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Des milliers de personnes manifestent en France contre la loi “sécurité globale”

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Un article de Europe 1

Des milliers de manifestants sont descendus dans la rue, samedi, pour protester contre la proposition de loi sur la “sécurité globale”. Le texte, très controversé, pénalise notamment la diffusion de l’image des forces de l’ordre si elle porte “atteinte” à leur “intégrité physique ou psychique”.

“Même pas drone”, “Orwell was right”, “floutage de gueule” : une vingtaine de manifestations contre la proposition de loi “sécurité globale” ont rassemblé plusieurs milliers de personnes samedi à Lille, Rennes, Paris ou encore Montpellier. Les manifestants ont en particulier pris pour cible la mesure pénalisant la diffusion de l’image des forces de l’ordre si elle porte “atteinte” à leur “intégrité physique ou psychique”, adoptée dans un climat tendu à l’Assemblée nationale vendredi soir.

En début d’après-midi, le principal cortège s’était formé place du Trocadéro, à Paris, au milieu d’un important dispositif policier. Sur la place noire de monde, dont nombre de “gilets jaunes”, flottaient les drapeaux du PCF, d’EELV, de FO, du NPA, ou encore une banderole d'”Extinction rébellion” et une autre de Mediapart. “On nous dit qu’il faut limiter nos libertés pour le bien de tous mais là, ça va trop loin”, s’indigne Manuel Furtado, “outré” par le texte.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour un article sur ce sujet en anglais.)

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How effective are mass protest marches?

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“Une loi qui menace la liberté d’informer”

A Lille, quelque 800 personnes selon la préfecture se sont rassemblées, s’insurgeant contre le fameux article 24 sur la possibilité de filmer et diffuser des images des forces de l’ordre. “C’est une loi faite par la police” qui “menace la liberté d’informer, de s’exprimer, de manifester”, a estimé Maud, étudiante de 27 ans. “Il y a une volonté de brimer la libre expression des opinions”, a aussi dénoncé Philippe Vervacke, militant à la Ligue des droits de l’Homme. “Les policiers sont des agents de l’État, ils doivent pouvoir répondre de ce qu’ils font”, estimait pour sa part Julie, 46 ans, au chômage

“Dictature en marche”, “big brother is watching you”, “plus de sécurité sociale, moins de sécurité globale”, “des vidéos pas des lacrymo”, pouvait-on lire sur les pancartes brandies par les manifestants. A Rennes, plus d’un millier de personnes se sont rassemblées place de la République, selon les organisateurs. De nombreux jeunes étaient présents avec des pancartes “Baissez vos armes, nous baisserons nos téléphones”, “L’appareil photo, lui, n’a jamais tué personne”, “Loi totalitaire globale” ou “1984 n’était pas censé être un mode d’emploi”.

Un texte “aux relents autoritaires”

Avec ce “texte aux relents autoritaires”, “la porte est ouverte au musellement de l’information par le pouvoir en place quel qu’il soit”, a estimé Stéphane de Vendeuvre, co-président du club de la presse de Bretagne, assurant que cette manifestation n’était que “le début d’une longue contestation”. “Cette loi est une loi scélérate (…) qui intervient dans un contexte déjà dramatique pour la liberté de la presse dans ce pays”, a abondé Tristan Malle, secrétaire général du syndicat de journalistes SGJ-FO. Une partie des manifestants a tenté de partir en cortège, mais a vite été arrêtée par la police qui a fait usage de gaz lacrymogènes.

A Montpellier, environ 1.300 manifestants (selon la préfecture) ont défilé en fin de matinée, avec également de nombreux slogans comme “Police sans contrôle, population sous contrôle”. “Observer ce qui se passe, vérifier que les forces de police ne commettent pas d’actions dangereuses, c’est la moindre des choses quand on est journaliste”, a estimé Gil Martin, 49 ans, journaliste à Actu.fr, auprès de l’AFP.

“Le but de Macron est de droitiser le débat au maximum”

Pour Sophie Mazas, présidente de la Ligue des Droits de l’Homme de Montpellier, “la loi sécurité globale nous fait basculer dans une société autoritaire, qui cible la population”. Julien Brès, cadre commercial de 44 ans, a estimé que “sortir cette loi maintenant, c’est un calcul opportuniste du gouvernement, dans le seul but de préparer dans un an et demi le duel Macron-Le Pen à la présidentielle 2022”. “Le but de Macron est de droitiser le débat au maximum”, a-t-il ajouté.

Amnesty International: Laissés pour compte dans la réponse au COVID-19, les réfugié·e·s sont confrontés à la famine

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Amnesty International

Le traitement inhumain réservé aux personnes réfugiées et migrantes menace de porter un coup d’arrêt aux progrès dans la lutte contre la propagation du COVID-19, a déclaré Amnesty International le 14 mai 2020, redoutant que les camps et les centres de détention surpeuplés ne deviennent les nouveaux épicentres du virus si des mesures urgentes ne sont pas mises en œuvre. Elle affirme que les confinements et les restrictions de déplacements aggravent les conditions de vie déjà difficiles, exposant des millions de personnes au risque de famine et de maladie.

Amnesty International demande une action mondiale concertée en vue d’offrir à des centaines de milliers de personnes migrantes un accès suffisant à la nourriture, à l’eau, aux installations sanitaires et à des soins de santé nécessaires à leur survie, alors que de nombreux pays se préparent au déconfinement.

« Comment contenir efficacement ce virus lorsque tant de gens dans le monde vivent dans des camps et des centres de détention surpeuplés et insalubres ? Alors que nous avons tant besoin de compassion et de coopération, certains gouvernements intensifient la discrimination et les atteintes aux droits humains : ils empêchent les livraisons d’eau et de denrées alimentaires, incarcèrent des personnes ou les renvoient vers la guerre et les persécutions, a déclaré Iain Byrne, responsable de l’équipe Droits des réfugiés et migrants à Amnesty International.

« Dans de nombreux camps, le risque de mourir de faim serait désormais une plus grande menace que le virus lui-même. Il s’agit d’un renoncement à la responsabilité collective de protéger les réfugié·e·s et les migrant·e·s, et nous invitons les États à agir immédiatement afin d’empêcher que la situation ne dégénère en catastrophe des droits humains.

De nombreux gouvernements prennent des mesures motivées par la discrimination et la xénophobie, qui exposent inutilement les réfugié·e·s à la faim et à la maladie.

En Bosnie, dans le camp de Vucjuk, les autorités locales ont délibérément coupé l’alimentation en eau pour réinstaller de force les habitant·e·s. La plupart vivent dans des situations économiques précaires et ont encore plus de difficultés à subvenir à leurs besoins du fait des confinements et des couvre-feux.  En Jordanie, dans le camp de Zaatari, le confinement empêche complètement les gens de travailler : pas de nourriture et pas de revenus pour acheter les produits de première nécessité. En avril, les personnes installées dans des camps de fortune  à Calais, en France, ne recevaient pas suffisamment de livraisons de nourriture et d’eau et, en raison du confinement et des restrictions des déplacements, ne pouvaient pas aller s’en acheter, même si elles avaient l’argent nécessaire.

(Cliquez ici pour une version espagnole de cet article, ou ici pour une version anglaise.)

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How can we work together to overcome this medical and economic crisis?

De nombreux gouvernements continuent de placer inutilement en détention des demandeuses et demandeurs d’asile, les exposant au risque de contracter le COVID-19. Il n’y a pas suffisamment de tests ni d’équipements de protection pour le personnel et les personnes détenues, et la maladie et la mort pourraient se répandre comme une traînée de poudre. Les personnes détenues dans les centres pour migrants  en Australie  supplient d’être libérées, car elles craignent que des membres du personnel qui n’ont pas d’équipements de protection individuels (EPI) ne fassent entrer le virus à leur insu.

D’autres gouvernements bafouent le droit international en renvoyant de force des personnes vers le danger, sous prétexte de faire barrage au COVID-19.

S’appuyant sur une politique opportuniste et hostile aux migrants, les États-Unis ont renvoyé 10 000 personnes  deux heures après leur arrivée sur le sol américain, entre le 20 mars et le 8 avril. La Malaisie a refoulé  un bateau transportant des Rohingyas en quête de sécurité. Le Bangladesh l’a finalement autorisé à accoster, mais 30 passagers au moins seraient morts, l’embarcation ayant dérivé en mer pendant deux mois. Actuellement, des informations font état de centaines de personnes ayant besoin d’urgence d’opérations de recherche et de sauvetage.

Renvoyer des personnes dans des pays où l’on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’elles subissent des persécutions, des actes de torture et d’autres traitements cruels et dégradants équivaut à un refoulement, ce qui est illégal au titre du droit international. Il n’existe pas de circonstances dans lesquelles le principe de non-refoulement ne s’applique pas.

Amnesty International engage les gouvernements à :

* fournir suffisamment de nourriture et d’eau, et dispenser des soins de santé adaptés aux personnes vivant dans les camps et placées en quarantaine

* envisager la régularisation provisoire de tous les migrants, quel que soit leur statut au niveau des papiers, veiller à ce que les mesures de relance économique et les protections s’appliquent aux demandeurs·euses d’asile et aux réfugié·e·s, et continuer d’autoriser la réinstallation lorsque cela est possible

* désengorger les camps, les centres de détention pour migrants et les campements informels, et reloger les habitant·e·s dans des conditions dignes et salubres, garantissant un accès adéquat aux soins de santé, à la nourriture et à l’eau. Les migrant·e·s détenus doivent être libérés lorsque leur droit à la santé ne peut être garanti en détention.

* Respecter le droit de demander l’asile et le principe de non-refoulement.

« Les gouvernements clament haut et fort que nous sommes tous ensemble face au virus. Ce sont des paroles vides de sens s’ils ne se mobilisent pas pour protéger les millions de personnes à travers le monde qui endurent cette pandémie loin de leurs foyers et des êtres qui leur sont chers, a déclaré Iain Byrne.

« Un gouvernement qui laisse des réfugié·e·s mourir de faim ou de soif durant le confinement échoue lamentablement dans la gestion de cette crise. »

Amnesty International: Comment les droits humains peuvent aider à nous protéger de COVID-19

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Amnesty International

La manière dont les gouvernements décident de répondre à la pandémie de COVID-19 aura un impact sur les droits fondamentaux de millions de personnes.

Amnesty International suit de près les réponses des gouvernements à cette crise. Ce sont là des circonstances extraordinaires, mais il est important de se rappeler que le droit relatif aux droits humains est toujours en vigueur. En effet, cela nous aidera à traverser cette crise tous ensemble.

Voici un rapide tour d’horizon de la manière dont des droits humains peuvent aider à nous protéger, et des obligations des gouvernements en lien avec cette pandémie.

Droit à la santé

La plupart des gouvernements ont ratifié au moins un traité relatif aux droits humains qui les oblige à garantir le droit à la santé. Entre autres choses, cela signifie qu’ils ont l’obligation de prendre toutes les mesures nécessaires pour la prévention, le traitement et le contrôle des maladies.

Dans le contexte d’une épidémie qui se propage, cela signifie veiller à ce que des soins, des biens et des services de prévention soient disponibles pour toutes et tous.

À Hong Kong, l’un des premiers endroits frappés par le COVID-19, une ONG locale a noté que près de 70 % des familles à faible revenus ne pouvaient pas se permettre d’acheter l’équipement de protection recommandé par le gouvernement, notamment des masques et du désinfectant. Si les États recommandent l’usage de ces équipements, ils doivent s’assurer que tout le monde puisse y accéder.

Accès à l’information

C’est un aspect essentiel du droit à la santé, mais nous avons déjà pu observer des gouvernements qui l’ignoraient.

En décembre 2019, des médecins à Wuhan, en Chine, là où le virus a fait son apparition, ont fait part à leurs collègues de leurs craintes au sujet de patients présentant des symptômes respiratoires. Ils ont immédiatement été réduits au silence et sanctionnés par les autorités locales pour « propagation de rumeurs ».

Pendant ce temps, dans l’État de Jammu-et-Cachemire, les autorités ont ordonné la poursuite des restrictions des services Internet, malgré l’augmentation du nombre de cas. Cela rend l’accès très difficile pour la population aux informations vitales sur la prévalence et la propagation du virus, ainsi que sur les moyens pour se protéger.

Tout le monde a le droit d’être informé sur la menace que représente le COVID-19 sur sa santé, sur les précautions à prendre pour atténuer les risques, et sur les mesures prises pour répondre à la crise. Si ce n’est pas garanti, cela affaiblit la réponse en matière de santé publique et met la santé de tout le monde en danger.

Droit au travail et droit du travail

Les personnes occupant des emplois précaires sont affectées de manière disproportionnée par la pandémie, qui commence déjà à avoir un impact colossal sur la population et sur l’économie. Les travailleurs et travailleuses migrants, les personnes qui travaillent dans l’économie des petits boulots, et les personnes du secteur informel sont plus susceptibles de voir leur droit au travail et leur droit du travail affectés négativement, en conséquence du COVID-19 et des mesures prises pour le contrôler.

(Cliquez ici pour une version espagnole de cet article, ou ici pour une version anglaise.)

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How can we work together to overcome this medical and economic crisis?

Les gouvernements doivent veiller à ce que tout le monde ait accès à la sécurité sociale, y compris à des arrêts maladie, des soins de santé et des congés parentaux, dans les cas où des personnes ne seraient pas en mesure de travailler à cause du virus. Ces mesures sont également essentielles pour aider la population à respecter les mesures de santé publique mises en place par les États.

Les professionnels de la santé sont en première ligne de cette pandémie, et continuent de fournir des services malgré les risques personnels pour eux et leurs familles, et les gouvernements sont tenus de les protéger. Ces obligations comprennent le fait de fournir des équipements de protection personnelle adaptés et de bonne qualité, des informations, des formations et un soutien psycho-social à tout le personnel d’intervention. Des personnes travaillant dans d’autres secteurs, notamment le personnel pénitentiaire, ont également un risque d’exposition au virus élevé, et doivent être protégées.

Impact disproportionné sur certains groupes

Tout le monde peut attraper le COVID-19, mais certains groupes semblent être plus susceptibles de développer une version grave de la maladie et d’en mourir. Les personnes âgées et les personnes ayant des problèmes de santé prééxistants sont notamment concernées. Il est également probable que d’autres groupes marginalisés, comme les personnes vivant dans la pauvreté, les personnes en situation de handicap et les personnes en détention, dont les personnes migrantes et demandeuses d’asile, soient confrontés à des difficultés supplémentaires pour se protéger et accéder à des traitements.

Par exemple, les personnes sans domicile auront plus de difficulté à s’auto-isoler, et les personnes qui n’ont pas accès à des installations sanitaires adéquates auront un risque plus élevé de contracter le virus.

Au moment de concevoir les réponses au COVID-19, les États doivent veiller à ce que les besoins et les expériences des groupes spécifiques soient pris en compte.

Stigmatisation et discrimination

Selon les médias, les personnes originaires de Wuhan ont été confrontées à un harcèlement et une discrimination généralisés en Chine. Elles ont notamment été rejetées d’hôtels ou barricadées dans leur propre appartement, et les informations personnelles de certaines personnes ont été divulguées sur Internet.

En outre, de nombreuses informations font état d’actes xénophobes hostiles aux Chinois et aux Asiatiques dans d’autres pays, notamment de la part du président des États-Unis Donald Trump qui désigne régulièrement le COVID-19 sous le nom de « virus chinois ». À Londres, un étudiant de Singapour a été frappé violemment lors d’une attaque à caractère raciste. Il n’y a aucune excuse pour le racisme ou la discrimination. Les gouvernements du monde entier doivent adopter une politique de tolérance zéro à l’égard des attaques racistes contre toute personne.

Pendant ce temps, le président Donald Trump a utilisé la pandémie pour justifier ses politiques racistes et discriminatoires, et il prévoirait une interdiction généralisée de toute traversée de la frontière mexicaine par des demandeurs d’asile.

Une telle interdiction de l’asile irait à l’encontre des obligations légales du pays au regard du droit national et international, et ne servirait qu’à diaboliser les personnes en quête de sécurité. En 2018, une interdiction similaire avait été déclarée illégale par tous les tribunaux qui l’avaient examinée.

En outre, en période de crise sanitaire, les gouvernements doivent agir  pour protéger la santé de toutes les personnes et veiller à ce que tout le monde ait accès aux soins et à la sécurité, sans subir de discriminations. Cela doit également inclure les personnes en mouvement, peu importe leur situation au regard de la législation sur l’immigration.

Le monde n’a qu’un seul moyen de combattre cette épidémie : la solidarité et la coopération au-delà des frontières. Le COVID-19 doit nous unir, pas nous diviser.

(Merci à Good News Agency pour avoir nous informer de cet article.)

Amnesty International: Une génération de jeunes militant·e·s reprend le flambeau contre le durcissement de la répression en Asie

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Amnesty International

Une vague de manifestations initiées par la jeunesse en Asie brave la répression croissante qui s’abat sur tout le continent, notamment sur la liberté d’expression et de réunion pacifique, a déclaré Amnesty International le 29 janvier 2020 à l’occasion de la publication de son rapport annuel sur la situation des droits humains dans la région.

Intitulé Human Rights in Asia-Pacific: Review of 2019, il présente une analyse précise de l’évolution des droits humains dans 25 États et territoires, et illustre la lutte de toute une nouvelle génération de militants et militantes contre la violente répression visant la dissidence, les campagnes toxiques orchestrées sur les réseaux sociaux et la censure politique généralisée.

« 2019 fut en Asie une année de répression, mais aussi de résistance. Alors que les gouvernements à travers le continent s’efforcent de déraciner les libertés fondamentales, les citoyens se mobilisent – et les jeunes sont en première ligne de la lutte, a déclaré Nicholas Bequelin, directeur régional d’Amnesty International pour l’Asie de l’Est, l’Asie du Sud-Est et le Pacifique.

« Des étudiant·e·s de Hong Kong qui protestent en masse contre la mainmise croissante de la Chine sur la région administrative aux étudiant·e·s d’Inde qui manifestent contre les politiques hostiles aux musulmans, des jeunes électeurs et électrices thaïlandais venus gonfler les rangs d’un nouveau parti d’opposition aux manifestant·e·s pour l’égalité des personnes LGBTI à Taïwan : en ligne et sur le terrain, les mouvements populaires menés par la jeunesse remettent en cause l’ordre établi. »

La résistance de Hong Kong résonne à travers le monde

La Chine et l’Inde, les deux grandes puissances d’Asie, ont donné le ton de la répression
dans la région en rejetant ouvertement les droits humains. Le soutien de Pékin au projet de loi sur l’extradition à Hong Kong, texte conférant au gouvernement local le pouvoir de transférer des suspects vers la Chine continentale, a suscité un mouvement de protestation d’une ampleur sans précédent sur le territoire.

Depuis le mois de juin, une partie de la population de Hong Kong descend régulièrement dans les rues pour réclamer le respect de l’obligation de rendre des comptes face aux méthodes brutales de maintien de l’ordre, notamment l’utilisation injustifiée de gaz lacrymogènes, les arrestations arbitraires, les agressions physiques et les atteintes aux droits humains en détention. Cette lutte contre l’ordre établi a fait ricochet sur tout le continent.

En Inde, des millions de personnes ont contesté une nouvelle loi discriminatoire à l’égard des musulmans et manifesté pacifiquement. En Indonésie, des citoyens et citoyennes se sont rassemblés pour protester contre la promulgation par le Parlement de plusieurs lois menaçant les libertés publiques. En Afghanistan, les manifestant·e·s se sont mis en danger pour exiger la fin du conflit qui sévit de longue date dans le pays. Au Pakistan, le Mouvement pour la protection des Pachtounes (PTM), mouvement non violent, a défié la répression étatique pour se mobiliser contre les disparitions forcées et les exécutions extrajudiciaires.

La dissidence se heurte à la répression

Les contestations et la dissidence pacifiques ont fréquemment fait l’objet de représailles de la part des autorités.

Les manifestant·e·s ont été confrontés aux arrestations et à l’incarcération au Viêt-Nam, au Laos, au Cambodge et en Thaïlande, les gouvernements répressifs en Asie du Sud-Est ayant pris diverses mesures pour réduire au silence leurs opposants et museler les médias.

En Indonésie, plusieurs personnes ont trouvé la mort lorsque la police a réprimé des manifestations en faisant usage d’une force excessive. Pourtant, les autorités n’ont pas fait grand-chose pour amener les responsables présumés à rendre des comptes. Aucun policier n’a été arrêté ni aucun suspect identifié.

Au Pakistan et au Bangladesh, des militant·e·s et des journalistes ont été pris pour cibles par des lois draconiennes qui restreignent la liberté d’expression et sanctionnent la dissidence en ligne.

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What is the state of human rights in the world today?

Et à Hong Kong, pour écraser les manifestations pacifiques, la police a employé des méthodes dangereuses sans discrimination, notamment la torture en détention. Les demandes d’ouverture d’une enquête digne de ce nom sur la conduite des forces de l’ordre n’ont toujours pas été entendues.

« Les manœuvres des autorités visant à écraser toute forme de critique et à bâillonner la liberté d’expression s’avèrent tout aussi impitoyables qu’imprévisibles, et les personnes osant s’exprimer contre ces gouvernements répressifs en paient souvent le prix fort, a déclaré Biraj Patnaik, directeur pour l’Asie du Sud à Amnesty International.

« Les autorités répondent aux habitant·e·s de la région Asie-Pacifique que leurs aspirations à des sociétés plus équitables sont fantaisistes, qu’il est impossible de remédier aux inégalités économiques, que le réchauffement climatique est inexorable et les catastrophes naturelles inévitables. Surtout, la population s’entend dire que remettre en cause ce discours ne sera pas toléré », a déclaré Biraj Patnaik.

Les minorités sentent le poids d’un nationalisme intolérant

En Inde et en Chine, le simple risque d’insubordination dans des régions théoriquement autonomes a suffi à déclencher la répression d’État, les minorités étant commodément taxées de menaces pour la « sécurité nationale ».

Dans la province chinoise du Xinjiang, jusqu’à un million de Ouïghours et d’autres membres de minorités ethniques à majorité musulmane ont été enfermés de force dans des camps de « déradicalisation ».

Le Cachemire, seul État indien à majorité musulmane, a vu son statut particulier d’autonomie révoqué, lorsque les autorités ont imposé le couvre-feu, coupé l’accès à toutes les communications et arrêté les leaders politiques.

Au Sri Lanka, où des violences contre la population musulmane ont éclaté au lendemain des attentats du dimanche de Pâques, l’élection du président Gotabaya Rajapaksa a affaibli les espoirs d’avancées en termes de droits humains. Un autre homme fort autoproclamé, le président philippin Rodrigo Duterte, a poursuivi sa « guerre contre la drogue » meurtrière.

Les gouvernements ont tenté de justifier la répression en diabolisant leurs détracteurs et en les faisant passer pour des pions des « puissances étrangères », et ils ont renforcé cette répression au moyen de campagnes sophistiquées sur les réseaux sociaux. Ni l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) ni l’Association sud-asiatique pour la coopération régionale (ASACR), les deux principaux organismes de la région, n’ont tenté d’amener leurs membres à rendre des comptes, même en cas de violations flagrantes des droits humains.

Il échoit à la Cour pénale internationale d’enquêter sur les crimes contre l’humanité commis contre les Rohingyas par l’armée du Myanmar dans l’État d’Arakan en 2017. La Cour examine également les milliers d’homicides commis par des policiers aux Philippines, ainsi qu’un appel de sa décision de refuser l’ouverture d’une enquête sur des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité en Afghanistan.

Par ailleurs, dans le Pacifique, du fait de la politique de détention à l’étranger menée par l’Australie, des personnes réfugiées ou demandeuses d’asile croupissent dans des conditions physiques et psychologiques se dégradant, sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, et à Nauru.

Des avancées contre toute attente

Les personnes qui dénoncent ces atrocités sont régulièrement sanctionnées, mais leur mobilisation fait la différence. Dans de nombreux cas, les initiatives visant à faire progresser les droits humains en Asie se sont avérées payantes.

À Taïwan, le mariage entre personnes de même sexe est devenu légal, grâce au travail de campagne soutenu mené par les militant·e·s. Au Sri Lanka, des avocat·e·s et des militant·e·s ont mené avec succès une campagne contre la reprise des exécutions.

Le Brunéi Darussalam a été contraint de faire marche arrière quant à l’application de lois rendant l’adultère et les relations homosexuelles passibles de lapidation, tandis que l’ancien Premier ministre de Malaisie, Najib Razak, a été traduit en justice pour corruption – une première.

Le gouvernement pakistanais a promis de lutter contre le dérèglement climatique et la pollution de l’air et, pour la première fois, deux femmes ont été nommées juges pour siéger à la Cour suprême des Maldives.

À Hong Kong, la force de la contestation a contraint le gouvernement à retirer le projet de loi sur l’extradition. Pourtant, l’obligation de rendre des comptes étant bafouée pour les violences infligées aux manifestant·e·s depuis des mois, la lutte continue.

« En 2019, en Asie, les personnes qui manifestaient ont été blessées, mais pas brisées. Elles ont été muselées, mais pas réduites au silence. Et ensemble, elles ont adressé un message de résistance aux gouvernements qui continuent de bafouer les droits humains dans le but de consolider leur mainmise sur le pouvoir », a déclaré Nicholas Bequelin.

Le PAYNCoP Gabon Plaide pour l’Implication des Jeunes au Sein de la Commission Nationale des Droits de l’Homme

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A CPNN de Jerry Bibang, le Coordonnateur National du PAYNCoP

La Coordination Nationale du Réseau Panafricain des Jeunes pour la Culture de la Paix (PAYNCoP Gabon) a pris part, du 26 au 27 novembre 2019, à un atelier de sensibilisation sur les Institutions Nationales des Droits de l’Homme (INDH).

Organisé par le Ministère en charge des Droits de l’homme et la Commission Nationale des Droits de l’Homme (CNDH) avec l’appui du Bureau Régional des Nations Unies pour l’Afrique Centrale (UNOCA) et le Centre Régional des Nations Unies pour la Démocratie et les Droits de l’Homme en Afrique Centrale (CARO), cette rencontre a réunis plusieurs experts notamment ceux du Système des Nations Unies, du Gouvernement, de la Commission Nationale des Droits de l’Homme ainsi que ceux des Organisations de la Société Civile.

(Cliquez ici pour une version anglaise.)

“L’objectif est de rendre opérationnelle la CNDH à travers le partage de bonnes pratiques et les contributions des uns et des autres” a indiqué le Représentant de l’UNOCA au début de l’atelier.

Au cours des travaux, le PAYNCoP Gabon a plaidé pour une implication plus accrue des Organisations de la Société Civile notamment celles qui représentent les jeunes. Dans ce sens, le Coordonnateur National a suggéré de modifier le critère d’âge qui fixe l’âge minimum de 40 ans pour être commissaire à la CNDH.

S’il est possible d’être député ou Ministre à 35 ans au Gabon, pourquoi fixer l’âge des commissaires de la CNDH à 40 au minimum, s’est interrogé Jerry Bibang. “Cette disposition constitue un facteur d’exclusion et une violation du droit à la participation des jeunes dans la gestion des affaires publiques,” a-t-il expliqué. Elle est d’ailleurs opposée aux instruments juridiques régionaux et internationaux qui encouragent la participation des jeunes notamment la Charte Africaine de la Jeunesse et la résolution 2250 (jeunes, paix et sécurité) du Conseil de sécurité des Nations Unies, a-t-il ajouté avant d’insister sur le fait qu’il convient de prendre en compte la composante jeunesse dans la reforme actuelle de la Commission Nationale des Droits de l’Homme.

Les différentes propositions de cet atelier visent à modifier le texte portant création et organisation de la CNDH du Gabon afin de la mettre aux normes internationales, notamment les principes de Paris. Le projet de texte modifier sera remis très prochainement aux autorités compétentes.

Le PAYNCoP Gabon S’Associe au Conseil National de la Jeunesse pour dire Stop aux Violences sur les Jeunes

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A CPNN de Jerry Bibang, le Coordonnateur National du PAYNCoP

Face à la recrudescence des violences sur les jeunes au Gabon, la Coordination Nationale du Réseau Panafricain des Jeunes pour la Culture de la Paix (PAYNCoP Gabon) et le Conseil National de la Jeunesse du Gabon (CNJG) se sont associés, samedi 26 octobre, pour condamner fermement ce phénomène qui porte atteinte à la jeunesse gabonaise. C’était au cours d’un point de presse qui a eu l’adhésion de plusieurs organisations de jeunesse du Gabon.

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Rights of the child, How can they be promoted and protected?

Au cours de cette déclaration, lue par Fernandez Ona, le Président du CNJG, les jeunes leaders ont rappelé les dispositions juridiques internationales relatives à la protection de l’enfant notamment l’article 16 de la Charte Africaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant qui dispose que : « Les Etats parties à la présente charte prennent des mesures législatives, administratives, sociales et éducatives spécifiques pour protéger l’enfant contre toute forme de torture, traitement inhumain et dégradant, et en particulier toute forme d’atteinte ou d’abus physique ou mental, de négligence ou de mauvais traitement, y compris les sévices sexuels, lorsqu’il est confié à la garde d’un parent, d’un tuteur légal, de l’autorité scolaire ou de toute autre personne ayant la garde de l’enfant. »

Aussi, L’agenda 2040 de l’Union Africaine sur les droits et le bien-être de l’Enfant africain, en son aspiration 7, exhorte aux Etats-Partis d’assurer la protection contre toutes les formes de violence à l’endroit des enfants. Dans le même sens, la Constitution de la République, en son Préambule, réaffirme la nécessité d’assurer et de protéger l’intégrité physique et morale de la jeunesse.

« En dépit de ce dispositif normatif, force est de constater pour le regretter, la récurrence des cas de violences à l’endroit des jeunes sur le territoire national » a souligné Jerry Bibang, le Coordonnateur National du PAYNCoP. « Ces violences sont multiples et variées, notamment les violences physiques, sexuelles, économ

Le PAYNCoP Gabon et AFRICTIVITES édifient les organisations de la société civile sur la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP)

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de Jerry Bibang, le Coordonateur National du PAYNCoP Gabon

Dans le cadre de la célébration du mois africain de la justice, le Mouvement Citoyen pour la Bonne Gouvernance au Gabon (MCB2G) et le Réseau Panafricain des Jeunes pour la Culture de la Paix (PAYNCoP), en partenariat avec les Africtivistes, ont organisé, le samedi 10 aout, une conférence publique sur le thème “Commission Africaine des Droits de l’Homme et des peuples et accès à la justice : mécanisme pour ce droit fondamental.”


(Cliquez sur le photo pour l’élargir.

Animée par Maitre Paulette Oyane Ondo, avocate et défenseure des Droits de l’homme, la rencontre qui s’est tenue au Centre Culturel de Glass a regroupé plusieurs responsables d’Ong et associations œuvrant pour la défense et la promotion des Droits de l’Homme.

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How can human rights be defended?

Dans son allocution de circonstance, Jerry Bibang, le Coordonateur Général du MCB2G et Coordonateur National du PAYNCoP Gabon a insisté sur le contexte de cette rencontre : “l’activité qui nous réunis ce jour s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du programme intitulé. ‘Local Initiative for Justice’ qui vise à mettre en place un cadre de dialogue, d’échange, de discussion et de débat autour des problématiques de droits de l’homme et des peuples. Ce programme, piloté par la plate forme Africtivistes, se compose de 5 grandes sessions qui se tiendront successivement au Gabon, au Congo, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et au Cameroun.”

A travers ce programme, “les Africtivistes et toutes les parties prenantes souhaitent mieux faire connaitre la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) qui reste encore peu connu du grand public,” a-t-il ajouté.

Prenant la parole, Maitre Paulette Oyane Ondo a commencé par un rappel historique avant d’aborder la composition, le fonctionnement, les mécanismes et les conditions de saisine de la CADHP. Pour l’avocate, la Commission, créée en 1987 en Ethiopie, assure essentiellement la promotion, la protection, la garantie et le respect des Droits de l’Homme en Afrique. Son outil de base est la Charte africaine des Droits de l’Homme et des peuples.

La commission fait également office de juridiction entre Etats ou en cas de différent entre un Etat et un individu ou un groupe de personne vivant en Afrique. Si la commission est accessible à tous, il existe toutefois des conditions pour qu’elle se saisisse d’une affaire. La première condition est que le pays mis en cause ait ratifié la Charte africaine des Droits de l’homme ; et la deuxième est que la plainte soit liée à une violation du texte de base. L’avocate a profité de l’occasion pour relever le mutisme et l’absence de la société civile gabonaise auprès de la CADHP, avant de répondre aux nombreuses questions des participants.

En marge de cette communication, le public a également eu droit à la présentation de la plate forme Africtivistes, assurée par Boursier Tchibinda, l’un des membres de cette organisation panafricaine ainsi que la présentation du MCB2G, par Joanie Mahinou, la Coodonatrice générale adjointe de cette Ong.

Amnesty International: Les politiques opprimantes et sexistes ont galvanisé le combat pour les droits des femmes en 2018

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Amnesty International

Les militantes à travers le monde se sont trouvées en première ligne du combat pour la défense des droits humains en 2018, a déclaré Amnesty International le 10 décembre, à l’occasion du lancement de son bilan sur la situation des droits humains durant l’année écoulée.


Photo copyright REUTERS/Vincent West

L’organisation de défense des droits humains met par ailleurs en garde contre le fait que les mesures prises par des dirigeants « durs à cuire », qui promeuvent des politiques misogynes, xénophobes et homophobes, ont mis en péril des libertés et des droits pourtant acquis de longue date.

« En 2018, nous avons vu nombre de ces dirigeants “durs à cuire” tenter de saper le principe même d’égalité, qui constitue le socle des droits humains. Ils pensent que leurs politiques font d’eux de vrais durs, mais elles ne sont guère plus que des stratégies d’intimidation visant à diaboliser et à persécuter des populations déjà marginalisées et vulnérables », a déclaré Kumi Naidoo, secrétaire général d’Amnesty International.

« Ce sont les militantes qui ont cette année fait preuve de la plus puissante détermination à combattre ces dirigeants répressifs. »

Amnesty International expose donc les résultats de son analyse dans un document intitulé Les droits humains aujourd’hui, qui présente la situation de ces droits dans sept régions du monde : l’Afrique, les Amériques, l’Europe et l’Asie centrale, l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, l’Asie de l’Est, l’Asie du Sud et l’Asie du Sud-Est. Le lancement de ce compte rendu marque le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, qui constitue la première déclaration mondiale des droits et qui a été adoptée en 1948 par des gouvernements du monde entier.

2018 : le soulèvement des femmes

Le pouvoir grandissant de la voix des femmes ne doit pas être sous-estimé, indique ce document. Si les mouvements de défense des droits des femmes sont bien établis, ce sont les militantes qui ont porté les principales causes du combat pour les droits fondamentaux durant l’année écoulée. Et des organisations menées par des femmes, telles que Ni una menos en Amérique latine, ont galvanisé des mouvements de masse d’une ampleur totalement inédite concernant des questions liées aux femmes.

En Inde et en Afrique du Sud, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre les violences sexuelles endémiques. En Arabie saoudite et en Iran, des militantes ont bravé le risque d’une arrestation en résistant, respectivement, à l’interdiction de conduire et à l’obligation de porter le hijab (voile islamique). En Argentine, en Irlande et en Pologne, de très nombreuses personnes se sont rassemblées pour réclamer la suppression de lois répressives sur l’avortement. Aux États-Unis, en Europe et dans certains pays d’Asie, des millions des personnes ont participé à la deuxième marche des femmes organisée dans le cadre du mouvement #MeToo, demandant la fin de la misogynie et des atteintes aux droits des femmes.

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Question(s) related to this article:

What is the state of human rights in the world today?

Le rapport souligne toutefois que l’on ne peut pas célébrer « cette formidable montée du militantisme féminin » sans s’intéresser aux éléments moteurs qui ont conduit de si nombreuses femmes à se mobiliser pour exiger un changement.

« Les droits des femmes ont systématiquement été placés un échelon en dessous des autres droits et libertés par des gouvernements qui pensent pouvoir s’en tenir à de belles paroles à ce sujet et qui font très peu concrètement pour protéger les droits de la moitié de la population mondiale, a déclaré Kumi Naidoo.

« Pire encore, un grand nombre des gouvernants actuels à travers le monde ont lancé de nouvelles attaques contre les droits des femmes avec des discours misogynes et clivants. Ces dirigeants tentent de se justifier en expliquant qu’ils protègent des valeurs traditionnelles garantissant les intérêts de la famille, alors qu’en réalité ils défendent des programmes privant les femmes de l’égalité la plus fondamentale. »

Les droits humains aujourd’hui souligne qu’un nombre croissant de politiques et de lois visent à soumettre et à contrôler les femmes, en particulier en ce qui concerne la santé en matière de sexualité et de procréation. Ainsi, en Pologne et au Guatemala, les décideurs politiques défendent un durcissement des lois sur l’avortement, et aux États-Unis, la baisse des subventions versées aux centres de planning familial met en danger la santé de plusieurs millions de femmes.

Des militantes mettent en péril leur vie et leurs libertés pour attirer l’attention sur des injustices en matière de droits humains. Parmi elles figurent Ahed Tamimi, une adolescente palestinienne militante injustement emprisonnée pour avoir osé défendre son peuple ; Loujain al Hathloul, Iman al Nafjan et Aziza al Yousef, trois militantes actuellement détenues en Arabie saoudite pour avoir mené campagne en faveur des droits des femmes ; et Marielle Franco, qui a été assassinée au Brésil il y a quelques mois parce qu’elle s’est courageusement battue pour les droits humains.

2019 : une année charnière pour les droits des femmes

Kumi Naidoo insiste sur le fait que l’anniversaire, en 2019, de la déclaration des droits des femmes – la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes – représente une étape cruciale que le monde ne devra pas négliger.

Ce texte, qui aura 40 ans l’année prochaine, a été largement adopté. Pourtant, de nombreux gouvernements ne l’ont adopté qu’à la condition de pouvoir rejeter certaines dispositions essentielles destinées à garantir les libertés des femmes, comme celles relatives à la mise en place d’une politique nationale d’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes dans le droit et en pratique, ou celles portant sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes dans le mariage et dans les relations familiales.

Amnesty International demande aux gouvernements de prendre les mesures nécessaires pour protéger les droits des femmes, ce qui comprend non seulement le respect des normes internationales mais aussi la réforme des lois nationales néfastes, ainsi que des mesures assurant l’autonomisation des femmes et la protection de leurs droits.

« Le fait que de si nombreux pays n’aient que partiellement accepté cette déclaration des droits des femmes montre bien qu’un grand nombre de gouvernements pensent que la protection des droits des femmes se résume à un simple exercice de relations publiques visant à donner d’eux une belle image, alors qu’il s’agit d’une priorité qu’ils doivent traiter de toute urgence, a déclaré Kumi Naidoo.

« Partout dans le monde, en moyenne les femmes sont beaucoup moins bien payées que leurs confrères, bénéficient beaucoup moins de la sécurité de l’emploi, sont privées d’un accès à la représentation politique par ceux qui sont au pouvoir, et sont en butte à une violence sexuelle endémique dont les gouvernements continuent de ne pas se préoccuper. Pourquoi une telle situation ? Si nous vivions dans un monde où les hommes, et non les femmes, étaient soumis à cette persécution, cette injustice perdurerait-elle ?

« Je reconnais qu’Amnesty International peut et doit faire plus pour les droits des femmes. Alors que nous nous apprêtons à entrer dans l’année 2019, je pense que nous devons, maintenant plus que jamais, soutenir les mouvements de défense des droits des femmes, donner un écho aux voix des femmes dans toute leur diversité, et lutter pour que tous nos droits soient reconnus. »

(Merci à Janet Hudgins, le reporter du CPNN pour cet article.)

Enseignant(e)s et militant(e)s dénoncent les politiques migratoires américaines et tentent d’offrir des livres et des jeux aux enfants placés en détention

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Internationale de l’Education

Un groupe d’enseignant(e)s, de syndicalistes, de militant(e)s et de dignitaires religieux/euses s’est rendu dans un centre de détention situé à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour offrir des livres, des jeux et des cadeaux aux enfants incarcérés par les autorités migratoires américaines.

Cette délégation avait pour objectif de dénoncer le caractère cruel, inhumain et traumatisant de la séparation entre enfants et parents, les conditions de détention illégales des mineur(e)s d’âge et les violations systématiques des droits humains des familles migrantes auxquelles se livrent les autorités américaines.

Sous le soleil accablant du Texas, les éducateurs/trices en provenance des deux côtés de la frontière entre les Etats Unis et le Mexique se sont rendu(e)s au centre de détention de Tornillo, où vivent actuellement plusieurs centaines d’enfants dans une série de tentes encerclées d’un mur de pierre et de fils barbelés, sous la surveillance des gardes armés du Département de la sécurité intérieure des Etats-Unis. 

Avant de rejoindre l’entrée du centre, la délégation de militant(e)s, composée de membres de l’American Federation of Teachers (AFT), du Sindicato Nacional de Trabajadores de la Educación (SNTE) et du Secrétaire général de l’Internationale de l’Education (IE) David Edwards, a participé à un rassemblement en vue de protester contre les politiques de séparation familiale et de détention illimitée, mises en place par le gouvernement américain.

Ce rassemblement, ainsi que la visite au centre, fait suite au décret migratoire promulgué par le Président Donald Trump, lequel n’a pris aucune mesure pour réunir les enfants et leurs parents et poursuit sa politique de détention des enfants, des mineur(e)s et des migrant(e)s cherchant asile. L’administration continue également à violer les lois internationales et à placer en détention des milliers d’enfants.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

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Questions for this article:

The post-election fightback for human rights, is it gathering force in the USA?

(. . . suite)

Les gardes armés protégeant l’entrée du centre ont refusé d’accepter les cadeaux (cahiers, ours en peluches, ballons de football) et n’ont pas autorisé les enseignant(e)s à entrer sur le site ou à rendre visite aux enfants. De même, les autorités américaines n’ont pas répondu à une lettre envoyée au préalable, demandant l’autorisation de remettre du matériel pédagogique aux enfants.

« Nous avons vu des gouvernements dans le monde maltraiter les populations migrantes et réfugiées, mais nous sommes scandalisé(e)s par le degré de cruauté, d’arrogance et de mépris des droits humains qu’affichent les autorités américaines », a fait remarquer David Edwards, Secrétaire général de l’IE.

Plusieurs ONG ont signalé que des enfants avaient été ligotés, menottés et forcés à prendre des médicaments et des somnifères. D’autres sont privés d’exercice et d’affection humaine. Leur situation est encore aggravée par le traumatisme à long terme engendré par le fait d’avoir été séparés de leurs parents, a expliqué Edwards:

« En tant que représentante des éducateurs et éducatrices, en tant que communauté de professionnels chargés de prendre soin des enfants, et en tant qu’organisation internationale engagée à défendre les droits humains, l’Internationale de l’Education condamne ce traitement violent et scandaleux des migrants et des enfants, et exige la cessation immédiate de ces mesures. En tant qu’éducateurs, notre mission consiste à accueillir, développer, encourager et inspirer les enfants. Et nous luttons également pour faire valoir leurs droits. »

La Présidente de l’AFT, Randi Weingarten, a déclaré: « Ces politiques sont caractéristiques des régimes tyranniques ou dictatoriaux, et non pas de nos démocraties… Ces agissements considérés comme une violation des droits humains fondamentaux ont causé de profondes séquelles traumatisantes. La communauté internationale doit réagir et prendre des mesures pour mettre un terme aux agissements odieux de cette administration. »

Juan Díaz de la Torre, Président du SNTE, également présent lors du rassemblement, a déclaré que, en tant qu’éducateurs/trices, « notre vocation va bien au-delà de l’enseignement dans les classes. Nous sommes des femmes et des hommes engagés à former les citoyens et citoyennes de demain. Le traitement inhumain enduré par ces enfants laissera des traces dans leur développement si nous n’intervenons pas immédiatement. »

Il a ajouté que si l’on souhaite apporter des solutions au problème de la migration, un processus/accord multilatéral est nécessaire, impliquant tous les pays qui accueillent ou expulsent les migrant(e)s. Tout le monde doit s’employer à trouver des solutions: « Même si les frontières paraissent nous diviser, nous partageons une vocation commune qui nous unit ».

Remarque – Vous vous demandez peut-être ce qu’il est advenu des cadeaux. Ils ont été remis aux organisations travaillant avec les enfants migrants dans la région frontalière.

(Merci a Janet Hudgins, le reporter de CPNN pour cet article.)

Le lauréat du prix Nobel prend la tête d’une marche homérique à travers l’Inde en faveur de la sécurité des enfants

DROITS DE L’HOMME .

Un article de Internationale de l’Education

Lorsque Kailash Satyarthi prend un engagement, rien ne peut l’arrêter, comme le montre la réponse de millions de personnes à son appel à mettre fin aux abus sexuels et la traite des enfants dans la plus grande marche qu’a connu le pays.

Le mois dernier, un nombre estimé à plus de 10 millions d’Indiens ont exprimé leur opposition aux abus subis par les enfants en marchant en masse à travers le pays.

Lancée par le lauréat du prix Nobel de la Paix, Kailash Satyarthi, Bharat Yatra, une marche visant à mettre fin aux abus sexuels et à la traite des enfants, a parcouru plus de 11.000 km à travers 22 Etats et territoires de l’Union, du 11 septembre au 16 octobre. 

« Le crime dont sont victimes nos enfants n’est pas ordinaire. Il s’agit d’une épidémie morale qui hante notre pays ainsi que le reste du monde que nous ne pouvons tolérer. Nous devons, en tant que nation, rompre notre silence, élever notre voix et nous unir », a déclaré Satyarthi.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

Questions for this article:

How to stop violence against children?

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C’est à Delhi, dernière étape de la marche, que Satyarthi s’est exprimé devant des milliers d’étudiant(e)s qui se sont engagé(e)s à soutenir la campagne. Il a été rejoint, à la fin de la marche, par le Secrétaire général de l’Internationale de l’Education Fred van Leeuwen, ami et partisan de longue date. Ensemble, Satyarthi, van Leeuwen et Sylvia Borren ont créé la Campagne mondiale pour l’éducation.

Assurer la sécurité des enfants en Inde est un immense défi. La campagne a sensibilisé l’opinion sur le fait que, chaque jour, 40 enfants étaient violés et 48 autres subissaient des abus sexuels, tandis que des centaines de milliers de mineur(e)s étaient victimes de la traite à des fins abominables.

La campagne vise avant tout à exhorter le gouvernement à intervenir davantage pour que la sécurité des enfants figure en tête des priorités.

Celle-ci a réuni des personnes de tous horizons, des milieux économiques et politiques, aux groupes de femmes et d’enseignant(e)s, en passant par les responsables religieux, les enfants et les parents.

(Merci à Janet Hudgins, le reporter de CPNN pour cet article.)

(Cliquez ici pour une version anglaise de cet article et ici pour une version en espagnol.)