5 millions d’Indiennes forment une chaîne de 620 kilomètres pour les droits des femmes

. EGALITE HOMMES/FEMMES .

Un article de Solidaire

Un événement admirable s’est produit ce 1er janvier dans l’État indien du Kerala, dans le sud-ouest du pays : cinq millions de femmes ont formé une chaîne humaine de 620 kilomètres, allant de Thiruvananthapuram, la capitale provinciale, à Kasaragod, dans le nord de l’État. Ces millions de femmes se sont rassemblées, poing fermé, le long des routes et autoroutes. Les oratrices ont dénoncé le sexisme et la discrimination. Des milliers d’hommes ont montré leur solidarité en formant une seconde chaîne humaine.


Video from @Cyt.Vishwa

L’événement a été l’initiative de plusieurs organisations religieuses et de la société civile, rassemblées par le CPI(M), c’est-à-dire le Parti communiste d’Inde (marxiste), à la tête du gouvernement de l’État du Kerala.

Femmes « impures »

L’action trouve son origine dans le débat houleux sur le droit des femmes à pénétrer dans un temple hindou du célèbre lieu de pèlerinage de Sabarimala. D’après la croyance hindoue, les femmes qui ont leurs menstruations sont « impures » et l’accès au temple leur est donc interdit. La Cour suprême indienne avait levé cette interdiction dans un jugement rendu en septembre 2018, réaffirmant le droit constitutionnel des femmes à fréquenter librement les lieux de culte au même titre que les hommes. C’est également la position défendue par le gouvernement du Kerala, mais les femmes qui ont pénétré dans le temple ont été violemment attaquées par des hommes ultraconservateurs malgré la protection policière supposée leur garantir l’accès.

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour un article en anglais de ce sujet ou ici pour un article en espagnol .)

Questions for this article:

Prospects for progress in women’s equality, what are the short and long term prospects?

(. . . suite)

Des ministres du gouvernement indien de Narenda Modi (du BJP, parti hindou au gouvernement au niveau national) ont jeté de l’huile sur le feu en appelant publiquement  les fidèles du temple à s’opposer au verdict de la Cour suprême en interdisant l’accès du temple aux femmes.

Pinarayi Vijayan (CPI(M)), le Premier ministre du Kerala, a déclaré : « La défense active des droits de femmes fait partie de notre lutte des classes. Cette initiative est des plus nécessaires pour protéger la tradition progressiste de notre État à un moment où le BJP du Premier ministre Modi menace de renvoyer l’Inde à un siècle d’obscurantisme. »

Écrire l’histoire

La ministre de la Santé publique du Kerala, K.K. Shailaja, occupait la position de « premier maillon » de la chaîne, celle de « dernier maillon » revenant à Brinda Karat, membre du bureau politique du CPI(M). Celle-ci a déclaré que les femmes du Kerala avaient écrit l’histoire et envoyé un message fort dans toute l’Inde.

Dans certaines régions, des femmes ont été attaquées par des organisations communautaires liées au BJP. Mais le succès du « mur des femmes » tient bon, démontrant l’important isolement du BJP au Kerala.

Le long des autoroutes, la chaîne a rassemblé les femmes dans toute leur diversité, jeunes ou âgées, de la campagne ou des villes, paysannes ou médecins, activistes, artistes… Toutes, elles se sont engagées dans la lutte pour l’égalité des genres.

Ce combat est plus que nécessaire. En effet, les organisations de défense des droits humains placent l’Inde en tête de la liste des pays où il ne fait pas bon naître femme, notamment en raison des infanticides à l’encontre des bébés filles, de l’esclavage des enfants, de la violence domestique et de la culture du viol, monnaie courante dans le pays.