. . . AFFRONTER LE TERRORISME SANS VIOLENCE
Les médias commerciaux, toujours avides de gros titres sur la violence, se complaisent à raconter toutes les atrocités commises par Boko Haram et par l’Etat islamique, héritiés d’Al-Qaida.
Commençons par la stratégie globale pour “un programme culturel afin de rejeter l’extrémisme et la violence” par Ismail Serageldin. Sa proposition est ni académique ni abstraite. Elle est basée sur la vaste expérience de l’organisation qu’il dirige, la Bibliothèque d’Alexandrie, en Egypte. Il nous apporte “des graines d’espoir” pour une transformation culturelle dans le monde arabe comme une alternative au fanatisme et ” au terrorisme barbare affiché par les forces du soi-disant ‘Etat islamique’ en Irak et en Syrie.”
Selon les Elders, «Peut-être n’y a t-il pas d’autre choix que l’option militaire, mais en même temps, il est toujours important de comprendre. Ainsi les opérations militaires ne peuvent jamais réussir à faire face à ces sortes de forces s’il n’y a pas une stratégie sociale et politique mise en œuvre dans les zones où ces forces ne sont pas actives. “Si la force doit être utilisée, elle doit l’être “après qu’un programme politique et social ait été construit sur ce qu’il faut faire par la suite.”
Tout en appelant à des approches non-violentes, les Elders sont clairs. Les interventions militaires dans le passé ont été une cause majeure de l’augmentation du terrorisme au cours des dernières années. Ecoutons ce que dit l’Elder Mary Robinson, «Je pense que beaucoup de problèmes découlent d’une guerre injustifiée et incroyablement néfaste en Irak. Elle a humilié, provoqué “le choc et l’effroi” à tous niveaux et en tous sens. Je pense que cette guerre a cassé une confiance qu’il va être très difficile de rétablir “.
Serageldin dit clairement que la cause majeure du succès de l’État islamique terroriste “tient dans l’invasion américaine de l’Irak en 2003 et la mauvaise gestion ultérieure des clivages ethniques et religieux tendus dans cette société. Tout ceci a porté un coup traumatisant pour la confiance en soi des musulmans. Ils ont considéré l’invasion directe par l’Amérique et par ses alliés d’Irak et d’Afghanistan, comme une humiliation. En outre, l’assassinat systématique de civils par l’utilisation de drones au Pakistan, en Afghanistan, au Yémen et ailleurs a servi à enflammer les sentiments de victimisation qui ont nourri le “désespoir émotionnel “des majorités musulmanes.
Malgré le fait que les petits cultivateurs produisent la plupart de la nourriture consommée par l’humanité, ils son menacés par l’agriculture intensive. Ainsi, les entreprises multinationales essayent d’imposer la production par monoculture pour l’exportation et mettent un monopole sur les graines. Ces multinationales sont soutenues par des lois gouvernementales et par des subventions se situant de plus en plus au niveau international.
Selon le spécialiste de la consolidation de la paix, John Paul Lederach, ce qui est nécessaire est une politique d’engagement non-violent avec les gens dans les groupes qui ont été fichés comme terroristes, plutôt qu’une politique d’isolement. Par exemple, nous devons nous engager avec les femmes de Syrie, au coeur du pays terrorisé. Elles sont en train de promouvoir une culture de la paix à travers leurs engagements. Elles luttent pour stopper le mariage des enfants, pour unir réfugiés et communautés d’accueil, écouter les groupes marginalisés, rouvrir les écoles, aider les familles à survivre, réformer les tribunaux corrompus, vacciner les enfants, désarmer les jeunes et mobiliser un mouvement pour la paix. Un excellent exemple de cet engagement est le travail de la Nonviolent Peaceforce, comme il l’est décrit dans l’article : “mise à jour urgente du Soudan du Sud.”
Le ministre des Affaires étrangères de la Sierra Leone cède à la voix de la sagesse lors de son discours à l’Organisation de la Conférence islamique. Face à une “une vague croissante d’insurrections terroristes et de troubles à travers le monde”, nous devons nous efforcer de prendre des initiatives allant de l’action humanitaire à la médiation en vue d’accompagner et de promouvoir la culture de la paix et de la tolérance entre les peuples.”
Et au Bénin, la conférence pour une “mobilisation générale contre le danger de Boko Haram” a conclu que “La force militaire ne suffira pas à annihiler ce mouvement djihadiste . . Il s’agit d’établir des rapports de confiance entre les fidèles de différentes religions en vue de mieux construire ensemble une société de développement et de paix et mobiliser les ardeurs autour de tâches concrètes reconnues prioritaires par tous .”