(Note de l’éditeur : il y a deux mois, CPNN a publié un article sur le lancement du projet “Les Jeunes Tisserands de la Paix” au Gabon, dans le cadre d’un projet dans les régions transfrontalières avec le Cameroun et le Tchad. Le projet est mis en œuvre par l’Unesco, en partenariat avec l’Office des Nations Unies contre la Drogue et le Crime (ONUDC). Cet article fait le point sur l’initiative.)
Le réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix, section Gabon (PAYNCoP Gabon) a récemment pris part à l’atelier de formation des formateurs dans le cadre du projet “Les Jeunes Tisserands de la Paix.” C’est la ville d’Oyem, dans la province du Woleu-Ntem, au nord du pays, qui a abrité cet atelier de formation des formateurs du 30 mai au 04 juin 2022.
La rencontre qui a réuni une dizaine de participants, issus de l’administration publique, des organisations de la société civile et des experts des Nations-Unies a permis de renforcer les capacités des acteurs cibles sur des thèmes multiples et variés, notamment la culture de la paix, l’inclusion sociale, les Droits humains, les violences basées sur le genre (VBG), la lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent, la traite des personnes et le trafic des migrants …
Au-delà des connaissances théoriques, la formation a été l’occasion pour les participants de mieux s’outiller sur des aptitudes et compétences nécessaires à la formation des adultes.
« Au sortir de ces six jours d’intense travaux, nous sommes résolument aptes à nous déployer pour la formation des futurs tisserands de la paix » a déclaré Jerry Bibang, au nom des participants à la formation.
« Le Réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix (PAYNCoP) en tant que partenaire de mise en œuvre de cette initiative se satisfait du début effectif de ces formations au Gabon et reste tout à fait optimiste pour la suite des activités » a-t-il ajouté.
Le projet “Les Jeunes, Tisserands de la Paix” dans les régions transfrontalières du Gabon, Cameroun et Tchad vise essentiellement de former et déployer 1800 jeunes pour la promotion de la culture de la paix dans les trois pays concernés, notamment dans les villes frontalières de ces trois pays.
Au Gabon, c’est 250 jeunes qui sont concernés dans la province du Woleu-Ntem, notamment à Oyem, Bitam, Meyo-Kye et Minvoul.
En marge du déploiement des jeunes pour la promotion de la culture de la paix, le projet prévoit également la création et l’appui d’une dizaine d’entreprise sociale à base communautaire afin d’aider les jeunes à s’autonomiser financièrement et de lutter contre le chômage qui constitue une véritable menace à la paix.
Après le Cameroun et le Tchad, le Gabon a lancé hier, jeudi 31 mars, le projet “Les Jeunes, Tisserands de la Paix dans les Régions Trans-frontalieres du Tchad Cameroun et Gabon” à travers une réunion d’information et d’orientation des partis prenantes au projet.
L’équipe du projet avec les membres du PAYNCoP
C’est l’hôtel de ville de la commune d’Oyem, dans la province du Woleu-Ntem, au Nord du pays, qui a abrité la cérémonie de lancement du projet.
Cette rencontre, présidée par le Gouverneur de province, a permis à l’Unité de Gestion du Projet de présenter les différentes articulations de l’initiative qui concerne prioritairement les jeunes hommes et femmes (18-35 ans).
Ainsi, au Gabon, notamment dans les localités d’Oyem, Minvoul, Bitam et Meyo – Kye, le projet vise essentiellement à identifier, former et rendre opérationnel 250 jeunes qui deviendront des tisserands de la paix dans leurs communautés respectives.
Par ailleurs, près de 60 jeunes porteurs de projets d’entreprises sociales à base communautaires seront formés et soutenus afin de lancer leurs initiatives.
Ce travail sera mis en œuvre par plusieurs acteurs dont le Réseau panafricain des jeunes pour la culture de la paix (PAYNCOP) et coordonner par le Système des Nations unies au Gabon, avec notamment L’UNESCO et l’ONUDC comme agence lead.
« Le projet vient à point nommé car il donne la possibilité aux jeunes de contribuer significativement à la prévention de la violence et la consolidation de la paix dans notre pays, conformément à la résolution 2250 du Conseil de sécurité de l’Onu qui recommande aux Etats d’associer les jeunes en tant qu’acteur dans les questions de paix et sécurité » a expliqué Jerry Bibang, le Secrétaire permanent du PAYNCoP.
« Il s’agira, par ailleurs, d’une réelle opportunité qui permettra aux jeunes femmes et hommes de se lancer dans des initiatives génératrices de revenus afin de contribuer, un tant soi peu, à leur autonomisation économique et lutter contre le chômage des jeunes, sans cesse grandissant dans notre pays » a-t-il ajouté.
La cérémonie de lancement du projet a vu la participation de la Coordinatrice résidente du système des Nations unies au Gabon, du Représentant de l’UNESCO, du Bureau régional des Nations Unies pour l’Afrique centrale (UNOCA), de l’Office des Nations Unies pour la Drogue et le Crime (ONUDC), du représentant du Gouvernement et plusieurs organisations de la société civile.
Il y a quelques mois, à l’occasion du Sommet Afrique France qui se tenait à Montpellier, la nécessité d’entrer dans une phase de coopération réelle avec les habitants a été enfin évoquée dans un cadre officiel et médiatisé, y compris par le Président Macron, qui a assuré que c’était le cap engagé par la France.
Il est urgent de saisir cette occasion pour faire progresser le projet pacifique : la coopération a besoin d’un objectif commun, et quel enjeu plus évident alors que celui de la Paix ?
En tant qu’enseignante française travaillant avec un collègue de la commune de Tessalit, j’aimerai partager notre expérience afin de démontrer que la coopération n’est pas seulement urgente mais qu’elle est surtout possible y compris dans des zones qui parce qu’elles sont déclarées rouges, se voient désertées par les ONG Internationales institutionnalisées et la plupart des journalistes.
Tessalit se trouve dans la région de Kidal, au nord du Mali. La France est très présente sur place, que se soit avec la force Barkhane, ou au sein de la Minusma, dont les campements sont répartis dans le Nord, le plus souvent assez près des communes, ce qui n’est pas toujours un facteur de protection des civils.
Il ne s’agit pas de mettre en doute l’intégrité des casques bleus mais de nous interroger sur leur capacité d’action sur le terrain sans une coopération internationale claire avec les populations sur place, dont on sait qu’elles sont tout simplement les premières victimes du conflit, conflit dont il serait d’ailleurs temps qu’il soit décrit clairement.
Quelque soit la complexité de la situation, il est important de dire que les populations aussi abandonnées soient-elles par les gouvernements successifs du pays, prennent leur destin en main. Elles le font dans la mesure des conditions matérielles très réduites qui sont les leurs, avec courage et intelligence mais sans notre soutien. La France ne l’ignore pas, qui trouve des collaborateurs efficaces sur place, quand il s’agit de combattre un ennemi pour le moment commun.
En décembre 2018, sur une sorte de coup de tête collectif optimiste, nous avons eu l’idée, avec mes camarades de Tessalit, d’organiser une rencontre entre un groupe de jeunes de mon collège en France et un groupe du même âge, accompagné d’un des rares enseignants d’état présents à Tessalit. (Voir l’article de CPNN de 19 octobre, 2021.) Par chance, mon Chef d’établissement, très sensible à la situation du Sahel, a partagé notre enthousiasme, et a fait installer une web cam et un micro dans ma salle de classe. Avec l’aide de la CPE, nous avons réuni un groupe d’élèves très motivés. De son côté, mon camarade Bakrene Ag Sidimohamed, a convaincu le chef du camp de la Minusma, situé à quelques kilomètres de la ville, d’accueillir le groupe de jeunes, afin qu’ils puissent accéder à une connexion internet et à du matériel permettant l’échange. Et l’aventure a commencé ! D’abord sous la forme de ces échanges réguliers, puis à travers des projets pédagogiques communs, plus ciblés.
L’objet n’est pas de décrire longuement ici notre travail. Ce qui me semble important, c’est d’apporter par notre témoignage, un exemple de ce que cette belle idée de coopération peut produire de miraculeux : c’est après coup, que nous avons pris conscience de ce que nous avions réussi à faire avec des moyens simples, évidents, en conjuguant les efforts, les compétences, les possibilités matérielles des uns et des autres, en France comme au Mali. Les projets qui ont suivis prouvent que la volonté mutuelle est l’ingrédient essentiel d’une coopération, puisque nous les avons réalisés contre vents et marées, et on peut le dire, sans aucun soutien matériel, si ce n’est la mise à disposition de la connexion internet par nos établissements respectifs (mon lycée en France, la Minusma à Tessalit) (pour une description plus précise du projet, cf article 2R3S)
En accueillant les élèves, la Minusma a rempli l’une de ses missions en faveur de la Paix. Les conséquences positives de ce projet en cours sont innombrables mais notre satisfaction se porte surtout sur l’élan de curiosité bienveillante qu’il a provoqué chez les jeunes.
Nous aimerions que cela continue.
Mais la situation en matière éducative de Tessalit est à l’image de ce qui se passe dans la région de Kidal, au Nord du Mali, et bien au-delà, sur une bonne partie de la bande saharo Sahélienne : les écoles publiques n’existent quasiment pas, si ce n’est parfois sur le papier : pas d’enseignants, pas de matériel ou si peu que cela revient à zéro, comme peut en témoigner Issouf Maïga, mon collègue de Tessalit, qui est à peu près seul avec ses plus de 350 élèves, lesquels bien sûr finissent par ne plus venir, si ce n’est pour des projets spécifiques, comme ceux que nous tentons de monter ensemble.
Depuis que j’ai commencé à travailler avec des enseignants et des volontaires de la région de Kidal, je suis touchée par l’engagement incroyable de toute une partie de la population pour faire avancer la cause de l’école. Un peu partout les habitants construisent tant bien que mal des salles de classes, qui ne sont parfois qu’un toit d’herbes sèches pour réunir les enfants à l’ombre. Ils se cotisent pour payer un enseignant qui acceptera cette tâche difficile et dangereuse, qu’il devra affronter la plupart du temps avec un matériel et dans des conditions désastreuses.
L’argument qui consiste à invoquer la dangerosité de la région pour y laisser toute cette jeunesse à l’abandon n’est pas recevable. Il est absolument possible d’aider cette population à sortir de la crise par sa propre force, les associations et ong locales présentes sur place font largement le travail des grands organismes qui ont désertés la région : se sont les intermédiaires naturels des projets de coopération, ceux sur lesquels il est possible de s’appuyer. En s’engageant pour l’éducation de ses enfants, la population de la région montre largement son besoin de Paix. Ils ne veulent plus voir leurs enfants partir faire la guerre.
On peut se demander sincèrement pourquoi depuis tant d’année, la Communauté Internationale n’a pas réussi à faire pression sur les gouvernements pour que l’éducation au Nord soit une priorité.
On peut aussi se demander comment il est possible que malgré la multitude d’appel à l’aide, de demande de subvention, de transport de matériel, rien ne se passe, alors même que nous apportons les gages d’un travail sérieux. La plupart du temps, c’est l’incertitude de la viabilité du projet qui est invoquée pour justifier du refus. Mais l’incertitude ne tient qu’à une série de préjugés sur la capacité et la volonté des habitants. Nous jugeons peut-être à l’avance, à l’aune des multiples scandales qui entachent notre propre industrie humanitaire. Pourtant il s’agit ici, d’hommes et de femmes qui veulent assurer un avenir à leurs enfants et par dessus tout, il faut le dire, c’est une chose qui revient souvent, dans les échanges auxquels j’assiste : un avenir de Paix.
L’absence d’éducation est un argument d’asservissement. Concrètement, le travail des enfants, notamment dans l’extraction de l’or, est une des conséquences immédiates de l’absence d’écoles. On peut alors se demander si réellement, l’éducation est une priorité logique, puisqu’il n’est plus nécessaire de démontrer ce que le travail des enfants apporte au système en terme de coût très bas des salaires et donc des marchandises.
Cette situation scandaleuse n’est pas récente ni unique.
Les écoles dans le Nord sont fermées depuis 2012, mais la réalité de la région est celle d’un abandon général, et ce qui tient malgré tout, est essentiellement le fruit d’une volonté collective. La communauté internationale n’a pas besoin de chercher midi à quatorze heure éternellement : au Mali, comme au Niger, il y a des jeunes hommes et femmes, qui souvent ont été entravés au beau milieu de leurs propres études par le conflit, et luttent aujourd’hui pour l’éducation de leurs cadets. Il faut simplement s’appuyer sur eux, soutenir les projets qui existent, avec confiance.
Des exemples très concrets à mettre sur la table, nous n’en manquons pas, et au delà des écoles fermées des communes importantes, se pose la question des enfants des populations nomades, une grande partie des habitants de la région, contraints de se sédentariser pour trouver un peu de sécurité. Pouvons nous réellement accepter que ces enfants soient privés d’école, alors même que nous avons signé la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant et que nous parlons de Paix ?
Puisqu’il y a des projets sur place, pourquoi ne pas travailler avec ceux qui les portent ? La question n’est pas d’envoyer des manuels ou des pupitres de temps en temps, mais surtout d’apporter un soutien ciblé à chaque projet, en s’appuyant sur les associations locales et les chefs de communautés. Nous devons accepter un fonctionnement différent du notre dans la gestion du collectif et aider ces peuples nomades dont la liberté semble inacceptable aux yeux des puissants, à former leurs enfants au monde actuel. Sans l’enseignement des langues vernaculaires et des langues véhiculaires, des mathématiques et de la culture, comment imaginer pour ces hommes et femmes de demain, qu’ils pourront aller se former dans les écoles et université, pour revenir, médecin, ingénieur, enseignant, construire la Paix qu’ils appellent de leurs vœux ? Et qui formera sur place les artisans de demain, alors que les familles peinent à se nourrir ? Il faut aider les professionnels sur place à transmettre leurs compétences.
La communauté internationale, les bailleurs, doivent accorder leur confiance sans chercher à reproduire un modèle scolaire occidental qui n’est pas toujours adapté et partir du postulat que les mères et les pères du Sahel souhaitent autant que nous le meilleur pour leurs enfants. Simplement.
Nous avons récemment été touchés par la tribune cosignée par plus de 30 élu(e)s de collectivités française et publiée par Cité Unie France. Tout comme nous ils appellent à une consolidation des liens avec les représentants de la population dans la région. Ces appels démultipliés seront-ils entendus, à l’heure où beaucoup trop de dirigeants sont tentés par les armes ? Pour ma part, je garde l’espoir, portée par le courage de mes amis, et j’espère que mon appel en faveur des écoles sera entendu.
Avec l’Association franco-malienne Tazunt, pour laquelle je m’exprime, nous pouvons faire des propositions très concrètes et sérieuses pour apporter un soutien réel en matière éducative, et nous serons heureux de répondre à vos remarques. Le cri d’appel de la population d’Intescheq doit être entendu, nous le mettons en pièce jointe. Nous ne pouvons plus laisser ces enfants sans aide, la situation devient chaque jour plus critique.
Sa Sainteté le Pape François, Chef de l’Eglise Catholique, a déclaré que la signature du Document sur la Fraternité Humaine reflète qu’en respectant les cultures et les traditions de chacun, “nous sommes appelés à développer la Fraternité comme un bouclier contre la haine, la violence et l’injustice”.
La déclaration de Sa Sainteté s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de la fraternité humaine, célébrée le 4 février par des personnes du monde entier, y compris des dirigeants mondiaux et religieux. Cette journée marque le troisième anniversaire de la signature du document historique sur la fraternité humaine par Sa Sainteté le Pape François et Son Éminence le Grand Imam d’Al-Azhar, le Dr. Ahmed Al-Tayeb, à Abou Dhabi, le 4 février 2019.
Vous trouverez ci-dessous la déclaration complète du Pape François : ” Chers frères et sœurs ! Permettez-moi avant tout de saluer avec affection et estime le Grand Imam d’Al-Azhar le Dr. Ahmed Al-Tayeb avec lequel j’ai cosigné le Document sur la fraternité humaine pour la paix mondiale et le vivre ensemble, il y a précisément trois ans aujourd’hui à Abou Dhabi. Tout au long de ces années, nous avons marché en tant que frères, conscients qu’en respectant les cultures et les traditions de chacun, nous sommes appelés à développer la fraternité comme bouclier contre la haine, la violence et l’injustice.
Je remercie tous ceux qui nous ont accompagnés sur ce chemin : le Prince héritier d’Abou Dhabi et commandant suprême adjoint des forces armées des EAU, Son Altesse Sheikh Mohamed bin Zayed Al Nahyan, pour son engagement constant à cet égard, le Haut Comité de la Fraternité Humaine pour les diverses initiatives promues dans différentes parties du monde, et l’Assemblée Générale des Nations Unies qui, par sa résolution de décembre 2020, nous a permis de célébrer aujourd’hui la deuxième Journée Internationale de la Fraternité Humaine. J’exprime ma gratitude à toutes les institutions civiles et religieuses qui soutiennent cette noble cause.
La fraternité est l’une des valeurs fondamentales et universelles qui doivent sous-tendre les relations entre les peuples afin que les personnes défavorisées ou celles qui souffrent ne se sentent pas exclues et oubliées mais accueillies et soutenues comme faisant partie de cette unique famille humaine. Nous sommes frères ! En partageant des sentiments de fraternité, nous devons tous promouvoir une culture de la paix, qui encourage le développement durable, la tolérance, l’inclusion, la compréhension mutuelle et la solidarité.
Nous vivons tous sous le même ciel, quels que soient le lieu et le mode de vie, la couleur de la peau, la religion, la classe sociale, le sexe, l’âge, la santé et les conditions économiques. Nous sommes tous différents, mais nous sommes tous les mêmes, et cette pandémie l’a prouvé. Je le répète une fois de plus : seuls, nous ne pouvons pas nous sauver ! Seuls, nous ne pouvons pas nous sauver ! Nous vivons tous sous le même ciel, et au nom de Dieu, nous, ses créatures, devons nous reconnaître comme frères et sœurs. En tant que croyants appartenant à différentes traditions religieuses, nous avons un rôle à jouer ; quel est ce rôle ? C’est d’aider nos frères et sœurs à élever leur regard et leurs prières vers le Ciel. Levons nos yeux vers le Ciel car celui qui révère Dieu avec un cœur sincère aime aussi son voisin. La fraternité nous permet de nous ouvrir au Père de tous et de trouver un frère ou une sœur dans l’autre, de partager la vie, de nous soutenir mutuellement, d’aimer et de connaître les autres.
Nous vivons tous sous le même ciel. Le bon moment pour marcher ensemble est aujourd’hui, pas demain ou dans l’avenir ; nous ne savons pas ce qui sera. Aujourd’hui est le bon moment pour marcher ensemble en tant que croyants et personnes de bonne volonté. C’est un jour propice pour se tenir la main, pour célébrer notre unité dans la diversité – unité, pas uniformité, unité dans la diversité – pour dire à nos communautés et à nos sociétés que le temps de la fraternité est arrivé. Tous ensemble, car il est essentiel de faire preuve de solidarité les uns envers les autres. Ce jour-là, je le répète, l’heure n’est pas à l’indifférence : soit nous sommes frères, soit tout s’écroule. Ce n’est pas une simple expression littéraire de la tragédie, non, c’est la vérité ! Ou bien nous sommes frères, ou bien tout s’écroule. Nous le voyons dans les petites guerres, dans cette troisième guerre mondiale fragmentée, comment les peuples sont détruits, comment les enfants n’ont rien à manger, comment l’éducation s’effondre … C’est une destruction. Soit nous sommes frères, soit tout s’écroule.
Ce n’est pas le moment d’oublier. Chaque jour, nous devons nous rappeler ce que Dieu a dit à Abraham : qu’en regardant les étoiles dans le ciel, il verrait la promesse de sa descendance, c’est-à-dire nous (cf. Rencontre interreligieuse d’Ur, 6 mars 2021). Une promesse qui s’est aussi réalisée dans nos vies à travers une fraternité grande et lumineuse, comme les étoiles dans le ciel ! Chers sœurs et frères, cher frère le Grand Imam, le chemin de la fraternité est long. C’est un chemin difficile, mais c’est la planche de salut de l’humanité. Aux nombreux signes de menace, aux périodes sombres, aux logiques de conflit, nous répondons par l’étendard de la fraternité, qui les conduit sur un chemin commun en accueillant l’autre et en respectant son identité. Nous ne sommes pas les mêmes. Nous sommes des frères, chacun avec sa personnalité.
Je remercie tous ceux qui travaillent avec la conviction que nous pouvons vivre en harmonie et en paix, conscients de la nécessité d’un monde plus fraternel parce que nous sommes tous des créatures de Dieu : des frères et des sœurs.
Je remercie tous ceux qui se joindront à notre chemin de fraternité et j’encourage chacun à s’engager pour la cause de la paix et à répondre aux problèmes et aux besoins concrets des personnes démunies, pauvres et sans défense. La proposition est de marcher côte à côte, “tous frères”, pour devenir de véritables artisans de paix et de justice, dans l’harmonie de nos différences et le respect de l’identité de chacun.
Sœurs et frères, marchons ensemble sur ce chemin de la fraternité. Merci”.
La célébration de la Journée internationale de la tolérance vise à consacrer les principes de coexistence pacifique entre citoyens d’un même pays, quels que soient leurs cultes et leurs croyances. C’est ce qu’ont affirmé les participants à la conférence inter-religions organisée mardi 16 novembre 2021 à Tunis à l’initiative du ministère tunisien des Affaires religieuses.
A cette occasion, ils ont mis en exergue le rôle de la culture et de l’éducation dans la consolidation des valeurs de tolérance et d’ouverture, affirmant que la Tunisie constitue une plateforme pour la paix.
Le ministre des Affaires religieuses, Brahim Chaïbi, a indiqué que la conférence vise à rapprocher davantage les citoyens d’un même pays et à surmonter les barrières de la religion.
Il a appelé les hommes de foi représentant les trois grandes religions monothéistes (islam, christianisme et judaïsme) à s’unir au service de la paix, de l’humanité et de la patrie, “épargnée jusqu’à présent par les conflits et discordes interconfessionnelles”. Il met en garde contre toute tentative d’attiser des tensions prétextant le sacré pour fomenter des crises qui s’opposent aux valeurs de tolérance et de paix prônées par les religions.
La ministre des Affaires culturelles, Hayet Guettat Guermazi, a, de son côté, souligné que la célébration de la Journée internationale de la tolérance témoigne de la profonde conviction que la paix, la coexistence pacifique et le respect de la diversité religieuse sont indispensables et primordiaux pour permettre au monde de combattre toutes les formes de fanatisme qui conduisent à la haine et à la violence.
Elle a rappelé que le dialogue interreligieux impose la tolérance comme une exigence sociale, politique et économique, ajoutant que son département œuvre, en collaboration avec les autres ministères, à instaurer les valeurs de la culture, de l’art, de la beauté, de la positivité et du rapprochement constructeur, comme vecteurs de tolérance et de paix dans la société.
Le mufti de la République, Othmane Battikh, a expliqué que la tolérance implique une facilité dans le contact et les rapports avec autrui, loin de toute rancœur, de rejet et de haine. Il a rappelé que la Tunisie a toujours été une terre de tolérance, avant même l’arrivée de l’Islam, et que ces valeurs sont ancrées chez les Tunisiens à travers les âges et répondent parfaitement aux principes fondateurs des lois et chartes internationales.
Père Jawad Alamat, représentant de l’Eglise catholique de Tunis, dira que l’Eglise œuvre à répandre la culture de la paix à travers un discours ouvert qui accueille les musulmans à toutes les fêtes et cérémonies religieuses, en plus d’ouvrir sa bibliothèque aux chercheurs et penseurs tunisiens et d’encourager, à travers l’école catholique de Tunis et en collaboration avec la société civile, à l’édification d’une société tolérante et solidaire.
Moshé Wazan, adjoint du Grand Rabbin de Tunisie, a insisté sur l’importance de telles conférences qui réunissent des représentants des diverses religions, ajoutant que la foi demeure une question d’ordre privé et que la diversité religieuse en Tunisie ne constitue pas un obstacle à la coexistence pacifique entre Tunisiens.
Leila Ben Sassi, directrice de l’Observatoire national de l’éducation, a mis l’accent, dans son allocution prononcée au nom du ministre de l’Education, sur le rôle essentiel qui incombe aujourd’hui à l’école dans le développement du sentiment de citoyenneté et la sensibilisation à la tolérance et à l’ouverture sur toutes les religions et civilisations.
Un article récent de Liberation montre comment certains villages en France retrouvent une seconde vie en accueillant des refugié-e-s.
L’article dit que ces villages, qui sont “Frappés par l’exode rural,” ont décidé de redynamiser leur vie locale avec des migrants, et il mentionne quatre communes :Luzy (2 000 habitants, Nièvre), Ferrette (800 habitants, Haut-Rhin), Notre-Dame-de-l’Osier (500 habitants, Isère) et Pessat-Villeneuve (650 habitants, Puy-de-Dôme)..
“En pleine campagne bourguignonne, Luzy (Nièvre), commune de 2 000 habitants, accueille depuis la fin de l’année 2018, 45 demandeurs d’asile d’origine guinéenne, afghane, soudanaise, ou iranienne, etc.
Pour ces hommes, ces femmes et ces enfants ayant fui les persécutions chez eux, Luzy fait figure de halte sur les routes de l’exil. Pour l’instant, ils sont suspendus à la réponse que les autorités françaises vont donner à leur demande d’asile.
Ces quinze dernières années, Luzy perdait des habitants. Mais, depuis trois ans, il en gagne et le village renaît, notamment grâce à l’arrivée de ces nouveaux Luzicois, venus du monde entier.
Engagés à les recevoir le mieux possible, les habitants de Luzy se sont mobilisés pour donner du sens à l’accueil et au vivre ensemble, entre parties de foot, cours de français, tournois de pétanque et bals trap’.
Depuis 2016, Ferrette a accueilli en permanence environ 80 demandeurs d’asile – dont la moitié sont des enfants – originaires d’endroits aussi éloignés que l’Afghanistan, le Soudan et l’Arménie.
Tous espèrent être reconnus comme réfugiés – ou à tout le moins, que la France leur accorde une “protection subsidiaire”, le statut accordé aux demandeurs d’asile qui ne sont pas qualifiés de réfugiés…..
Lorsque le maire de Ferrette a accepté d’accueillir des migrants, il s’est retrouvé face à une vive opposition, même de la part des membres de son conseil…..
Mais tandis que certains protestaient, il a également vu d’autres habitants se regrouper pour aider, avec l’émergence d’un groupe appelé « Voisins du monde » qui leur a offert des cours de français, l’accès à une ludothèque, des cours de cuisine et même des transports jusqu’à l’hôpital.
Samir Beldi, directeur de l’hébergement à l’antenne Mulhouse/Ferrette d’Adoma, l’office du logement qui héberge les migrants, a déclaré que les choses s’étaient bien passées.
“Les volontaires ont réussi à réparer les dégâts après quelques soucis initiaux. Il y avait des idées préconçues mais nous avons tourné la page là-dessus”, a-t-il déclaré.
Son adjointe, Martine Kaufmann, est d’accord.
“Ce ne sont pas que des ‘pauvres’, ils n’étaient pas forcément pauvres chez eux”, explique-t-elle.
« Certains d’entre eux ont des qualifications importantes. Il existe une diversité parmi les demandeurs d’asile.
Située à Notre-Dame-de-l’Osier et appartenant au réseau Emmaüs-France et au réseau Cocagne, l’association Tero Loko a vu le jour il y a un peu plus de 3 ans. Elle propose un projet d’insertion à destination de personnes réfugiées et des habitants issus du territoire. L’objectif est double, faciliter l’insertion de personnes en situation de précarité et participer au dynamisme de cette commune rurale de 700 habitants. Leur slogan « Cultivons l’accueil » est le reflet de cette volonté.
Dans ce projet d’accès à l’emploi, Tero Loko propose des contrats en insertion (CDDI) en maraîchage et en production de pain, deux productions essentielles dans une alimentation courante, ainsi qu’en commercialisation pour la vente de leurs produits……
Tero Loko accompagne ainsi les réfugiés sur l’accès à l’emploi et travaille également avec eux sur l’accès à un logement durable ou sur l’apprentissage du français.
Ce projet capable d’apporter des réponses à la fois à un besoin d’insertion dans les territoires ruraux et de proposer un projet complet à des personnes réfugiées en recherche de stabilité participe également à la revitalisation des communes rurales. La joie d’être ensemble est manifeste lors de ces marchés car l’échange est réciproque. Les réfugiés sont aidés dans leur intégration et les habitants retrouvent une vie de village animée grâce à ce marché hebdomadaire et diverses activités (comme des ateliers poterie, cuisine, récolte de miel ou encore ateliers créatifs en tout genre).
À Pessat-Villeneuve (63), un village de 670 habitants dans le Puy de Dôme, une initiative solidaire a vu le jour durant le premier confinement. Les masques manquant sur tout le territoire, Hamidullah, un réfugié du centre provisoire d’hébergement de Pessat-Villeneuve, a décidé d’en produire. D’autres réfugiés se sont associés à sa démarche pour aider à la distribution. Grâce à eux, tous les habitants ont pu bénéficier de cette protection indispensable. Gérard Dubois, le maire du village, et Isabelle Harry, adjointe au maire ayant participé à la distribution des masques, nous racontent cette aventure……
Quelle est l’origine de cette politique d’accueil ?
Gérard Dubois : En 2015, la photo du petit Aylan a été le déclencheur de mon engagement. Je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose. À ce moment-là, nous venions de racheter un centre de vacances qui appartenait à Air France et qui était inoccupé sur la période hivernale. Il m’a semblé logique de le proposer à l’État pour accueillir des familles. Fin octobre 2015, les préfectures ne trouvaient aucun centre pour accueillir les migrants de Calais, ils se sont souvenus de moi. Tout s’est enchaîné très rapidement. Nous avons accueilli 48 migrants dans un premier temps. Ils ont débarqué dans notre belle région. Notre petit village avait 550 habitants à l’époque. Ensuite, pérenniser le centre a été une vraie volonté à la fois personnelle, et aussi de l’équipe municipale…….
Comment cette initiative de création de masque s’est mise en place ? L’idée est venue de votre côté ou de celle du centre ?
Gérard Dubois : C’était compliqué car nous vivions ce confinement pendant les élections…… à propos des masques. Personne n’en avait. J’ai essayé d’en avoir pour le centre via l’Association des Maires de France. Nous avons pu faire des commandes groupées au niveau national pour les redistribuer, mais nous n’avons pas eu exactement ce que nous voulions. Puis, un jour, la directrice du centre Cecler m’appelle et me dit qu’un jeune réfugié, Hamidullah, est en capacité de coudre et qu’il se propose de faire des masques. J’ai tout de suite accepté…… Son idée était vraiment de les offrir à la population, tout est parti de lui. Notre participation à l’action a été facile, comparée à son travail. Nous lui avons fourni le matériel : machine à coudre, élastique, tissu adéquat, pochettes en plastiques pour l’hygiène lors la distribution. Nous avions aussi créé une communication à ajouter dans les masques pour expliquer l’origine de ce masque et son histoire……
C’est en partageant des moments que l’on peut mieux se connaitre ?
Isabelle Harry : C’est vrai que ce n’est pas toujours facile de le faire. Ils étaient très motivés à l’idée de créer les masques puis de les distribuer. Cela leur donnait l’occasion d’aller à l’encontre des habitants et d’entrer en contact avec eux. C’est vrai que quand le centre s’est installé, il y avait beaucoup d’habitants réticents. Il ne faut pas le nier. Ils avaient peur et ça n’a pas été simple. Moi la première je me suis posé des questions. Pour un petit village comme le nôtre, c’est normal. Progressivement les gens ont été rassurés et maintenant les réfugiés sont intégrés. Cette initiative a été un pas de plus. La majorité des habitants étaient très contents et trouvaient formidable de donner une chance aux réfugiés.
(Merci à Kiki Adams, le reporter de CPNN pour cet article.)
Emmanuelle Dufossez est professeure d’Arts Plastiques au Collège et Lycée Ferdinand Fabre de Bédarieux, dans l’académie de Montpellier. En décembre 2018, en collaboration avec Bakrene Ag Sidimohamed (qui vit et travaille à Tessalit, dans la région de Kidal au Nord-Mali), elle initie un échange entre deux groupes d’élèves de leurs communes respectives. L’objectif du projet était de favoriser les échanges interculturels dans un esprit commun de citoyenneté, sans négliger la réalité propre à chacun des milieux.
Dans un premier temps, pouvez-vous nous expliquer les raisons pour lesquelles vous avez entamé ce projet ? Quels ont été les moyens utilisés ? Sur quels relais vous êtes-vous appuyés sur le terrain ?
Pour des raisons personnelles j’ai rejoint un groupe Facebook lié à Tessalit et commencé à discuter avec Bakrene. Au troisième message, il m’a demandé de l’aider à contacter des ONG pour l’éducation des enfants. C’était si direct, si inattendu… et ça m’a touché. Il ne savait pas encore que j’étais enseignante. Quand à moi, j’étais loin d’imaginer à l’époque l’ampleur de la catastrophe dans la région…
J’ai donc proposé à mon proviseur, M. Pierre Fournier, que l’on mette en place un échange entre élèves et il a immédiatement accepté (il était beaucoup plus au courant que moi de la situation), et a tout mis en œuvre pour que cela soit possible. Avec Françoise, la CPE, nous avons organisé une réunion des élèves du conseil de la vie citoyenne du collège, et ils ont aussi suivi. 15 jours après, j’avais une webcam et Skype dans ma salle et nous attendions Issouf, le directeur et ses élèves de Tessalit !
De son côté Bakrene avait réussi à convaincre le directeur de la Minusma et il est allé chercher tout le monde en ville. C’est ainsi que le projet a débuté. C’était très rock’n’roll, mais on a réussi à se parler comme ça en visio-conférence, presque chaque semaine jusqu’à la fin de l’année.
Parfois la connexion était impossible et nous attendions pour rien, mais ça faisait partie du pari de départ, tout le monde avait saisi les difficultés. Je salue la Minusma qui a su cette fois jouer son rôle en favorisant un projet clairement en faveur de la paix et du partage, mais aussi les familles à Tessalit qui ont accepté de prendre des risques en autorisant leurs enfants à participer à l’échange.
Dès cette première année, nous avons initié un petit projet pédagogique avec un collègue de géographie qui devait faire une étude de cas autour de la gestion des ressources naturelles. Les enfants ont envoyé les questions au groupe de Tessalit via Bakrene, et en retour, ils nous ont envoyé des petites vidéos sur l’eau à Tessalit.
Nos élèves à Bédarieux sont très impliqués. Ils ont mis en place une collecte de livres pour refaire la bibliothèque de Tessalit qui a été incendiée lors des conflits. Nous attendons maintenant de l’aide pour le transport.
En quoi votre démarche et celle du projet du concours citoyen vous semblent pertinentes ? Quels sont les objectifs communs ?
Cette année, nous avons souhaité d’emblée entamer un projet pédagogique long avec mon collègue d’histoire-géographie et une classe de quatrième que nous avons en commun, ainsi que nos collègues de Tessalit, Issouf Maïga, directeur et (rare) enseignant d’État, Bakrene Ag Sidimohamed et Ahmed Ag Zouemar. Il s’agit de correspondre et d’apprendre à se connaître à travers la découverte simultanée du texte de la Déclaration Universelle des Droits de l’Enfant signée par les membres de l’ONU en 1989.
L’échange, la découverte de l’autre, de son mode de vie, de ses habitudes, de ses goûts, de tout ce qui permet une prise en compte de l’altérité et des différences est au cœur de nos préoccupations.
Il est temps de rouvrir les esprits, en France comme ailleurs, si nous souhaitons vraiment vivre dans un monde en paix. Cette réflexion commune que nous menons avec de très jeunes adolescents, en abordant les droits des enfants, intervient au même moment que la situation au Nord du Mali se dévoile à eux ; Le 2r3s la mène à sa façon avec des jeunes adultes à travers le concours citoyen.
Pour nous en tout cas, ce projet est également un cri d’alarme auprès de la communauté internationale afin qu’elle puisse nous aider à améliorer le système éducatif dans cette région en conflit.
Comment se sont déroulés les échanges entre les élèves de Bédarieux et Tessalit ?
Les échanges se sont avérés matériellement difficiles compte tenu de la situation désastreuse de l’école à Tessalit. Sans les intervenants bénévoles de l’association Tazunt, Issouf, l’enseignant ne pourrait pas mener le travail, puisqu’il est seul. La barrière de la langue a également constitué une difficulté notoire. De plus, il est important de rappeler que les écoles ont fermées en 2012 dans le Nord et qu’elles peinent à rouvrir depuis 2018. La francophonie est en train de se perdre dans la région, par manque de pratique…mais la joie de vivre incroyable des enfants les rassemble.
Il nous est même arrivé à plusieurs reprises de nous envoyer des petites vidéos où les enfants, français comme maliens, chantaient pour leurs camarades ! Mais le niveau des élèves de Tessalit est inquiétant pour l ‘avenir.
Quelles sont les différences que vous avez pu observer ?
Comme je l’ai dit plus haut, les différences sont criantes. On a même du mal à croire que les enfants vivent sur la même planète dans un monde qui a conçu un texte commun pour leur égalité. Néanmoins, ce sont des enfants, qui aiment chanter, rire, et bien entendu, jouer au foot !
Avez-vous rencontré des difficultés au cours de ce projet ? Si oui, lesquelles ?
Compte tenu du contexte sécuritaire au Mali, nous avons dû faire face à de nombreuses difficultés. Les différences de conditions de vie, ne permettent pas toujours d’aborder l’aspect théorique de la même manière selon que l’on se positionne à Bédarieux ou Tessalit. Les difficultés matérielles ont également un fort impact.
Avez-vous observé chez les élèves une réelle prise de conscience des droits et des devoirs dont ils disposent ? Est-ce que leur rapport à l’éducation a changé́ ?
Oui. Par exemple, nous avons réussi à récupérer des élèves en France qui étaient en décrochage scolaire. Quand à la question de la prise de conscience, elle est réelle, en France comme à Tessalit où une partie de la population est en train d’essayer de trouver des solutions, bien qu’en ne comptant que sur elle-même pour l’instant. Mais mes collègues de Tessalit seraient plus à même de répondre à cette question.
Activité de réflexions, de communication et de partage d’expériences, le forum national des communautés s’est tenu ce samedi 26 septembre 2021 au deuxième jour des Grandes nuits des communautés de Dédougou, initié par l’association ImpactAdo. Le thème des GNC, « Promotion de la paix et de la cohésion sociale, quelles contributions de la jeunesse », a été décortiqué et débattu par les facilitateurs d’un après-midi.
Séverine Sawadogo, Adama Démé, deux étudiants et Dieudonné Zagré et Aminata Boly, deux élèves ont chacun exposé un contenu pour le vivre ensemble et la cohésion sociale. Très appliqués et sans complexes, les jeunes conférenciers ont présenté leur communication sous des ovations des participants.
Ouvrant le bal des interventions, le promoteur des Grandes nuits des communautés, Ibrahim Donyéré, a planté le décor en expliquant la stratégie adoptée par l’association Impact Ado avec l’implication des jeunes. « Ce sont des jeunes qui vont partager leurs expériences. Nous voulons, par ce choix, que le message de la recherche de la paix, de la cohésion sociale et du vivre ensemble soit porté par les jeunes et les adolescents eux-mêmes », a introduit monsieur Donyéré.
Deux jeunes garçons et deux jeunes filles, c’est l’équipe jeune qui, durant deux heures d’horloge, a fait l’état des lieux de la situation du manque de paix et de cohésion sociale au Burkina Faso, tout en proposant des solutions et des comportements aux jeunes pour la consolidation d’un climat apaisé au Burkina et particulièrement dans la région de la Boucle du Mouhoun.
Pour Séverine Sawadogo, étudiante en économie à l’université Norbert Zongo et première facilitatrice, plusieurs actions sont à privilégier dans la recherche de la paix. Abordant le thème central des Grandes nuits des communautés, elle a insisté : « Pour assurer le bien-être de la communauté, il faut faire preuve de patriotisme, de civisme en organisant des cadres de rencontre et de partage d’expériences comme les GNC. »
Pour mieux connaître les difficultés que vivent les jeunes et surtout comment les résoudre, elle a convoqué la figure emblématique de la révolution Burkinabé, Thomas Sankara. « Nous ne devons pas laisser le monopole de la pensée de l’imagination et de la créativité à nos seuls ennemis d’hier et d’aujourd’hui », a insisté l’étudiante.
Elève en classe de première D, Dieudonné Zagré a, à son tour, fait un exposé sur les bienfaits du développement personnel dans un contexte où la recherche de la paix demeure une équation à résoudre.
Selon l’élève Zagré, le vocable ‘’développement personnel’’ est une amélioration de soi, un travail personnel qui consiste à se surpasser à se dépasser. « J’aimerais voir une jeunesse du Burkina Faso renouvelée. Faisons fi de nos différences, acceptons nous, mettons nous ensemble pour le développement de notre patrie, le Burkina Faso », a souhaité Dieudonné Zagré.
L’utilisation des réseaux sociaux au cœur des échanges
Etudiant en faculté de sciences de la vie et de la terre, Adama Démé de l’université Norbert Zongo de Koudougou a partagé l’expérience des jeunes sur l’utilisation des réseaux sociaux.
« La mauvaise utilisation des réseaux sociaux par les jeunes est une réalité. Nous constatons des cas de désinformations récurrentes sur les réseaux sociaux, le partage des fake news avec des conséquences comme la cybercriminalité. »
Ces faits constituent des maux selon l’étudiant. Il a alors appelé à une prise de conscience des jeunes pour que la lutte contre la transmission trans-générationnelle de cette mauvaise utilisation des réseaux sociaux s’arrête. Dans le cas contraire, la culture de la paix et de la cohésion sociale sera mise à mal.
Pour la dernière facilitatrice, Aminata Boly, élève en classe de terminale D au collège privé Saint Gabriel de Dédougou, la valorisation de la culture, des us et coutumes est une solution explorable pour sauvegarder la paix au Burkina.
« Je pense que la connaissance des valeurs coutumières et traditionnelles est importante pour la culture de la paix et de la cohésion sociale. »
Partant du proverbe africain qui affirme qu’ “un pays sans culture est comme un arbre sans fruits”, l’élève a appelé la jeunesse burkinabè et surtout celle de Dédougou à promouvoir les valeurs culturelles et traditionnelles pour un Burkina meilleur.
Présent comme invité d’honneur, le maire de Barani, Hamidou Sidibé a salué la tenue du forum national des communautés.
« Nous sommes très comblés de ce que nous avons vu. Cette jeunesse est consciente et engagée. Consciente dans sa société et engagée pour la transformation positive de la société. Nous sommes rassurés que la relève est assurée », a déclaré Monsieur Sidibé.
Avant de conclure, il n’a pas manqué de citer le professeur Joseph Ki-Zerbo : « On ne développe pas, on se développe. »
Pour Aminata Diallo, secrétaire générale de l’association Impact Ado et modératrice du forum, cette activité a pour ambition de susciter un changement pour que la jeunesse soit plus engagée, plus unie. « Nous retenons que le secteur de l’éducation est le socle pour la paix durable. Egalement, il a été recommandé plus d’équité, d’égalité et de justice dans la société d’aujourd’hui pour bâtir une paix et une cohésion sociale durables », a conclu mademoiselle Diallo.
Le forum national des communautés a pris fin par la visite guidée du village des communautés.
La Marche latino-américaine pour la non-violence, multiethnique et pluriculturelle, a débuté le 15 septembre 2021 par un foisonnement d’activités réussies.
Des militants d’une multitude de pays d’Amérique latine ont apporté leur grain de sable pour réaliser cette inauguration de la Marche latino-américaine pour la non-violence. Il combine symboliquement le virtuel, grâce à des vidéos préenregistrées, et la connexion directe à différentes parties de l’Amérique latine et même à Madrid.
L’événement central d’inauguration a eu lieu à l’Université nationale d’enseignement à distance UNED à Puntarenas, au Costa Rica, organisé par l’UNED et Monde sans Guerres et sans Violence.
Tout d’abord, l’exposition de photographies des Marches pour la paix et la non-violence en Amérique latine a été inaugurée.
La cérémonie d’ouverture de la Marche a consisté en la projection de vidéos provenant de diverses régions d’Amérique latine, la commémoration du bicentenaire de l’Amérique centrale et le lancement d’un appel à la paix et à la non-violence dans la région.
La vidéo de la diffusion du zoom de l’inauguration de la Marche latino-américaine peut être vue sur Facebook.
C’était le début officiel avec un acte symbolique de la Marche virtuelle et physique qui parcourra l’Amérique latine jusqu’au 2 octobre.
Tout au long de cette même journée, différentes activités ont eu lieu dans d’autres pays d’Amérique latine, point de départ de la Marche latino-américaine pour la non-violence.
Certaines des activités qui ont eu lieu sont :Le Forum « Culture de la paix, chemin vers la réconciliation » s’est tenu à Lima, au Pérou, au Colegio María de la Providencia-Breña à 18h30, heure de Lima. Vous pouvez accéder à la vidéo du forum sur facebook ici : Foro « Cultura de Paz, Camino hacia la reconciliación ».
La cérémonie d’ouverture et de lancement de la Marche et le dévoilement de la sculpture Fleur de Paix à l’Université Distrital de Bogotá Francisco José de Caldas à 10h30 heure de Bogotá.
À Bogota, la peinture au pochoir a également été réalisée dans différents endroits pour encourager la participation. Et, dans le quartier Teusaquillo de Bogota, l’inauguration de la Marche latino-américaine a été visualisée comme une projection de groupe de l’inauguration de la Marche latino-américaine.
Du Salon du livre au stand d’exposition ORIGAMI à La Paz, en Bolivie, ils ont montré leur soutien à la Marche latino-américaine.
À Luján de Cuyo, Mendoza, Argentine, en guise de salutation au début de la Marche latino-américaine, ils ont réalisé une peinture murale sur la Marche.
Nous remercions les marcheurs, les promoteurs et les supporters pour l’attention et l’effort qu’ils mettent dans leur travail et nous leur souhaitons des jours de grande joie dans les rencontres significatives avec ceux qui se sont déjà éveillés et continueront à s’éveiller à ce chaleureux esprit de Non-violence qui balaie l’Amérique latine.
(Nota de l’éditeur : Nous n’avons pas trouvé de résumé des activités de la marche depuis sa conclusion le 2 octobre, Journée internationale de la non-violence. Cependant, le site Internet de la marche fournit de brefs articles de Argentina, Colombia, Brasil, Surinam, Costa Rica, México, Ecuador, y Chile.)
Un article par Hambali Nassour/Abba Issa dans Al Wihda
Le projet de sensibilisation sur la culture de la paix et l’engagement civique et électoral, piloté par l’Association étoiles des jeunes pour la culture et le développement, a organisé le 4 septembre un forum d’échange sur la culture de la paix.
L’évènement d’une journée a regroupé plusieurs représentants des jeunes de la ville d’Abéché. Placée sous le thème de “l’engagement de la culture de paix au sein de la jeunesse”, la rencontre a permis aux jeunes de partager leurs idées.
Le paneliste Saleh Souloum a invité les jeunes à avoir un esprit d’unité nationale entre eux, à faire preuve d’amour et de cohésion sociale afin de bâtir un Tchad meilleur.
Il a expliqué que l’engagement civique et électoral n’est pas l’affaire seulement des dirigeants mais qu’il revient à chaque jeune de s’impliquer pour apporter sa contribution.
Le président de l’Association étoiles des jeunes d’Abéché, Hassan Abdoulaye Hassan, a fait un bref aperçu des réalisations de son organisation, avant de se pencher sur le bienfondé de la culture de la paix.