Le Bénin encourage le dialogue interreligieux contre Boko Haram

TOLERANCE ET SOLIDARITE .

Un article de La Croix

« Symposium international du Centre panafricain de prospective sociale pour la paix et le développement par le dialogue interreligieux et interculturel ». Tel est le titre du grand colloque organisé à Cotonou, au Bénin, du mardi 26 au jeudi 28 mai, en vue d’« une mobilisation générale contre le péril Boko Haram ».

benin

Ce colloque s’inscrit dans la continuité de celui consacré au dialogue interreligieux, organisé à Cotonou en mars 2014, sous la présidence du cardinal Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, qui avait mis l’accent sur les facteurs favorisant l’extrémisme islamiste violent : tensions entre les communautés ethnico-religieuses, illettrisme, faiblesse de la gouvernance, systèmes de justice inadaptés et insuffisance des dialogues interreligieux, notamment islamo-chrétien.

Annoncé par le président béninois lui-même, Boni Yayi, en novembre dernier, ce symposium est placé sous le signe de l’éducation à la paix et de la lutte contre l’extrémisme religieux en Afrique (Boko Haram, AQMI…).

« La force militaire ne suffira pas à annihiler ce mouvement djihadiste qui a fleuri sur le terreau de la déshérence d’une population ayant un accès très faible à l’éducation et à la santé », déclarait il y a quelques semaines le nouveau président nigérian Mohammadu Buhari, cité dans le communiqué de presse du colloque béninois.

« Ce symposium veut s’appuyer sur le dialogue interreligieux et interculturel pour tisser la paix autour de préoccupations concrètes de lutte contre la pauvreté », déclarait Albert Tevoedjre, ancien médiateur du Bénin et président du Centre panafricain de prospective sociale, lors d’une rencontre avec la presse le 20 mai.

Il s’agit d’établir « des rapports de confiance entre les fidèles de différentes religions en vue de mieux construire ensemble une société de développement et de paix et mobiliser les ardeurs autour de tâches concrètes reconnues prioritaires par tous », expliquait encore Albert Tevoedjre.

Portée par le gouvernement béninois, cette initiative africaine bénéficie de nombreux soutiens, dont ceux du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), de l’Unesco, de la Cédéao (Organisation économique créée par le traité de Lagos en 1975 et regroupant quinze États de l’Ouest africain)… En offrant sa disponibilité pour devenir « promoteur de la paix par un autre chemin », le Bénin veut aussi susciter un réseau de parlementaires africains pour « veiller à l’inscription dans la loi de finances de chaque État des moyens nécessaires à la réalisation des objectifs visés ».

Parmi les 200 participants de tous les continents annoncés, figurent divers universitaires d’Égypte, du Liban ou d’Indonésie, et des personnalités telles Abderhamane Sissako, réalisateur du film Timbuktu, ou Nassir Abdulaziz Al-nasser, représentant des Nations unies, ainsi que William F. Vendely, secrétaire général de Religions pour la paix et Francis Kuria Kagema, secrétaire général du Conseil africain des responsables religieux.

Plusieurs dirigeants africains sont également présents, à commencer par le président nigérian Olusegun Obasanjo, ainsi que de nombreux responsables musulmans africains et européens : Muhammad Saa Abubakar III, sultan de Sokoto au Nigeria ; Shaban Mujabe, grand mufti de l’Ouganda ; l’Algérien cheikh Khaled Ben Tounès, président mondial de l’association « Les Amis de l’islam » ; l’imam de Banguy (Centrafrique) ; Azzedine Gaci, recteur de la mosquée de Villeurbanne (France)…

Sont annoncées aussi de hautes personnalités de l’Église catholique : le cardinal burkinabé Philippe Ouédraogo, archevêque de Ouagadougou ; le cardinal nigérian John Onaiyekan, archevêque d’Abuja ; Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako (Mali) ; Mgr Paul Simon Ahouanan, archevêque de Bouaké (Côte d’Ivoire) et président de la nouvelle Commission nationale de réconciliation et d’indemnisation des victimes (Conariv) ; Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire de Marseille…

(Cliquez ici pour une traduction anglaise)

Question liée à cet article:

Islamic extremism, how should it be opposed?