. . . VERS SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE . . .
Ce mois-ci, nous traiterons d’articles de fond à propos du mouvement paysan pour la souveraineté alimentaire, en commençant par le Sixième Congrès de la Coordination d’Organisations Rurales latino-américaine– Via Campesina (CLOC-VC) qui a eu lieu en Argentine.
Plus de mille délégués venant l’Amérique Latine et des Caraïbes, d’Afrique, d’Asie et d’Europe se sont rencontrés pour une semaine de débats lors d’ateliers et d’assemblées. Ils se sont accordés pour défendre: “la Souveraineté alimentaire soutenue par la réalisation d’une Réforme Agraire Complète et Populaire qui nous donne en retour la joie de prendre soin de la Terre Mère et ainsi de produire la nourriture dont nos peuples et l’humanité doivent pour assurer le développement.”
Voici deux citations extraite de leur déclaration finale :
“CLOC est la flamme, la lumière et les actions de Via Campesina en Amérique latine. Nous emmergeons du coeur même de 500 ans d’histoire où les indigènes, les paysans, la résistance noire et populaire sont nos origines. Cela a initié le mouvement paysan historique et les nouveaux mouvements apparaissant comme une réponse aux processus de démantèlement imposés par les politique néolibérales.
“Nous reprenons force, expérience et luttes et nous élaborons des propositions en fonction des nouveaux moments politiques. Nous mettons en évidence les questions agraires qui sont tout à fait appropriées à la société dans son ensemble et de ce fait, nous devons y faire face avec une stratégie de pouvoir alternatif et populaire.”
Malgré le fait que les petits cultivateurs produisent la plupart de la nourriture consommée par l’humanité, ils son menacés par l’agriculture intensive. Ainsi, les entreprises multinationales essayent d’imposer la production par monoculture pour l’exportation et mettent un monopole sur les graines. Ces multinationales sont soutenues par des lois gouvernementales et par des subventions se situant de plus en plus au niveau international.
Une indienne,Vandana Shiva est une avocate particulièrement éloquente pour le petit cultivateur. Voici l’extrait d’une interview réalisée en Suisse : “La raison pour laquelle les fermes deviennent à la fois moins nombreuses et plus grandes est la conséquence d’une économie fortement tordue qui punit les petits cultivateurs et récompense l’agriculture industrielle. La première aide est de quatre cents milliards de dollars investis dans des subventions au niveau mondial pour des fermes à grande échelle. L’autre récompense est que chaque niveau de la législation, comme les règlements concernant la standardisation de la nourriture, concernant les chaînes de magasins et les lois sur la propriété intellectuelle, mettent un poids énorme sur les petits cultivateurs. Depuis 10.000 ans, ce sont eux qui ont fait le travail. Pourquoi est-ce seulement depuis ce siècle que les petites exploitations -agriculture/élevage – sont devenues non viables ? C’est parce que le modèle économique de l’entreprise agricole a été conçu pour une agriculture à grande échelle. Il a été pensé pour faire disparaitre les petites fermes. Autour de 70 % de la nourriture mondiale est aujourd’hui produite par des exploitations de tailles modestes, qui produisent plus que les grandes fermes, même s’il existe une mythologie qui voudrait nous faire croire que l’agrobusiness est la réponse à la faim dans le monde.
Les petits cultivateurs se mobilisent de plus en plus dans le monde entier. Dans le Guatemala, par exemple, il existe un fort mouvement paysans pour soutenir une loi pour le ‘Développement Rural Intégré’ qui obligerait l’état à aider les gens vivant dans des zones rurales. Le campesinos a gardé sa pression sur le gouvernement pour trouver une solution en maintenant ses manifestations, en bloquant des routes, en occupant l’espace dans la Ville de Guatemala et en exigeant que le gouvernement vote la loi.
Les traités de soi-disant “libre-échange,” négociés à un niveau international par les pays les plus riches, prévoient des aides gouvernementales pour l’agriculture industrielle au détriment de la petite exploitation. Pour cette raison les mouvements paysans sont opposés aux traités. Ils ont designé le 17 avril comme “La Journée Internationale des Luttes Paysannes contre les Transnationales et les Traités de Libre-échange.” Ils ont concrétisé leurs actions par l’occupations de terres, des échanges de semences, des manifestations, des séances de promotion de la souveraineté alimentaire, des événements culturels, des actions directes et des débats.
Les échanges de graines sont importants parce que quelques entreprises transnationales comme Monsanto essayent d’établir des monopoles mondiaux sur les graines. En Uruguay, la 7ème Réunion nationale des Producteurs de Semences créoles et le 6ème Festival national de la Semance créole et de l’agriculture familiale, se sont réunis sous le slogan “Les semences indigènes et la terre sont l’héritage des peuples au service de l’humanité.”
Voici d’autres exemples de résistance par des petits cultivateurs face aux monopoles des graines: Le Ghana, le Mozambique, le Niger, le Brésil, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Mexique, le Venezuela, l’Inde, les Philippines, la Corée du Sud, la Thaïlande, l’Autriche, la France, l’Allemagne, la Grèce et l’Italie. De plus, au Burkina Faso, en Australie, à Porto Rico, aux Pays Bas et en Argentine, des manifestations spécifiquement contre Monsanto se sont déroulées le 23 mai.
En dépit du fait qu’ils sont dirigés par les pays qui soutiennent l’agriculture industrielle, les organisations des Nations Unies spécialisées pour agriculture, se sont récemment réunies pour sonner l’alarme contre la destruction des petites fermes. Selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture: “Malgré une grande migration des zones rurales vers les zones urbaines, l’extrême pauvreté devient plus concentrée dans les campagnes où il y a des niveaux d’investissements publics et privés inférieurs, une infrastructure plus pauvre et où il existe moins de services ciblés sur les plus vulnérables. La croissance de l’agriculture est plus efficace dans la réduction de la pauvreté que dans d’autres secteurs. Nous avons besoin d’avantage d’investissements de meilleure qualité dans l’agriculture.”
Et selon le Fonds international de développement agricole, “la Plupart de la nourriture que les peuples du monde entier consomment vient des fermes de petits cultivateurs. Ils ne sont pas le problème, mais une partie de la solution. Nous voyons bien les besoins des petits fermiers et leurs difficultés à avoir l’accès à la fois au marchés et aux crédits.”
Malgré les avantages dont bénéficie l’agriculture industrielle, une nouvelle generation de fermiers, en Europe et en Amérique du Nord ainsi que dans le Sud, reviennent à la petite agriculture. Pour comprendre leur motivation, nous avons interviewé ce mois-ci un jeune, agriculteur débutant en France.