Tag Archives: Europe

France / Réfugiés. Reprise du Procès de Martine Landry, Une Membre d’Amnesty International France et de l’Anafé Injustement Poursuivie pour « Délit de Solidarité »

. TOLÉRANCE & SOLIDARITÉ .

Une communiqué de press de Amnesty International

Ce mercredi 14 février, Martine Landry, militante d’Amnesty International France (AIF) et de l’Anafé (Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers), comparaîtra devant le tribunal correctionnel de Nice. Il lui est reproché d’avoir « facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière ». Elle risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.

AIF et l’Anafé dénoncent la poursuite de personnes dont la seule motivation est de porter assistance aux migrants et réfugiés, sans autre contrepartie que de voir leurs droits respectés.


Photo de Martine Landry from France3

Ni trafiquantes, ni délinquantes, ces personnes, inquiétées, intimidées, poursuivies, défendent avant tout les droits humains. Elles agissent pour protéger les droits des personnes migrantes et réfugiées auxquels les autorités françaises portent atteinte.

Il est urgent et indispensable que la politique du gouvernement français soit réorientée de façon à répondre à l’impératif respect des droits des personnes migrantes et réfugiées qui franchissent la frontière franco-italienne et à la nécessaire protection de celles et ceux qui leur apportent leur aide.
Amnesty International France et l’Anafé réitèrent leur soutien à Martine Landry et seront présentes lors du procès.

Informations complémentaires

Martine Landry est membre d’Amnesty International depuis 2002. Elle est également la référente régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur sur la question des réfugiés et migrants depuis 2011 et chargée d’une mission d’observation en zone d’attente pour AIF. En parallèle, elle participe aux missions militantes de conseil aux demandeurs d’asile et d’accompagnement dans l’accès à leurs droits, missions pour lesquelles elle a bénéficié de plusieurs formations.

Par ailleurs, en dehors de ses activités pour AIF, Martine Landry est engagée au sein de différentes associations locales et nationales pour la défense des migrants et des réfugiés dont l’Anafé.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(cliquez ici pour une version anglaise de cet article.)

Question related to this article:

 

The refugee crisis, Who is responsible?

(. . . suite)

Travaillant avec l’Anafé depuis de nombreuses années dans le cadre de sa mission d’observation en zone d’attente pour AIF, Martine Landry est membre individuelle de l’Anafé depuis 2017. Elle participe activement à la mission d’observation de l’Anafé à la frontière franco-italienne.

Il lui est reproché d’avoir « facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière ». Elle risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende.
Résumé des faits

Le 28 juillet 2017, la police italienne a renvoyé, à pied, deux mineurs isolés étrangers vers la France. Martine Landry les a récupérés au poste frontière Menton/Vintimille du côté français pour les accompagner à la police aux frontières (PAF), munie des documents attestant de leur demande de prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE). Les deux mineurs, tous deux âgés de 15 ans et d’origine guinéenne, ont par la suite été pris en charge par l’ASE.

Le 31 juillet, Martine Landry s’est rendue à la PAF de Menton suite à l’interpellation et au transfert de onze migrants. Ce jour-là, elle se voit remettre une convocation pour une audition le 2 août. Le lendemain, Martine Landry reçoit une convocation du tribunal correctionnel de Nice. Elle devait être jugée le 8 janvier pour « avoir facilité l’entrée de deux mineurs étrangers en situation irrégulière […], en ayant pris en charge et convoyé pédestrement ces deux mineurs du poste frontière côté Italie au poste frontière côté France ». Son audience a été renvoyée au 14 février 2018.

Droit international applicable

Le 29 octobre 2002, la France a ratifié le Protocole contre le trafic illicite de migrants par terre, mer et air, additionnel à la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée. Ce texte définit le trafic illicite de migrants comme « le fait d’assurer, afin d’en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel, l’entrée illégale dans un État […] d’une personne qui n’est ni un ressortissant ni un résident permanent de cet État ».

En posant la condition d’en retirer un avantage financier ou un autre avantage matériel, les auteurs de ce texte ont clairement entendu exclure les activités des personnes apportant une aide aux migrants pour des motifs humanitaires ou en raison de liens familiaux étroits. L’intention n’était pas, dans le Protocole, d’incriminer les activités de membres des familles ou de groupes de soutien tels que les organisations religieuses ou non gouvernementales. Cette intention est confirmée par les travaux préparatoires des négociations en vue de l’élaboration de la Convention des Nations-Unies contre la criminalité transnationale organisée et des Protocoles s’y rapportant (2008), p. 514 – (Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, Travaux préparatoires).

Enquête d’Amnesty International à la frontière franco-italienne « Des contrôles aux frontières du droit. » 

Note de l’Anafé sur le « rétablissement des contrôles aux frontières internes et état d’urgence – Conséquences en zone d’attente. »

France: Quelles mobilisations pour la paix ?

DESARMAMENT & SECURITE .

Un article de L’Humanite

Table ronde avec Paul Quilès, président d’IDN, ancien ministre de la Défense et ancien président de la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, Patrice Bouveret, directeur de l’Observatoire des armements, coanimateur d’Ican France (Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires) et Roland Nivet, vice-président du Mouvement de la paix.


Rappel des faits. Avec l’exacerbation des tensions en Asie, la question de la paix se fait urgente. Dans le cadre de la Journée internationale de la paix, un appel à manifester partout en France le samedi 23 septembre a été lancé par un collectif de plus de 50 organisations.

Un regain des tensions internationales semble pouvoir être ­observé depuis l’intronisation du nouveau président des États-Unis. Cette situation est-elle irréversible ?

Paul Quilès
Donald Trump n’est pas le seul responsable de ce que vous appelez le regain des tensions internationales, même si ses foucades et son attitude changeante et agressive ont tendance à déstabiliser la scène internationale. Au-delà de l’effervescence d’une actualité que les médias nous font vivre minute par minute, il faut replacer les évolutions dans leur contexte sur le long terme. Notre monde multipolaire est traversé de nombreux conflits d’intérêts et d’affrontements potentiels. La diminution des tensions ne peut se faire que s’il existe au niveau international une volonté des grandes puissances de dialoguer, ce qui est inconciliable avec la défiance systématique, l’antagonisme radical et les menaces.

La nouvelle course aux armements à laquelle on assiste vient rendre encore plus difficile ce nécessaire dialogue. Il est regrettable à cet égard que la France, signataire du traité de non-prolifération nucléaire (TNP), ne respecte pas ses engagements et s’apprête à augmenter de façon substantielle le budget de la dissuasion nucléaire. Quant au discours officiel des puissances dotées de l’arme atomique (dont la France), il rejoint de façon étonnante celui du dirigeant nord-coréen, justifiant la possession de cette arme par la nécessité d’assurer la défense des « intérêts vitaux » de son pays ! L’accord négocié il y a deux ans avec l’Iran montre que, même dans un contexte très complexe, une volonté politique bien affirmée et un travail diplomatique persévérant peuvent ouvrir les voies d’un monde moins tourné vers le conflit.

Patrice Bouveret
Le regain des tensions a en effet démarré avant l’arrivée de Trump à la présidence des États-Unis, même si sa manière de gérer les relations de son pays avec le reste du monde a provoqué une accélération de certaines crises en cours. Il faut effectivement sortir du temps court médiatique pour prendre en compte, d’une part, les causes profondes du désordre international actuel – principalement le renforcement des inégalités –, d’autre part, les principales menaces auxquelles nous sommes confrontés, à savoir le dérèglement climatique et les armes de destruction massive. L’histoire nous a appris qu’aucune situation n’est irréversible. Tout dépend de la capacité des différentes sociétés civiles à s’emparer de tel ou tel sujet pour venir bousculer le jeu des États et de leurs dirigeants – sur un plan interne de chaque pays, comme au niveau de la communauté internationale. En cela, l’adoption du traité d’interdiction des armes nucléaires par l’ONU en juillet dernier est un bon exemple de ce que la mobilisation des associations peut obtenir lorsqu’elles se regroupent autour d’un objectif précis et qu’elles trouvent des relais parmi une majorité d’États. L’opposition farouche des puissances nucléaires, les pressions qu’elles ont exercées sur nombre d’États, souligne, s’il le fallait, le choc provoqué par cette évolution.

Roland Nivet
Trump multiplie les décisions irresponsables et contribue à créer un climat de peur permettant de justifier des augmentations colossales du budget militaire des États-Unis, source de profits pour le complexe militaro-industriel. Il sera porté à 600 milliards de dollars en 2018 (+ 54 milliards). Il alimente la course aux armements (1 800 milliards de dollars en 2016 au plan mondial), la militarisation des relations internationales, et perpétue les logiques de domination. La politique de l’Otan d’encerclement de la Russie, la crise coréenne, etc. attisent les tensions. Ces politiques accentuent le caractère incertain et dangereux de la période actuelle. La situation, notamment au Proche et Moyen-Orient, montre que la guerre est toujours un échec, conduit au chaos et engendre des monstruosités comme Daech. Elle n’est jamais la solution. Par contre, la résolution politique de la crise iranienne, la transition pacifique en Colombie, l’adoption à l’ONU d’un traité d’interdiction des armes nucléaires montrent que les solutions politiques sont possibles et que rien n’est irréversible.

L’ONU a voté un traité d’interdiction de l’arme nucléaire, le 7 juillet dernier. Comment sortir de l’ère de la terreur nucléaire ?

Patrice Bouvere
En faisant en sorte que ce traité entre en vigueur et que les neuf puissances nucléaires actuelles – pour rappel, les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, États-Unis, Russie, France, Chine, Royaume-Uni, plus Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord – se retrouvent contraintes d’y participer, non seulement en arrêtant de moderniser leur arsenal – comme projette notamment de le faire la France —, mais également en éliminant de manière contrôlée, transparente et irréversible leurs armes nucléaires. Cela implique bien sûr un changement complet de leur stratégie, qui repose actuellement sur la menace de destruction massive, une stratégie non pas destinée à assurer la sécurité des populations, mais leur domination sur la scène internationale – ou l’« impunité » du régime sur son espace national comme pour la Corée du Nord ou Israël –, au risque d’une destruction totale de la planète ! Or, comme le constatait Mikhaïl ­Gorbatchev au lendemain de l’effondrement du bloc soviétique, « chacun doit assurer la sécurité de l’autre ». C’est exactement le chemin inverse qui est mis en œuvre avec la menace nucléaire et l’augmentation des budgets militaires.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour la version anglaise de cet article.)

Question for this article:

Does military spending lead to economic decline and collapse?

(. . . suite)

Paul Quilès
Il faut pour cela démontrer que l’arme nucléaire ne sert à rien dans les conflits actuels et à venir, qu’elle est en elle-même cause de prolifération nucléaire, qu’elle est très coûteuse et qu’elle est terriblement dangereuse. Le monde a frôlé la catastrophe lors de la crise des missiles de Cuba, en 1962, sans oublier les dizaines d’accidents recensés ou les possibles erreurs d’interprétation qui ont failli conduire au déclenchement du feu nucléaire. Demain, une erreur technique, une cyberattaque, un attentat terroriste pourraient mettre en cause la sécurité mondiale. L’utilisation, même limitée, de l’arme nucléaire aurait des répercussions environnementales catastrophiques sur une partie de la planète, entraînant, par un « hiver nucléaire », la dévastation de l’agriculture, le froid et la famine. Le traité qui vient d’être voté à l’ONU a pour but de délégitimer l’arme nucléaire, comme cela a déjà été fait pour éliminer des armes de destruction massive – biologiques, chimiques –, les mines antipersonnel, les sous-munitions, pour interdire les essais nucléaires et même pour réduire les stocks d’armements nucléaires (passés de 70 000 à la fin des années 1990 à environ 15 500 aujourd’hui). Il est la preuve indiscutable de la volonté d’une majorité d’États de dépasser l’ère de la terreur nucléaire, ce malgré les fortes pressions contraires des États « dotés ».

Roland Nivet
Le traité de l’ONU du 7 juillet affirme que les armes atomiques constituent un risque majeur de catastrophe humanitaire. Il interdit à tout État de s’engager dans le développement, le test, la production, la fabrication, l’acquisition, la possession ou le stockage d’armes nucléaires et interdit tout engagement visant à utiliser ou à menacer d’utiliser des armes nucléaires. C’est un nouveau succès historique à mettre à l’actif des actions qui, depuis les années 1950, ont mobilisé des dizaines de millions de personnes pour l’élimination de toutes les armes de destruction massive, et ce, sans sous-évaluer la détermination du complexe militaro-industriel et des neuf États, qui possèdent au total 18 000 bombes nucléaires (184 États n’en possèdent pas), à retarder sa mise en œuvre. Mais, le principe de l’illégalité des armes nucléaires étant confirmé, c’est le calendrier de leur élimination qui est maintenant à l’ordre du jour. Le registre de ratification du traité sera ouvert à l’ONU le 20 septembre 2017. Il y a urgence à se rassembler dans l’action pour gagner la ratification du traité par le maximum d’États, dont la France, mais aussi le gel immédiat des programmes de modernisation, pour lesquels il est prévu en France de doubler les dépenses consacrées aux armes nucléaires dans les années à venir, alors que tant de moyens manquent pour la satisfaction des besoins sociaux (santé, éducation, emploi).

Quel peut être le rôle des mobilisations populaires dans l’imposition de la paix comme finalité des relations internationales ?

Patrice Bouveret
La guerre est avant tout le résultat d’un choix politique. Donc, il est évident que les mobilisations des différentes sociétés civiles, l’établissement de solidarités fortes entre elles, sont primordiales. Reste à définir ce qu’on entend par le mot « paix » ! Car on assiste à une pacification globale de nos sociétés. Le nombre de morts du fait des conflits armés est en diminution. Sauf qu’en parallèle, le nombre de migrants, la violence qu’ils subissent explosent ; les catastrophes climatiques entraînent des conséquences humaines dramatiques de plus en plus importantes, pour ne prendre que les deux exemples les plus criants… Sauf que cette pacification s’opère avec un renforcement de la militarisation de nos sociétés, au travers du développement notamment de différents outils de contrôle social, de la réduction des libertés individuelles, etc.

La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais doit s’accompagner de liberté et de justice sociale. Elle doit être partagée par chacun de nous, quel que soit l’endroit de la planète où nous habitons. C’est bien tout l’enjeu du traité d’interdiction des armes nucléaires qui concerne le droit des États non dominants à dire précisément le droit, un droit contraignant pour tous.

Roland Nivet
Une convergence mondiale de forces pour la paix se met en place par la conjonction de la mobilisation des peuples (syndicats, ONG, parlementaires, maires, Croix-Rouge internationale, mouvements féministes, pacifistes et de défense de l’environnement, associations de défense des droits humains, forums sociaux…) avec l’action des Nations unies. C’est cette convergence qui a gagné le traité d’interdiction et s’attache à bâtir la paix à travers des projets comme la culture de la paix et les objectifs du développement durable (ODD). C’est dans ce contexte que s’est construit en France le collectif En marche pour la paix, incluant plus de 120 organisations diverses qui agissent pour les droits humains, contre le racisme et la xénophobie, pour l’égalité hommes-femmes, pour la diminution des dépenses d’armement, pour l’éducation à la paix, pour faire face à l’urgence climatique. Dans cette dynamique, 53 organisations de ce collectif ont coécrit un livre blanc pour la paix, qui formule des propositions alternatives concrètes pour une politique de paix. Ce livre blanc entend être un outil au service du débat et de la mobilisation populaire de tous ceux qui entendent se rassembler pour que le droit de chacun à la paix et à une sécurité humaine soit la finalité première des relations internationales. Estimant « qu’aucune de nos différences de convictions, d’appartenance ou de sensibilités philosophiques, politiques, religieuses, syndicales ou autres ne doit faire obstacle à l’expression de notre volonté commune de vivre en paix dans un monde de solidarité, de justice et de fraternité », ce collectif appelle, dans le cadre de la Journée internationale de la paix, à organiser, partout en France, le samedi 23 septembre, des marches pour la paix pour exprimer cette volonté commune. Ces marches contribueront aussi à la vague mondiale pour la paix lancée le 6 août 2017 à Hiroshima

Paul Quilès
Cette mobilisation serait souhaitable et certainement efficace, même si les dirigeants n’écoutent pas toujours le peuple ! Encore faudrait-il que celui-ci puisse s’exprimer et qu’on lui donne les éléments d’information lui permettant d’apprécier ce qui se passe quand un conflit prend de l’ampleur. Par exemple, les déclarations alarmistes et parfois caricaturales autour du dossier coréen n’aident pas à comprendre l’origine lointaine de l’affrontement entre la Corée du Nord et les États-Unis, les intérêts en présence, le rôle de la Chine. En suggérant des réponses de nature guerrière (le bombardement des sites nucléaires coréens), en évoquant l’hypothèse d’une 3e guerre mondiale ou en faisant croire que la France pourrait être à la merci d’un tir de missile coréen, on cherche à prouver à l’opinion publique qu’il n’y a pas d’autre réponse que militaire, ce qui est inexact.

De l’Europe aux Etats-Unis, ces villes qui s’opposent à leurs gouvernements pour mieux accueillir les migrants

TOLÉRANCE & SOLIDARITÉ .

Un article par Rachel Knaebel pour Bastamag

Aux Etats-Unis, des centaines de municipalités ont fait le choix de ne pas contribuer à la chasse aux sans-papiers lancée par Donald Trump. En Europe, des communes s’engagent pour un accueil digne des migrants. « Villes sanctuaires », « villes refuges »… De l’Italie à la Grande-Bretagne, de Barcelone à Grande-Synthe, ces communes tentent de se constituer en véritables contre-pouvoirs face aux politiques indignes et xénophobes.


Photo : Manifestation LGBT de solidarité avec les réfugiés à Londres, en juin 2016 / CC Alisdare Hickson

A peine élu président des États-Unis, Donald Trump adoptait un décret pour couper les fonds fédéraux aux centaines de municipalités qui ont critiqué sa politique anti-migrants. Face au programme de Trump, à sa volonté d’expulser manu militari les sans-papiers quel que soit le nombre d’années de résidence, et à son souhait d’ériger un mur à la frontière mexicaine, de nombreuses villes se sont rapidement déclarées « villes sanctuaires ». Ces municipalités « ont adopté des politiques qui promettent de protéger et de servir tous leurs résidents, quel que soit leur statut migratoire », explique la puissante association American Civil Liberties Union (l’Union américaine pour les libertés civiles, ACLU).

Dans les faits, ces villes refusent de coopérer avec les forces de l’ordre fédérales, lorsque celles-ci leur demandent de mettre des sans-papier en détention. Elles n’exigent pas forcément de leurs habitants de produire un certificat de naissance ou de séjourner légalement pour accéder aux services publics locaux. Certaines municipalités sanctuaires décident même de reconnaître comme valables sur leur territoire des papiers d’identité non états-uniens ou de distribuer leurs propres papiers d’identité municipaux à tous leurs résidents, quelle que soit leur nationalité.

De New York à Milan, en passant par Barcelone

Les métropoles parmi les plus importantes des États-Unis, comme New York, Los Angeles, Chicago, Boston ou Washington, ont adopté cette position. Et n’ont pas perdu la bataille face à Donald Trump, puisqu’un juge fédéral a bloqué en avril dernier le décret du président qui voulait leur couper les vivres.

En Europe aussi, confrontée à une crise historique de la gestion des migrations, des collectivités locales prennent le contrepied de la politique de fermeture menées par les États de l’Union européenne. Quand la plupart des gouvernements européens misent sur une gestion sécuritaire et des accords avec des pays aussi peu démocratiques que la Libye et la Turquie, (lire notre article Les envoyer en détention ou les livrer à une dictature : voilà comment l’Europe « délocalise » ses réfugiés), à Milan, le 20 mai dernier, 100 000 personnes ont manifesté à l’initiative du maire de gauche de la ville pour promouvoir l’accueil des migrants.

En février, c’était la maire de Barcelone Ada Colau, alliée du parti Podemos, qui appelait à une manifestation pour l’accueil des migrants. Là aussi, plus de 100 000 personnes ont répondu présentes. La capitale catalane a aussi initié un réseau international de villes engagées dans l’aide et l’accueil des migrants, Solidarity Cities (villes solidaires). Une impulsion également destinée à pousser le gouvernement espagnol à accélérer l’accueil des réfugiés arrivés en Europe, et qui devaient être relocalisés vers l’Espagne.

Crise du modèle d’accueil italien

« Il faut faire la différence entre les réseaux de villes solidaires en Europe et le mouvement de villes sanctuaires aux États-Unis, souligne cependant Filippo Furri, cherchceur membre du réseau Migreurop et doctorant à l’université de Montréal. En Europe, les municipalités se constituent en ville-refuge sur la question de l’asile. Aux États-Unis, le mouvement s’est plutôt construit pour protéger des personnes qui retombent dans l’irrégularité administrative après avoir déjà vécu un moment dans le pays. »

Filippo Furri connaît bien le cas italien, en particulier celui de Venise : « Avec les guerre des Balkans dans les années 1990, il y a eu une vague de réfugiés. À Venise, un élan de solidarité citoyenne et associative s’est joint à une volonté politique pour organiser un accueil digne. Un système d’accueil organisé s’y est mis en place dans la foulée, au début des années 2000. Venise est devenue une sorte de prototype du système d’asile qui s’est développé ensuite en Italie, et qui est en train de péricliter avec la situation d’urgence actuelle. »

Aux côtés de la Grèce, l’Italie est l’un des deux principaux pays d’arrivée pour des centaines de milliers de personnes qui débarquent chaque année en Europe par la mer, pour y chercher l’asile et la sécurité. Plus de 360 000 personnes sont arrivées par la mer Méditerranée en Europe en 2016. Plus de 98 000 depuis le début de l’année 2017 (plus de 2000 personnes migrantes sont déjà mortes en mer Méditerranée cette année [2]). L’Italie est donc l’un des pays qui doit gérer en urgence et en grand nombre l’accueil des migrants, en plus des sauvetages en mer. Début juillet, son gouvernement a appelé à l’aide les autres pays européens pour faire face aux nécessité de prise en charge des nouveaux arrivants. Mais loin de prendre le parti de l’hospitalité, Rome a aussi menacé dans le même temps de fermer ses ports aux migrants.

(L’article se continue à droite.)

(Cliquez ici pour une traduction en anglais

Question for discussion

The refugee crisis, Who is responsible?

(L’article se continue de la gauche.)

Aide au développement face à des États défaillants

« L’Italie, comme la Grèce, est en train de devenir un véritable territoire de rétention, déplore Filippo Furri. Il y existe des formes d’hospitalité et d’accueil dans la société civile. C’est une réponse face à une gestion de la part des États qui vise avant tout à contrôler les flux, à trier les gens, et à disperser les centres d’accueil en les imposant aux collectivités locales. Il y a conflit entre l’accueil local des municipalités, et le contrôle étatique. » De la même manière que des ONG prennent le relais des États et des autorités européennes pour sauver des vies en mer Méditerranée, des communes italiennes s’organisent pour faire ce que l’État italien refuse : organiser un accueil digne, et favoriser les échanges entre la population locale et les nouveaux arrivants.

Le réseau des « Communes de la terre pour le monde », fondé en 2003 en Italie, réunit aujourd’hui plus de 300 municipalités de tout le pays. L’association organise par exemple un festival interculturel à Riace, village de Calabre devenu l’un des points d’entrée de nombreux migrants dans l’UE (voir notre article Ces villages qui choisissent tant bien que mal d’accueillir les migrants). L’association de communes mène aussi des projets de solidarité internationale, comme un projet de développement de l’énergie solaire au Sahel. « Le réseau Recosol est organisé sur une logique de solidarité qui dépasse la question des migrations, précise Filippo Furri. C’est un réseau d’entraide entre communautés locales. »

Se constituer en associations de solidarité, au delà du seul objectif de gérer l’urgence, voilà ce qui fait sûrement la spécificité des réseaux des villes-refuges face aux politiques migratoire des États. « L’État laisse en partie seules les municipalités italiennes pour l’organisation de l’accueil des migrants. Ce sont les municipalités qui organisent le logement, les cours de langue et l’intégration locale, expliquent les coordinateurs du réseau de communes Recosol. La politique du gouvernement italien souffre de l’absence d’une vision globale et d’un plan national pour l’accueil et l’intégration des migrants. Ce sont donc les associations et les citoyens, sur le territoire, qui font la différence. »

City of Sanctuary au Royaume-Uni

En Grande-Bretagne aussi, des citoyens et des communes prennent le contrepied de la politique xénophobe du gouvernement conservateur. « Le réseau City of Sanctuary a été créé à Sheffield, en 2005, par un petit groupe de personnes qui voulaient mieux accueillir les réfugiés », explique Forward Maisokwadzo, porte-parole de ce réseau britannique. Le maire de cette ville de 500 000 habitants du nord de l’Angleterre avait pleinement soutenu l’initiative, et pris l’engagement public d’accueillir les demandeurs d’asile et réfugiés dans sa ville. « Puis le mouvement est devenu très important, en terme de nombre de personnes et de communes impliquées. Il compte aujourd’hui une centaine de municipalités. L’idée est de travailler avec tout le monde : les citoyens, les associations, les autorités locales. »

Pour le mouvement City of Sanctuary, la clé de l’accueil est dans ce travail collectif. « Les actions menées par le mouvement varient selon les endroits. Elles peuvent par exemple consister à sensibiliser les gens à la question de l’accueil des demandeurs d’asile, précise Forward Maisokwadzo. À Bristol, la ville s’est attaquée au problème du dénuement des demandeurs d’asile, qui reçoivent très peu de soutien financier et n’ont pas le droit de travailler pendant l’étude de leur demande. Une douzaine d’autres villes se sont engagées sur la question. Leur travail est aussi de pousser le gouvernement à se pencher sur ce problème. »

« La France n’est pas dans une démarche d’accueil »

Et en France ? Il y a bien l’exemple de Grande-Synthe, une ville du Nord de 20 000 habitants, où la municipalité a pris le parti de l’accueil des migrants en route vers l’Angleterre (voir notre article Conjuguer accueil des migrants, écologie et émancipation sociale : l’étonnant exemple de Grande-Synthe), notamment en construisant avec Médecin sans frontières un centre d’accueil permettant des conditions de vie décentes (repris en main par la préfecture, le centre a été détruit par un incendie en avril dernier). Des citoyens s’engagent aussi évidemment, de Calais à la frontière italienne, et se trouvent parfois traîné en justice pour « délit de solidarité » (lire notre article À la frontière franco-italienne, les habitants de la vallée de la Roya risquent la prison pour avoir aidé les migrants).

À Paris, où des milliers de migrants débarqués dans la capitale se retrouvent à la rue sans aucune prise en charge et harcelés par la police, la maire Anne Hidalgo a annoncé l’ouverture d’un premier centre d’accueil en mai. Le centre a ouvert six mois plus tard. Prévu pour 500 personnes, il est pourtant sous-dimensionné et saturé en permanence. Selon l’association France Terre d’asile, plus de 1000 personnes migrantes dormaient encore à la rue début juillet à proximité du centre d’accueil. L’association Gisti (Groupe d’information et de soutien aux immigrés) a aussi dénoncé les violences policières dont sont victimes les migrants dans les files d’attentes du centre. Malgré des initiatives bien réelles mais dispersées (lire ici notre article), « la France n’est pas dans une démarche d’accueil », regrette Filippo Furri. Les villes française prendront-elles le relais d’un État défaillant ?

(Merci à Kiki Chauvin, la reporter de CPNN pour cet article)

Grenoble, France : Ecole de la Paix

. PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE .

Discours par Matthieu Damian, Director de l’Ecole de la Paix au Forum mondial sur les violences urbaine et éducation pour le vivre ensemble et la paix, Madrid, Avril 2017,

A Grenoble nous avons commencé il y a plusieurs années un projet d’éducation à la paix dont l’objectif est d’accompagner les jeunes grenoblois tout au long de leur scolarité à devenir des citoyens engagés et responsables. Puisque je n’ai que 5 minutes, je vais aller directement aux 6 grands point de ce programme.

Tout d’abord, nous faisons un diagnostic du territoire dans lequel nous intervenons. Nous intervenons dans des quartiers compliqués de la ville de Grenoble, où il y a du chômage, où il y a de la violence urbaine etc… Nous allons voir les écoles, les collèges, les lycées les centres socio éducatifs pour leur demander quels sont leurs besoins. Nous n’arrivons pas avec nos solutions, nous demandons d’abord quels sont les besoins.

Ensuite, nous avons cette volonté associative de travailler dans ces différents quartiers sur la durée parce que rien de grand ne peut se faire sans la durée.

Troisièmement, nous proposons un certain nombre d’outils pédagogiques de l’École de la Paix qui sont basés sur ce qu’on appelle des images mentales.

Dans le dessin animé de Pixar, Vice Versa, on parle de 5 grandes émotions : la peur, la colère, la joie la tristesse et le dégoût. On peut voir que les personnages ont pour chacune de ces émotions beaucoup de souvenirs associées, positifs ou négatifs qui sont autant d’images mentales. .

A l’École de la Paix, nous proposons un certain nombre d’image mentale en faveur du vivre ensemble.

(Cliquez ici pour l’article en anglais. )

Latest Discussion

How can culture of peace be developed at the municipal level?

Les images mentales, qu’est ce que c’est ? Ça peut être un conte, une attitude, des actions en faveur de la paix ou évidemment en faveur de la violence. Le présupposé de la logique de l’école de la paix c’est de proposer un certain nombre d’outils pédagogiques en faveur de la paix, pour qu’au moment où l’enfant ou l’élève doit prendre une décision, il aille chercher dans son trésor intérieur et choisisse les images mentales dont il est pourvu pour prendre une bonne décision.

En revanche, on sait que si l’enfant a des images mentales négatives, il sera plus amené à prendre des mauvaises décisions. D’où l’importance de répéter régulièrement des images mentales positives et de les incarner si possible. Car si vous avez des personnes qui parlent d’images mentales positives et qui ne les incarnent pas, il y a évidemment un problème.

Le quatrième aspect est un proverbe africain,« il faut tout un village pour éduquer un enfant ».

L’école de la paix ne réussira pas seule, nous ne sommes pas des magiciens. On fait donc intervenir des juges, des policiers, des pompiers, pour que dans ces endroits où la puissance publique est de moins en moins respectée pour différentes raisons, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, on réinstaure un dialogue entre les pouvoirs publics et certains jeunes. Par exemple, quand le policier arrive en classe, très souvent, les élèves sont dans une attitude corporelle négative, avec le corps penché en arrière. A la fin de l’intervention, leur corps est beaucoup plus penché en avant. Alertes, les enfants sont beaucoup plus à l’écoute et il y a des mains qui se lèvent.

Ça ne change pas tout, évidemment, mais ça contribue à jouer le rôle de société civile.

Cinquième aspect, nous intervenons non pas seulement dans les écoles mais aussi dans des centres socioculturels le mercredi après midi pour redoubler les messages que nous avons passé dans les écoles, parce que la pédagogie, c’est la répétition.

Enfin, nous essayons d’inclure les parents dans notre action. Pour ce faire, on les invite à nos actions via du théâtre forum dans lequel leurs enfants jouent des rôles sur lesquels ils réagissent sur la citoyenneté ou pas. On se rend compte via le théâtre forum que c’est souvent les enfants qui posent problème qui ont eut même les solutions pour le « vivre-ensemble ». Donc ça c’est vraiment quelque chose d’assez génial que que de pouvoir dire à l’enfant qui pose problème « tu poses problème mais tu as aussi la solution, donc montre le nous » et très souvent, ils jouent le jeu avec beaucoup d’envie.

France: Pierre Rabhi décoré de la Légion d’Honneur

. . DEVELOPPEMENT DURABLE . .

Un article par Auguste Bergot pour La Relève et la Peste

Ségolène Royal a remis à Pierre Rabhi les insignes de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur, récompensant ainsi le parcours hors normes d’un véritable humaniste qui a consacré sa vie au développement de l’agriculture écologique et à la diffusion d’une éthique de vie prônant la « sobriété heureuse ». Retour sur le parcours de ce paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne.


Parcours de vie

Pierre Rabhi est né en 1938 à Kenadsa en Algérie. Après avoir passé sa jeunesse à Oran avec sa famille d’adoption, il part à Paris au moment où la Guerre d’Algérie éclate. Il nourrit alors avec sa femme Michèle le rêve de sortir de la vie urbaine pour adopter un style de vie rural et se tourner vers l’agriculture. Ils se rendent donc en Ardèche, avant la grande vague du mouvement néo-rural de la fin des années 1960, où Pierre Rabhi s’inscrit dans une Maison familiale rurale pour être formé. Il se lance dans l’élevage caprin en refusant le modèle productiviste pour y préférer une méthode expérimentale d’agriculture biodynamique, une méthode consistant à considérer tout domaine agricole comme un organisme vivant le plus autonome et diversifié possible liant les rythmes lunaires et planétaires à l’activité agricole. Devenant à son tour formateur, il fonde en 1985 un centre de formation en agroécologie à Gorom-Gorom au Burkina Faso puis étend la mise en place de programmes de sensibilisation et de formation sur tout le continent africain et plus particulièrement là où la terre est la plus ingrate.

En 1994 il crée l’association « Les Amis de Pierre Rabhi », qui sera renommée successivement « Terre & Humanisme » et « Mouvement Colibri » dont la mission est « d’inspirer, relier et soutenir tous ceux qui participent à construire un nouveau projet de société ». Il a par ailleurs publié une vingtaine d’ouvrages parmi lesquels Vers la sobriété heureuse, L’Agroécologie, une éthique de vie ou encore La puissance de la modération. Ceux-ci appellent à « l’insurrection des consciences » pour humaniser la mondialisation, fédérer l’humanité autour du retour à la terre et sortir du mythe de la croissance indéfinie.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour la version anglaise de cet article)

Question for this article:

What is the relation between peasant movements for food sovereignty and the global movement for a culture of peace?

(. . . suite)

« Fertiliser les consciences »

Après avoir consacré sa vie à diffuser un modèle alternatif et proposer de nouveaux chemins de pensée, Pierre Rabhi a été décoré jeudi 23 mars de la plus haute décoration honorifique française récompensant les citoyens ayant rendu des « mérites éminents » à la Nation. Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer, a souligné dans un discours élogieux son « refus de la servitude volontaire » l’ayant conduit à inventer, produire et surtout « fertiliser les consciences ». Elle rappelle également les termes que Pierre Rabhi a lui-même utilisé pour parler de sa profession et qui résument bien le chemin qu’a voulu suivre et enseigner celui-ci : « l’agriculteur installe une concorde entre la terre et lui-même, il façonne la vie, il n’asservit rien, il est libre en se pliant aux lois de la nature ».

Pierre Rabhi l’humaniste

Fidèle à sa volonté de fertiliser les consciences, Pierre Rabhi a insisté dans son discours sur le rôle crucial de l’éducation. Regrettant l’esthétisation des guerres et des conquêtes, ainsi que « la dualité et la compétitivité » qui régissent notre système scolaire, il plaide pour une éducation qui se fasse « dans la solidarité ». Faisant le constat d’une « humanité en désarroi par rapport à la suite de l’histoire » il milite pour que « l’humanité se reconnaisse comme telle », une et solidaire, engagée ensemble sur son arche originaire. La justesse de son discours est, comme toujours, source de méditation, mais aussi d’espoir.

(Merci a Kiki Chauvin, le reporter pour cet article.)

France: Ces paysans qui ont racheté un Lidl supermarché

. . DEVELOPPEMENT DURABLE . .

Un article de Jeunes Agriculteurs

Cœur paysan, c’est le projet ambitieux de 35 agriculteurs qui se sont regroupés pour vendre directement leurs produits. Leur magasin est à Colmar, dans un ancien Lidl. Tout un symbole.


Colmar, le 6 décembre 2016. La brume persistante accentue un froid déjà mordant. Mais les occupants du 82-84, route de Neuf-Brisach n’ont pas froid. Dans cet ancien supermarché Lidl, fermé il y a plus de deux ans, on s’affaire dans l’effervescence et la bonne humeur. On coupe de la viande, on place des fromages dans les vitrines, on colle les dernières étiquettes… « On», ce sont les 35 producteurs du cru qui ont investi les murs pour commercialiser leurs produits en direct. L’ouverture en avant-première est prévue pour 15h.

Exit Lidl, donc, place à Cœur paysan. Tout un symbole ! Colmar, 70 000 habitants, a enfin son magasin de producteurs. Les locavores peuvent y acheter fruits et légumes, fromages, produits laitiers, viande, pain, etc. Les agriculteurs eux-mêmes assurent la vente, à raison d’une demi-journée de permanence par semaine. Un fonctionnement classique pour un magasin de producteurs. Ce qui l’est moins, c’est l’ampleur du projet, qui a nécessité 1,5 M€ d’investissements. Car il a fallu rénover le local, acheter du matériel (vitrines, caisses, etc.), investir dans la communication. Dès son ouverture, le magasin emploie six personnes.

Meilleure valorisation. Avec 35 exploitations, Cœur paysan offre une gamme qui va du gibier aux thés en passant par les escargots ou la truite fumée. Un atout pour parvenir à l’objectif ambitieux que s’est fixé le groupe: réaliser un chiffre d’affaires de 2,5 M€ par an. «Le noyau dur du groupe, c’est une équipe d’entrepreneurs», lance Nicolas Guibert, en faisant goûter son fromage de chèvre bio produit à Linthal, à 35km de là. «Le plus dur c’est de trouver une équipe », résume-t-il, jovial. Le groupe en question s’est réuni et a travaillé très vite : le projet a abouti en huit mois, contre deux ans en général pour ce type de magasin.

Trente des fournisseurs sont désormais actionnaires de la SAS Cœur paysan, qui gère le point de vente. L’investissement – financier et en temps (permanences de vente) – varie selon le chiffre d’affaires espéré par chaque producteur. Six des actionnaires ont acheté le bâtiment, via une SCI. « Nous voulions absolument être indépendants, précise Denis Digel, président de la SAS Coeur paysan. C’est à nous de prendre notre destin en main.» Initiateur du projet, il est aussi président de la coopérative des maraîchers de Sélestat. C’est « l’envie de proximité avec les consommateurs » qui a guidé ce responsable syndical. Un rapprochement synonyme de meilleure valorisation, car « nous, les producteurs, ne tirons pas nos marrons du feu !», insiste-t-il.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour la version anglaise de cet article)

Question for this article:

What is the relation between peasant movements for food sovereignty and the global movement for a culture of peace?

(. . . suite)

Bataille de l’image. Entre le riesling du domaine Rieflé et la bière de la brasserie Saint-Alphonse, une affiche proclame: « Derrière chaque produit, il y a un producteur.» Car, au-delà de la valorisation des produits se joue aussi la bataille de l’image. Dans cette lutte, les agriculteurs disposent d’une carte maîtresse : « Les consommateurs veulent voir le producteur, le toucher», souligne Denis Digel. Les enseignes de distribution l’ont bien compris, comme Intermarché, qui se revendique « producteur-commerçant ». « On nous pique notre savoir-faire et on l’exploite à notre place !», s’emporte le maraîcher de Sélestat. Avec Cœur paysan, les agriculteurs répliquent à leur façon. Moderne et rustique, l’identité visuelle de Cœur paysan, élaborée par une agence de communication, se décline largement dans le magasin, sur les habits des vendeurs et sur Internet. Dès l’entrée du magasin, les clients tombent sur un grand panneau présentant tous les producteurs.

Forcément, une telle initiative dérange. À ceux qui l’accusent de faire de l’ombre aux grandes surfaces, Denis Digel rétorque: « Nous répondons à une nouvelle demande que la grande distribution n’est pas capable de satis- faire.» Avant d’ajouter: « Il y a une place à prendre en Alsace.» La preuve avec Fabien Barre. Ce jeune éleveur installé en 2014 cherchait un nouveau débouché sécurisé pour ses fromages de chèvre bio. Pour cet agriculteur hors cadre familial, le magasin présente l’avantage « de ne pas faire de concurrence aux chevriers déjà présents sur le marché». Et correspondait à son souhait de « proposer directement aux consommateurs des produits fermiers, locaux, à un prix correct.»

Installé à Soultzeren, Fabien transforme l’intégralité du lait produit par ses 60 chèvres, ce qui lui permet de fixer lui-même ses prix. Son objectif ? « 10 à 20% de mon chiffre d’affaires à Cœur paysan, ça serait pas mal. Le magasin pourrait ainsi prendre le relai d’un des trois marchés sur lesquels je suis présent.» Car entre la transformation et la vente, « je fais de moins en moins mon métier d’éleveur», regrette Fabien. C’est pourquoi il envisage d’embaucher quelqu’un. Car le jeu en vaut la chandelle: « Un projet comme ça, j’en aurai un seul dans ma carrière, je ne voulais pas rater l’opportunité.»

(Merci a Kiki Chauvin, le reporter pour cet article.)

LuxLeaks: L’affaire et l’actu en Luxembourg

LIBRE CIRCULATION DE L’INFORMATION

Extraits du site Web pour Support Antoine Deltour

LuxLeaks, c’est la révélation de centaines d’accords fiscaux entre le fisc luxembourgeois et des multinationales, confirmant un système d’optimisation fiscale à grande échelle. C’est aussi le nom de l’enquête journalistique menée par l’International Consortium of Investigative Journalism (ICIJ), à partir de ces documents.


Me Philippe Penning, Antoine Deltour, et Me William Bourdon © Comité de soutien à Antoine Deltour – CC BY-SA 4.0
Cliquez sur l’image pour l’élargir

L’affaire a causé une belle déflagration et de multiples réactions d’indignation à travers le monde. En portant le sujet des “tax rulings” jusque dans les instances de gouvernance internationales —comme le G20 ou la Commission Européenne–, LuxLeaks a favorisé des discussions qui peu à peu conduiront à une meilleure justice fiscale.

Antoine Deltour est le lanceur d’alerte à l’origine de la révélation d’une grande partie des documents des LuxLeaks. Antoine est aujourd’hui poursuivi devant la justice luxembourgeoise. Il a besoin de votre soutien ! En savoir plus, sur Wikipédia.

Procès en appel : Cinquième et dernière audience

LuxLeaks s’est terminé ce lundi 9 janvier par les répliques, dernière occasion donnée à l’avocat général, à la partie civile, puis à la défense, de répondre aux plaidoiries. Une quarantaine de Lorrains avaient fait le déplacement, ainsi que quelques soutiens venus d’Allemagne, de Belgique, et du Luxembourg.

Le Premier Avocat Général, M. John Petry, commence sa réplique en reconnaissant à Antoine Deltour et Raphaël Halet leur qualité de lanceurs d’alerte : selon lui, « l’intérêt public ne donne pas lieu à interprétation ». Malgré cela, semblant chercher par tous les moyens à justifier une condamnation d’Antoine, il estime qu’ils « ne peuvent bénéficier d’une protection totale » car ils ne rempliraient pas tous les critères établis par la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme. John Petry reproche en particulier à Antoine de ne pas avoir été « animé de l’intention d’un lanceur d’alerte » au moment de la copie des documents. Considérant ensuite le préjudice causé, l’Avocat Général affirme que « la fin ne justifie pas les moyens » : l’« opération LuxLeaks » aurait « mis au pilori les professionnels et les clients concernés » et serait donc disproportionnée au regard de son intérêt public. C’est apparemment uniquement le caractère massif et public des révélations qui semble gêner John Petry, qui va jusqu’à affirmer que « si les documents n’avaient été utilisés que pour l’émission Cash Investigation, on pourrait sérieusement discuter d’un acquittement » !

Concernant Raphaël Halet, l’Avocat Général estime simplement que les documents qu’il a copiés seraient « peu pertinents », et que leur divulgation « n’était pas une nécessité ». L’acquittement ne serait donc pas justifié.

Enfin, à propos du journaliste Édouard Perrin, l’Avocat Général se dit « très gêné » par un appel qu’il ne juge « pas justifié ». Reconnaissant que « la poursuite d’un journaliste dans une société démocratique devrait être une exception », il demande – sans surprise – l’acquittement d’Édouard Perrin.

Me Hansen, avocat de la partie civile PwC, maintient sa position : d’après lui, « la défense veut faire croire qu’une conception individuelle de la morale est une justification de la violation de la loi ». Il tente ensuite de contester l’utilisation par la défense d’Antoine de la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme, réaffirmant que ce dernier n’avait « pas l’intention de lancer l’alerte au moment du vol des documents ». Me Hansen estime en outre qu’Antoine « n’a donné aucun poids aux intérêts de son employeur ». Il considère que le préjudice causé à son client représente « plusieurs milliers d’heures de travail perdues », et que si le chiffre d’affaires de PwC a augmenté, ce serait bien « malgré le vol des documents, et non à cause du vol ».
Quant à Raphaël Halet, la partie civile lui reproche – comme l’Avocat Général – de n’avoir « rien apporté au débat public ».

En conclusion de sa réplique plutôt vindicative, Me Hansen appelle donc la Cour d’appel à confirmer le jugement sur le volet civil et à reconnaître à PwC la qualité de « victime ».

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour la version anglaise de cet article..)

Question(s) related to this article:

Free flow of information, How is it important for a culture of peace?

The courage of Mordecai Vanunu and other whistle-blowers, How can we emulate it in our lives?

(. . . suite)

Réplique des avocats d’Antoine Deltour

Me Philippe Penning, avocat luxembourgeois d’Antoine, commence par rappeler les avancées presque quotidiennes sur la transparence fiscale, qui sont « l’effet de l’affaire LuxLeaks ». Il s’étonne alors : « Et c’est l’hésitation d’Antoine Deltour, et l’efficacité des LuxLeaks, qui le mèneraient à sa perte ? Il y a un sérieux problème ! ». L’avocat luxembourgeois appelle par ailleurs ses compatriotes à éviter tout « réflexe d’auto-protection » ; il affirme que « le Luxembourg, comme il a survécu à la guerre et au choc pétrolier, va survivre à la fin des tax rulings de masse ». L’assistance applaudit.

Me William Bourdon prend ensuite la parole. Reconnaissant des « questions juridiques mieux posées qu’en première instance », il dénonce cependant un « coup de rein intellectuel » utilisé en dernier ressort pour « accrocher le scalp judiciaire d’Antoine Deltour ». Il conteste énergiquement la nécessité d’ajouter un « critère de détermination » pour justifier de la bonne foi du lanceur d’alerte, estimant même qu’une telle jurisprudence aurait des « conséquences dommageables, terribles, irrationnelles, perverses, et toxiques ! ». Il rappelle d’ailleurs que, plusieurs mois avant la copie des documents, Antoine prouvait déjà son intention en appliquant à un commentaire de blog la signature “Insider, peut-être futur whistleblower”. Fustigeant au passage une partie civile qui « rame, péniblement », il ironise sur le soi-disant préjudice en s’étonnant : « Quelle est cette assemblée muette de clients brutalisés ? Pas une pièce n’établit un préjudice ! ».

Me Bourdon conclut en affirmant que « pour être en cohérence avec la jurisprudence de la Cour européenne des Droits de l’Homme, la Cour doit acquitter Antoine Deltour ». Nouveaux applaudissements.

Réplique des avocats de Raphaël Halet

Après une courte suspension, l’audience reprend avec la réplique de Me Bernard Colin, pour la défense de Raphaël Halet. L’avocat reprend largement sa dénonciation de l’illégalité même de la pratique des tax rulings au Luxembourg, avant 2014. Revenant en détail sur la « carence législative » encadrant le fonctionnement du fameux Bureau n°6 de Marius Kohl, Me Colin estime qu’en « confiant les clés à PwC », c’est l’État de droit qui est bafoué. Il appelle à la relaxe de son client.

Me May Nalepa, seconde avocate de Raphaël Halet, souligne quant à elle l’ironie des reproches faits à Antoine sur le caractère massif des révélations, et ceux faits au contraire à Raphaël sur leur manque de substance : « le prochain lanceur d’alerte devra être un sacré équilibriste s’il veut s’en sortir ! ».

Réplique des avocats d’Édouard Perrin

Sans surprise, les avocats d’Édouard Perrin saluent l’Avocat Général qui s’est dit « gêné » par l’appel concernant leur client. Affirmant qu’il serait même « impensable » qu’il soit reconnu coupable des infractions de droit commun, Me Christel Hénon et Me Olivier Chappuis appellent naturellement « une ultime fois » à la relaxe du journaliste.

Les mots de la fin aux prévenus

C’est Antoine Deltour qui prend la parole en premier, confirmant d’emblée sa déclaration de première instance : « j’ai suivi une démarche citoyenne ». Reconnaissant que s’il « n’anticipai[t] pas les répercussions de l’affaire LuxLeaks » – personne ne le pouvait –, Antoine insiste sur le fait qu’il avait « bien évidemment l’intention d’attirer l’attention sur ces pratiques ». Craignant pour son employabilité ou d’éventuelles poursuites judiciaires, il ne « pouvai[t] pas agir avec précipitation ». Quant à la proportionnalité du préjudice causé, il rappelle que les options de divulgation imaginées par l’accusation n’auraient sans doute pas abouti à un intérêt général aussi manifeste.

Antoine conclut alors : « Je ne pourrais pas comprendre une condamnation pour avoir agi en citoyen soucieux de l’intérêt général européen ». Applaudissements soutenus dans la salle.

Raphaël Halet passe à la barre, très incisif : « Ce procès devrait être celui de l’évasion fiscale et des personnes qui l’ont couverte ! ». Après avoir insisté sur le « trou noir » que constituait l’administration de Marius Kohl, il conclut finalement : « Condamner le messager n’a jamais fait gagner une guerre. C’est au contraire la guerre contre l’évasion fiscale qu’on devrait faire ! ».

Édouard Perrin prend finalement brièvement la parole, présentant très humblement ses excuses à Raphaël Halet et Antoine Deltour « pour les avoir entraînés dans cette aventure judiciaire ». Le journaliste tient à saluer les lanceurs d’alerte, qui ont « agi dans l’intérêt général ».

Délibéré le 15 mars

L’audience du jour, très dense, clôt ce procès en appel des inculpés de l’affaire LuxLeaks. Le président de la Cour d’appel, M. Michel Reiffers, annonce la mise en délibéré. L’arrêt sera rendu le 15 mars 2017.

Espérons que les trois inculpés seront acquittés !

De la “jungle” au théâtre, des réfugiés rejouent leur exil vers l’Europe

. TOLÉRANCE & SOLIDARITÉ .

Un article de Culturebox, France Info

Ils sont Soudanais, Afghans et Irakiens et vivaient il y a quelques semaines encore dans la “jungle” de Calais. C’est là qu’ils ont fait leurs débuts de comédiens en participant à un atelier théâtre. De ce travail est née une pièce,”To be or not”. Le récit poignant de leur long et dangereux voyage vers l’Europe. Une pièce qui, espèrent-ils, changera le regard des gens sur les migrants


Video du théâtre

Beaucoup d’émotion ce soir-là dans cette petite salle de Montreuil. Quelques spectateurs retiennent leurs larmes. Face à eux sur scène, une douzaine de jeunes hommes. Des réfugiés qui viennent de jouer leur première pièce de théâtre. L’histoire de leur vie, l’histoire de leur fuite vers l’Europe, et tous les dangers qu’ils ont dû affronter pour espérer avoir une vie meilleure.

L’ignorance et la peur

Après des mois passés dans la “jungle” de Calais, ces hommes sont hébergés dans un centre d’accueil et d’orientation à Croisille près d’Arras. Ils ont donc pu continuer les ateliers théâtre commencés à Calais avec deux jeunes metteurs en scène.

De cette collaboration est né ce spectacle où les apprentis comédiens rejouent leur périple, et bien sûr la traversée de la Méditerranée, entassés pendant plusieurs jours sur des embarcations trop petites, sans eau et sans nourriture, avec la peur constante de chavirer comme des milliers d’autres avant eux.

La guerre, l’exil, l’omniprésence de la mort, et au bout du chemin, un autre obstacle comme le dit très bien Bertrand Degrémont, notre ignorance et nos peurs. En racontant leur histoire, en la partageant, ils espèrent gommer, un peu, ces peurs, et changer le regard des gens sur les réfugiés.

(Merci à Kiki Chauvin, le reporter de CPNN pour cet article)

(cliquez ici pour une version anglaise de cet article.)

Question related to this article:

Chypre peut être le symbole d’espoir dont le monde a besoin, selon le chef de l’ONU

LIBRE CIRCULATION DE L’INFORMATION

Un article du Centre d’Actualités de l’ONU

Une conférence internationale sur Chypre organisée avec le soutien des Nations Unies s’est ouverte jeudi [12 janvier] à Genève, réunissant les dirigeants chypriotes grec et turc dans le cadre d’un dialogue présidé par le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres.


Le Secrétaire général António Guterres avec Nicos Anastasiades, Président de la République de Chypre (à gauche) et Mustafa Akinci, chef de la communauté chypriote turque (à droite) à Genève. Photo ONU/Jean-Marc Ferré
Cliquez sur le photo pour l’élargir.

S’exprimant devant la presse lors d’une pause dans les discussions au Palais des Nations, M. Guterres a dit espérer « une percée », estimant que le peuple de Chypre le méritait et que le monde en avait besoin.

« Nous sommes confrontés à de nombreuses situations de catastrophes. Nous avons vraiment besoin d’un symbole d’espoir. Je crois fermement que Chypre peut être le symbole d’espoir au début de 2017 », a-t-il ajouté.

La conférence réunit pour la première fois non seulement les dirigeants chypriote grec et chypriote turc, mais aussi les puissances garantes – la Grèce, la Turquie et le Royaume-Uni. L’objectif est de réunifier cette île méditerranéenne, qui est divisée depuis 1974.

M. Guterres a rendu hommage à l’attitude affichée par le dirigeant chypriote grec, Nicos Anastasiades, et le chef chypriote turc, Mustafa Akinci, au cours des 20 mois de négociations destinées à réunifier Chypre.

Le Secrétaire général a qualifié la séance d’ouverture des pourparlers de jeudi d’ « extrêmement constructive », mais a ajouté que « nous ne sommes pas ici pour une solution rapide » mais plutôt pour « une solution solide et durable ».

(Cliquez ici pour une version anglaise ou cliquez ici pour une version espagnole

(L’article se continue à droite.)

Question for this article

Can the UN help move the world toward a culture of peace?

(L’article se continue de la gauche.)

À cet égard, la conférence se poursuivra « le temps nécessaire », a-t-il dit, soulignant la nécessité d’un instrument qui réponde aux préoccupations de sécurité des deux communautés.

Mercredi, le Conseiller spécial des Nations Unies sur Chypre, Espen Barth Eide, qui a facilité les pourparlers entre les deux parties, a déclaré que les discussions étaient « sur la bonne voie ».

A la fin de la journée, les participants à la conférence ont publié une déclaration à la presse dans laquelle ils ont félicité M. Anastasiades et M. Akinci pour « les progrès remarquables réalisés au cours des 20 derniers mois dans le cadre des pourparlers ». « C’est grâce à ces efforts qu’il a été possible d’organiser la conférence aujourd’hui », ont-ils ajouté.

Les discussions ce jeudi à Genève ont souligné « l’intention des participants de trouver des solutions mutuellement acceptables sur la sécurité et les garanties qui répondent aux préoccupations des deux communautés », a encore dit le communiqué de presse.

« Les participants ont reconnu que c’est le moment de conclure les négociations. Il s’agit d’une occasion historique à ne pas manquer », a-t-il ajouté.

Berlin: Du pacifisme à la nonviolence

EDUCATION POUR LA PAIX

Un article de Pressenza (repris selon Creative Commons)

Avec le thème : « La réconciliation est l’unique chemin pour parvenir à la paix », ce 1er octobre, veille de la Journée Internationale de la Nonviolence, des centaines de personnes ont réalisé à Berlin un symbole humain de la paix qui s’est transformé en un symbole pour la nonviolence, coïncidant avec la célébration de cette journée internationale dans de nombreux points de la planète.

Ce symbole s’est réalisé dans le cadre de l’IPB2016, à Ernst – Reuter – Platz de Berlin en accord avec la proposition de l’agence internationale Pressenza.

Berlin
Symbole de la paix – Symbole de la nonviolence (Crédit image : Dario Lo Scalzo)

Organisée du 1er au 3 décembre à San José, au Costa Rica, la réunion a regroupé plus de 500 personnes provenant de 18 pays et 34 syndicats de l’éducation d’Amérique latine, ainsi que des invité(e)s internationaux/ales venu(e)s des Etats-Unis, de France, de Norvège et de Suède.

La forme connue du symbole de la paix s’est transformée, à un moment donné, en un symbole de la nonviolence représentant la nécessité d’avancer depuis le champs du pacifisme à celui de la nonviolence, ce qui implique la reconnaissance de différentes formes de violence, non seulement la violence physique dont l’expression maximum est la guerre, mais aussi la violence économique, raciale, religieuse, générationnelle, sexuelle, psychologique, morale etc.

La nonviolence apporte en plus un style de vie quotidien qui se base sur le principe moral universel « traite les autres comme tu voudrais qu’ils te traitent. »

Ces mots, dans la bouche de différentes personnes tant dans leurs âges que dans leurs nationalités, et les images qui accompagnent ces paroles constituent la meilleure explication de cet acte significatif et inspirateur.

Demain, 2 octobre, anniversaire de la naissance de Gandhi, c’est la Journée internationale de la Nonviolence.

« Nous sommes réunis ici, aujourd’hui, pour célébrer la journée de la nonviolence, illuminer l’obscurité du moment actuel avec la simple lumière de nos téléphones portables et avec la force puissante de nos meilleures aspirations.

Il y a beaucoup de gens comme nous dans le monde, des gens qui se battent pour la paix et croient que la violence n’est pas naturelle et peut être vaincue.

(Voir suite sur colonne de droite.)

(cliquez ici pour la version anglaise de cet article ou ici pour la version espagnole.)

Question pour cet article:

Can peace be guaranteed through nonviolent means?

(. . suite)

Nous ne sommes pas seuls sur cette place à Berlin, car, à travers le monde, de nombreux événements ont eu lieu ces derniers jours. Des flash mobs, de la musique, du théâtre, du cinéma, des vidéos, des photos, des cours dans les écoles, des ateliers pour enfants et adultes, etc. Ces événements sont trop nombreux pour pouvoir être tous énumérer maintenant, mais nous souhaitons saluer ici les personnes et les organisations qui élèvent leurs voix pour créer un nouvel humanisme, un moment historique de réconciliation, un climat de paix et désarmement ».

Et maintenant, allumons nos lumières !

A ce moment précis, le symbole vivant de la paix s’est illuminé grâce aux lumières des téléphones, pendant que les personnes réunies ont été invitées méditer…

« Nous sommes réunis aujourd’hui pour envoyer un signe de soutien aux millions de personnes dans le monde qui exigent la paix.

Pour envoyer un signe d’espoir à tous ceux qui vivent en guerre. Pour leur dire que nous ne les oublions pas.

Pour envoyer un signe d’encouragement à ceux qui veulent la paix, mais ne sont pas encore parmi nous.

Pour nous envoyer un signe à nous-mêmes, afin de ne jamais oublier l’importance et la valeur de ce que nous faisons.

Pour envoyer un avertissement à ceux qui alimentent guerres et violence, afin qu’ils sachent que nous ne dormons pas.

Afin qu’ils sachent qu’une nouvelle culture de la paix et de la nonviolence est en train de naître ».

Et avec le symbole de la nonviolence nouvellement configuré, une nouvelle méditation a ensuite été proposée :

« Si nous sommes là aujourd’hui c’est pour dénoncer la déshumanisation, l’oppression et la violence sous toutes ses formes – raciale, religieuse, environnementale, économique, physique, sexuelle, psychologique et morale.

Nous nous rebellons contre l’enchaînement à une culture mécanique de ressentiment, de culpabilité et de vengeance, et lançons une révolution non-violente, internationale, personnelle et sociale.

Nous n’accepterons pas un futur fermé pour l’être humain et pour notre planète.

Nous exigeons le droit de tout être humain à être heureux et libre. Libre de contraintes externes et internes, libre de douleur et souffrance.

Alors, en connectant avec l’être qui est en nous, inspirons depuis le plus profond de nos coeurs en demandant de vaincre la violence. Et, depuis le plus profond du coeur, nous nous engageons ici à donner le meilleur de nous-mêmes pour construire une culture de paix et de nonviolence, en recherchant ce qui nous unit, en construisant des ponts entre les êtres humains et en oeuvrant à la réconciliation avec nous-mêmes, entre les gens et entre les peuples.

À toutes et à tous, Paix, Force et Joie ! »