EDUCATION POUR LA PAIX .
Un article par Issa Siguire dans Le Pays de Burkina Faso
Les lampions de la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) se sont éteints le 4 mars 2023. C’est Youssef Chebbi de la Tunisie, qui a remporté l’Etalon d’or de Yennenga, avec son film « Ashkal ». La réalisatrice burkinabè, Apolline Traoré, remporte l’Etalon d’argent.
Le réalisateur tunisien, Youssef Chebbi, succède au Somalien Khadar, réalisateur du film « La femme du fossoyeur », en remportant l’Etalon d’or de Yennenga, avec son film « Ashkal » à la 28e édition du FESPACO. Absent à la cérémonie, son représentant a reçu le trophée et la somme de 20 millions de F CFA en son nom.
Les réalisateurs Apolline Traoré du Burkina et Angela Wamai du Kenya, respectivement 2e et 3e, remportent les Etalons d’argent et de bronze.
Pour Dora Bouchoucha, présidente du jury, le processus qui a conduit au choix du film regroupe des considérations politiques, de divertissement et de créativité cinématographique. « Dans les trois Etalons, il y a tout ça. Mais celui qui avait plus de créativité, plus de talents cinématographiques, c’est le film Ashkal », a-t-elle expliqué.
Même si Apolline Traoré n’a pas remporté l’or, elle dit être fière de remporter l’Etalon d’argent : « Nous avons des problèmes. Cet Or aurait réconforté le peuple burkinabè mais s’il peut le faire pour le peuple tunisien qui a lui aussi des problèmes, qu’il en soit ainsi. Après mes prix spéciaux, je ne peux pas oser dire que je ne suis pas heureuse », s’est-elle réjouie.
Quant au ministre en charge des Arts du Burkina Faso, Jean Emmanuel Ouédraogo, il s’est réjoui de la tenue du festival qui, à son avis, montre aux yeux du monde entier que le Burkina Faso est encore un pays fréquentable. « C’était également une manière, pour nous, de montrer qu’en dépit de toutes les difficultés et de la pression sécuritaire, le Burkina Faso reste debout ainsi que la culture africaine ».
Et d’exprimer la reconnaissance du Burkina au Mali, pays invité d’honneur et à ses homologues des pays frères de la Côte d’Ivoire, du Tchad, du Sénégal, de la Guinée Conakry. Tout comme le ministre en charge de la Culture du Burkina, celui du Mali, Andogoly Guindo, s’est félicité de l’organisation de main de maître. « Je tiens, à ce stade, à renouveler la gratitude du gouvernement malien, du peuple malien à l’endroit du Chef de l’Etat du Burkina Faso. Nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que cette 28e édition a tenu la promesse des fleurs. », a-t-il déclaré.
Signalons que le bilan de la 28e édition du FESPACO a été dressé par son Délégué général, Moussa Alex Sawadogo. A l’en croire, Plus de 10 000 accrédités dont 2 413 professionnels du cinéma et de l’audiovisuel et 1328 journalistes ont effectué le déplacement pour vivre en direct, la fête du cinéma africain. 95 directeurs de festivals de films ont répondu à l’appel de la biennale du cinéma africain. Mieux, une cinquantaine de pays d’horizons divers, ont été accueillis dans la capitale du cinéma africain, Ouagadougou. «
Je saisis cette occasion pour traduire toute ma gratitude aux partenaires institutionnels et privés provenant d’Amérique, d’Europe et d’Afrique sans oublier l’Etat burkinabè et le Mali, pays invité d’honneur qui, par leur présence, leurs appuis financier, matériel et technique, pour leurs apports multiformes, ont donné à la fête une exceptionnelle beauté. Toutes nos félicitations vont à l’ensemble des lauréats de la 28e édition du FESPACO, bénéficiaires de prix spéciaux ou de prix des jurys officiels. », a indiqué Moussa Alex Sawadogo, avant d’annonceer la tenue de la 29e édition de la biennale du cinéma africain qui va se dérouler du 22 février au 1er mars 2025.
(Voir suite sur colonne de droite.)
(cliquez ici pour une traduction anglaise.
Film festivals that promote a culture of peace, Do you know of others?
(. . suite)
La 28e édition du FESPACO en chiffres
– Plus de 10 000 accrédités
– 2 413 professionnels du cinéma et de l’audiovisuel
– 1 328 journalistes
– 95 directeurs de festivals de films
– 50 de pays d’horizons divers ont été accueillis dans la capitale du cinéma africain ;
– 1 200 films ont été visionnés
– 170 films officiellement sélectionnés
– 12 sections ;
– 365 séances de projections
– 9 salles
– 36 séances de projection à Kaya sur huit (08) sites retenus
– 96 stands sur 98 occupés au 21e MICA
– 218 000 000 de F CFA distribués au titre du palmarès officiel et des prix spéciaux.
– 22 participants au Yennenga Academy dont 16 filles
– 08 candidats pour cinq bourses pourvues pour le Yennenga Post-production ;
– 17 participants pour le Yennenga Co-production ;
– 16 communications
– 5 ateliers pratiques
– 57 professionnels des archives ont pris part aux ateliers.
Sources : Dossier de presse
Ils ont dit
Ministre en charge des Arts du Burkina Faso, Jean Emmanuel Ouédraogo :« La culture africaine reste debout »
« C’était un immense défi pour le Burkina, d’organiser cette 28e édition du FESPACO. Ce soir, on peut dire que c’est un défi qui a été relevé. C’est une manière pour nous de dire qu’en dépit de toutes les difficultés, de la pression sécuritaire, le Burkina Faso reste debout. La culture africaine reste debout et je pense que c’est une belle preuve de cet état d’esprit qui a été donné à travers l’organisation de cette édition. Le Mali est le pays invité d’honneur. C’est main dans la main, avec le Mali, que l’organisation a été menée. Nous avons eu l’honneur et le plaisir de compter parmi nous, des homologues de pays frères, de la Côte d’Ivoire, du Tchad, du Sénégal, de la Guinée Conakry. Je pense que c’est une très belle leçon de solidarité qui a été donnée à travers cette édition. »
Ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck : « Le FESPACO est incontournable et démontre que la culture et le cinéma africains sont des éléments importants pour le rayonnement de notre continent »
« Je salue véritablement le comité d’organisation pour le travail abattu. Je salue l’engagement de mon confrère de la communication et de la culture du Burkina Faso. Je le remercie pour toutes les attentions à mon égard et à ma délégation. Le niveau de la compétition était élevé. Ces biennales démontrent que nos pays ont eu raison d’investir dans le cinéma. Certains pays organisés font monter le niveau mais on voit aussi l’arrivée de nouveaux pays comme la RCA, l’Ile Maurice, le Cap Vert. Cela veut dire qu’en mettant en place des politiques de cinéma, en investissant, ça paie. Nous sommes extrêmement heureux d’être ici. Nous félicitons tous ceux qui ont été sélectionnés et bien sûr, tous les lauréats. Le FESPACO est incontournable et démontre que la culture et le cinéma africains sont des éléments importants pour le rayonnement de notre continent. Ils permettent de mettre en avant nos histoires personnelles, de changer le narratif sur nous et tout cela est à mettre à l’actif du FESPACO. Nous en sommes très fiers et nous sommes très heureux de ce que nous avons vu. Nous en profitons pour dire merci au Burkina Faso. Nous félicitons le comité d’organisation qui, malgré la condition assez spéciale, n’a pas baissé les bras, bien au contraire, a relevé le défi et nous en sommes très fiers. »
Apolline Traoré, réalisatrice et Etalon d’Argent : « Nous allons continuer à nous battre »
« Nous avons des problèmes. Cet Or aurait réconforté le peuple burkinabè mais s’il peut le faire pour le peuple tunisien qui a lui aussi des problèmes, qu’il en soit ainsi. Après mes prix spéciaux, je ne peux pas oser dire que je ne suis pas heureuse. Ce ne serait pas bien de ma part. Même si je n’ai pas l’Etalon d’or, j’ai l’Etalon d’argent et j’en suis heureuse. Je ne baisse pas les bras, je continuerai à me battre. J’avais aussi espéré qu’une femme remporterait pour la 1re fois l’Etalon d’or, même si ce n’était pas moi forcément. Mais nous allons continuer à nous battre. »
Chloé Aïcha Boro, réalisatrice burkinabè : « Le FESPACO nous fait et nous faisons le FESPACO »
« En règle générale, les artistes que nous sommes, critiquons. Nous critiquons les politiques, l’organisation. Nous sommes dans notre rôle et c’est normal. Cette annonce, nous devons saluer le fait qu’ils ont maintenu l’édition malgré le contexte sécuritaire. Pour l’organisation, c’est le FESPACO et il y a toujours du bazar. Nous aimons et nous détestons cela à la fois. Le FESPACO est notre maison. Il nous fait et nous faisons le FESPACO ».