Première édition du iFLAC World Peace Festival en Argentine

EDUCATION POUR LA PAIX .

Un article de Le Nouvelliste

Evans Okan, directeur général d’Educultura Educación Sin Fronteras et directeur international pour l’Amérique latine d’IFLAC World (Forum international pour la littérature et la culture de la paix), revient sur la première édition du IFLAC World Peace Festival qu’il a dirigé cette année en Argentine du 21 au 25 septembre 2022.


Ticket : En quoi consiste le iFLAC World Peace Festival ? (Parlez-nous un peu du festival ; Date de création, objectif, etc. ?)

Evans Okan : La première édition du iFLAC World Peace Festival, qui s’est déroulée à Buenos Aires, en Argentine, du 21 au 25 septembre de cette année, a réuni environ 30 poètes, artistes et leaders culturels, des pays tels que Sri Lanka, Argentine, Colombie, États-Unis d’Amérique, Brésil, Équateur, Mexique, Bolivie, Uruguay, Chili, Haïti, Paraguay, Porto Rico, entre autres. Cet événement international a été promu par plusieurs organisations culturelles et éducatives telles que Educultura, IFLAC World, Fundación FEPAIS, Universidad  de la Marina Mercante, La Casa del Poeta del Reino Unido, La casa de la Cultura de Buenos Aires  et  Asociación Civil Casa Paraguaya.

J’ai eu le grand honneur de diriger le festival cette année en tant que directeur international pour l’Amérique latine et les Caraïbes d’IFLAC World, mais aussi en tant que président du comité d’organisation de l’événement, accompagné de trois renommées poétesses de la région: Samiri Hernández Hiraldo, coordinatrice du festival, originaire de Porto Rico, Jennifer García de la Colombie était chargée de promouvoir ce grand événement et Alicia Muñoz Veri d’Argentine, comme vice-présidente du comité .

Nous avons la ferme conviction que la paix naît du cœur et devient un acte et une présence immédiate lorsque la parole parvient à pénétrer et à émouvoir profondément les âmes, déchiffrant leurs rêves et clarifiant leurs incertitudes. C’est donc à partir de la poésie, de l’art, de la pensée créative et de la culture que le monde peut changer et en fait il le fait, malgré les grandes différences et les conflits qui parfois nous divisent et cherchent à nous isoler.

Ticket : En quoi cet événement se révèle-t-il important pour vous comme haïtien ?

Evans Okan : En premier lieu, il faut considérer que la littérature haïtienne est une littérature de résistance, qui est directement associée à la lutte pour la liberté et à la promotion de la paix universelle, comme l’a mentionné le Dr Reina Sotillo, ministre plénipotentiaire d’Argentine, dans son discours d’ouverture . Notre littérature est née au moment de la révolution et a culminé avec la grande épopée de Toussaint Louverture et la proclamation de l’indépendance en 1804.

Pourtant, le premier pays libre d’Amérique latine et des Caraïbes a souffert dès le début du harcèlement étranger, à commencer par la dette abusive d’indépendance que la France a exigée de notre pays et qu’il a fallu plus d’un siècle pour liquider.

Pour moi, en tant qu’Haïtien, face à cette dure réalité et dans un monde largement marqué par la guerre, les frontières et la discrimination, le IFLAC World Peace Festival Argentina 2022 était l’occasion rêvée pour :

1. Rappeler à nos frères d’Amérique latine la grande richesse culturelle et les liens sociaux qui unissent Haïti aux autres pays de la région dans un rêve commun de liberté, de paix, de grandeur et de prospérité, au-delà des différences linguistiques ou autres. C’est cette vague d’amour et de fraternité qui nous a unis. L’amour de nos racines, de ce que nous sommes vraiment et non de ce que l’autre veut que nous soyons.

2. Plaider pour un système politique et social plus humain dans notre région, dont le seul but est le développement et le bien commun.

3. D’autre part, c’était aussi l’occasion de plaider, à travers l’art, pour une véritable justice sociale dans nos pays, pour une répartition plus juste des richesses et des opportunités. Nous ne pouvons pas parler de paix lorsque, sous nos yeux, des pays voisins meurent de faim et que des populations entières sombrent dans la violence, les conflits et la maladie.

4. De dire qu’en 2022, il est INACCEPTABLE que de nombreux pays de la région des Caraïbes et d’Amérique latine, comme Haïti, la première république noire, le pays qui fut le premier à se soulever contre l’esclavage pour obtenir la liberté contre le colonialisme, soient en proie à des conflits internes et ruiné par le fardeau que représente la dette internationale pour les pays du tiers monde.

5. Attirer l’attention de nos dirigeants et des différents secteurs en Haïti là-dessus, pour leur rappeler que la seule issue est de pouvoir décider par nous-mêmes et prendre en main l’avenir de notre peuple. Ensemble, nous pouvons éradiquer la faim, la pauvreté, l’injustice, la violence, l’esclavage mental et la domination.

6. Rappeler à tous qu’Haïti est une terre d’art, de culture, de spiritualité et de mystère, loin d’être le pays le plus pauvre des Amériques.

(Voir suite sur colonne de droite.)

(cliquez ici pour une traduction anglaise.

Question pour cet article:

How can poetry promote a culture of peace?

(. . suite)

Ticket : Le festival a réuni différents pays dont le Mexique, la Colombie, l’Argentine, entre autres. Qu’est-ce qui explique le choix de ces pays en particulier ?

Evans Okan : Le Forum international pour la littérature et la culture de la paix (IFLAC), est une association bénévole fondée et dirigée par l’écrivaine israélienne d’origine égyptienne Ada Aharoni (Ph.D), depuis 1999, en plus de sa vice-présidente, l’écrivaine Elena Vargas, qui vit en Angleterre, l’organisation jouit d’une portée mondiale, avec 22 ans de promotion de la paix et des représentations dans plusieurs pays à travers le monde. Mais, ce festival en particulier a été parrainé par la représentation régionale que je dirige, qui comprend l’Amérique latine, les Caraïbes et l’Espagne.

Dans ce contexte, la poésie, l’art et les différentes manifestations culturelles des pays de la région étaient présentes dans une rencontre fraternelle pleine d’espoir, dans le but de créer de nouveaux liens et espaces de solidarité, de reconnaissance et de diffusion culturelle à travers la voix de nos poètes, écrivains, artistes, journalistes, enseignants et promoteurs culturels comme le moyen le plus efficace, authentique et puissant pour construire une société meilleure, plus harmonieuse et plus humaine dans des moments pressants et difficiles comme ceux que nous vivons.

Ticket : Pourquoi le choix d’Indran Amirtanayagam comme l’une des deux personnalités à honorer dans le cadre de cette première édition ?

Evans Okan : Ce fut une merveilleuse occasion, dans le cadre du programme officiel, de mettre en lumière et de reconnaître deux personnalités importantes du monde littéraire international qui représentent deux générations différentes, en l’occurrence Indran Amirtanayagam des États-Unis, PRIX IFLAC World Poète Mondial et la jeune poétesse colombienne Jennifer García, PRIX IFLAC World Entrepreneuriat Et Poésie.

Ces prix font désormais partie des activités et initiatives officielles d’IFLAC World, pour stimuler, promouvoir et exalter la vie et le travail d’écrivains, d’artistes et de leaders culturels attachés aux idéaux de paix qui les définissent.

Pour IFLAC World et Educultura, décerner ce prix à ces deux grandes références littéraires est une occasion unique de célébrer leurs principes et valeurs fondamentaux exprimés dans une poésie pleine de sens et de qualité, toujours attentive à l’évolution de l’histoire et des réalités de nos peuples.

La vie et l’œuvre du poète Indran Amirthanayagam, est un exemple catégorique de consécration et d’humanisme dans notre siècle, non seulement pour son immense talent créatif, mais aussi pour sa très haute qualité en tant qu’être humain, en tant que leader, en tant que diplomate, en tant qu’enseignant et en tant qu’ami de tous.

Ticket : Qui étaient les représentants d’Haïti à cette première édition du iFLAC World Peace Festival ?

Evans Okan :  Nous savons tous que la littérature est un point fort de la culture haïtienne, à cette occasion Haïti était représenté par moi, non seulement en tant que directeur international du IFLAC World Latinoamerica mais aussi en tant qu’écrivain, car en plus d’être en charge de la direction du festival, j’ai participé à deux tables de lecture où j’ai présenté quelques-uns de mes poèmes écrits en français.

Jovanie Jean Pierre, une jeune étudiante de la ville de Jérémie, qui participe au programme d’études Educultura en Argentine, m’a fait l’honneur de lire la traduction espagnole de mes poèmes, ce qui a été un moment très émouvant pour moi et pour tout le public.

D’autre part, la poétesse haïtienne Martine Milard, résidant en France, a également été invitée à participer à l’événement, mais n’a pas pu y assister pour des raisons personnelles.

Ticket : Un bilan de cette édition ? Vos perspectives pour les autres années à venir ?

Evans Okan : Pendant les quatre jours du festival, des activités culturelles et éducatives ont été réalisées, que la population locale a accueillies avec beaucoup d’affection, d’enthousiasme et de gratitude. Le Festival IFLAC World Peace, Argentine 2022 a rempli avec succès sa mission d’apporter un message de paix au monde et de convoquer l’engagement, la responsabilité et l’amour les plus élevés pour notre peuple, notre pays, notre continent.

Haïti a longtemps été considéré comme un symbole de paix et de liberté, cependant, en raison des problèmes sociaux, politiques et économiques auxquels le pays est actuellement confronté, cette image s’est affaiblie. Nous sommes conscients que l’art, l’éducation, la culture et la pensée créative sont le meilleur moyen de récupérer les communautés, de renforcer leur lien avec le monde et de contribuer à leur développement. Pour cette raison, nous travaillons pour que le lieu du prochain IFLAC World Peace Festival soit Haïti, car entre autres, nous reconnaissons sa grande richesse culturelle, son patrimoine et tout ce qu’il peut offrir aux autres peuples d’Amérique latine.

Le fait que la première édition tenue en Argentine ait été dirigée par un artiste et ambassadeur culturel haïtien ouvre la porte à ce que ce projet soit accueilli avec enthousiasme par mon peuple l’année prochaine. Le IFLAC World Peace Festival, Haïti 2023, est désormais notre objectif principal. Nous espérons apporter la poésie, l’art et d’autres manifestations culturelles à cette communauté, à travers une rencontre fraternelle, qui génère de nouveaux liens et des espaces de solidarité, de reconnaissance et de diffusion culturelle.

Enfin, je remercie toute l’équipe du Nouvelliste de m’avoir permis de renouer avec mes racines à travers cette interview et de m’avoir donné la possibilité de rappeler à notre société que notre pays conserve encore de nombreuses valeurs et l’espoir d’un changement futur.