ne pouvons plus laisser ces enfants sans aide, la situation devient chaque jour plus critique.