France: Le Tours de Force des Maires de Gauche et Écologistes

. PARTICIPATION DÉMOCRATIQUE . .

Un article par Florent Le Du dans L’Humanité (reproduit avec permission)

Une vingtaine de maires socialistes, écologistes et communistes se sont rassemblés mardi en Val de Loire afin de bâtir un réseau de partage d’idées et construire des projets communs. Sans pour autant viser la présidentielle, assurent-ils.


Parmi les maires réunis à Tours le 21 juillet, de gauche à droite : Léonore Moncond’huy (Poitiers), Eric Piolle (Grenoble), Emmanuel Denis (Tours), Anne Hidalgo (Paris) et Johanna Rolland (Nantes). Guillaume Souvant/AFP

Cent ans après le célèbre Congrès, Tours a à nouveau été, mardi, au cœur des débats de la gauche, le temps d’une journée. Des élus vert-rose-rouge – maires, adjoints ou présidents de métropole de vingt et une villes – s’y sont retrouvés pour un séminaire de travail, à l’invitation du nouvel édile de la commune, Emmanuel Denis, qui souhaite créer une fédération des mairies de la « sociale écologie ». Anne Hidalgo (PS, Paris), Bruno Bernard (EELV, métropole de Lyon), Nathalie Appéré (PS, Rennes), Johanna Rolland (PS, Nantes), Éric Piolle (EELV, Grenoble), ou encore Léonore Moncond’huy (EELV, Poitiers) ont notamment fait le déplacement.

Cette rencontre est une séance de préfiguration de l’avenir, a indiqué le maire de Tours. Les électeurs ont envoyé un message clair : ils veulent une accélération de la transition énergétique. Il faut mettre en place des synergies entre ces villes, notamment celles en avance sur le plan écologique. Un réseau de villes humanistes. »

Trois thématiques centrales

L’écologie a donc été largement abordée lors de ce rendez-vous, avec les questions de la 5G, des transports propres, du développement des réseaux cyclables, de la transition écologique, du traitement des déchets. Au-delà de la problématique de l’environnement, les élus ont aussi planché sur les politiques de la ville en matière d’emploi des jeunes et des précaires, d’intégration des milieux populaires, d’accueil des réfugiés, de logement et d’économie sociale et solidaire.

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« Nous avons passé la matinée à balayer les différents sujets autour de trois thématiques centrales, que sont les solidarités, l’écologie et la citoyenneté. Pour chacun de ces sujets, il sera ensuite nécessaire d’avoir des échanges réguliers pour construire de vrais projets communs, continuer de s’inspirer de ce que font les collègues et peser pour lever certaines contraintes », a détaillé Gaylord Le Chequer, adjoint au maire PCF de Montreuil, Patrice Bessac.

« Une ambiguïté »

Le rassemblement de Tours constitue donc la naissance d’un réseau de convergence d’idées, d’échanges de bonnes pratiques et d’entraide, et non un nouveau mouvement, avec l’Élysée en ligne de mire, affirment les élus présents. Il y a quelques jours, dans le Journal du dimanche, le président de la métropole de Lyon, Bruno Bernard, avait évoqué « une ambiguïté » à ce sujet et un besoin de « clarifier les choses ». « Cela a été fait, aucune ambition personnelle ni prospection sur l’avenir de la politique nationale n’a été mise en avant », a-t-il déclaré, mardi, à la sortie de la première demi-journée de travaux.

Ce réseau de maires de gauche a toutefois intérêt à connaître une résonance nationale, selon Nathalie Appéré, maire PS de Rennes : « Nous ne bâtissons pas ici une nouvelle gauche, mais une gauche des territoires qui devra se faire entendre au niveau national. C’est indispensable de lever certains blocages, sur la transition écologique notamment. Nous avons des combats à porter devant le gouvernement. » « Évidemment, cette convergence doit aussi permettre de transformer 21 voix de maires en une seule, abonde Anne Hidalgo. Nous sommes des décentralisateurs. Il faut qu’enfin on sorte de cet archaïsme dans lequel notre pays est plongé depuis très longtemps, ce jacobinisme, ce colbertisme, qui fait que tout se décide au niveau des ministères parisiens. »

« Congrès de Tours inversé »

L’élue parisienne avait déjà annoncé, à la veille du second tour des municipales, la transformation de sa plateforme « Paris en commun » en « structure politique pérenne » avec l’objectif de créer une « fédération » en vue notamment de préparer les prochaines échéances électorales. D’ici-là, l’ensemble des questions abordées lors du séminaire tourangeau seront réparties ensuite par groupes de travail. « Nous avons pris l’habitude avec la crise sanitaire de nous réunir à distance, c’est ce que nous ferons très régulièrement avec l’ensemble des maires réunis ici, et d’autres comme Michèle Rubirola à Marseille », a expliqué Emmanuel Denis. Des rencontres régulières comme celle d’hier sont également prévues « afin de maintenir une dynamique et de ne jamais perdre le lien ». Le maire tourangeau espère pouvoir à nouveau tenir ce rassemblement dans sa ville à la fin de l’année : « Puisque la scission de la gauche a eu lieu en décembre 1920, nous pourrons fêter ce centenaire en l’unissant à nouveau. Une sorte de Congrès de Tours inversé.