France: Interview avec un jeune fermier

. . DEVELOPPEMENT DURABLE . .

Un interview pour CPNN par Kiki Chauvin

J’ai fait l’interview suivante avec Armand G., age de 18 ans, qui veut devenir fermier et rester dans le monde rural agricole. Cette interview est dans le context d’une tendance vers la disparition des petite fermes en France. Entre 1970 et 2010, selon l’INSEE, la superficie moyenne des entreprises agricoles en France est passée de 21 à 55 hectares. Mais dans la même période, le nombre des exploitations a chuté, passant de 1,600.000 à 510.000 !

Armand

Question : Pourquoi préfères tu créer une petite ferme plutôt qu’une grande sur le modèles actuel ? 

« Je suis né dans une famille de fermiers et je suis plongé dans cet univers depuis tout petit . Les animaux me sont familiers ; ils sont devenus mes amis et mes complices.  Les grands élevages, les grandes structures ne m’intéressent pas. Je recherche la création d’une petite exploitation en réhabilitant un mode de vie simple et sain en développant le côté artisanal du métier. Je pense m’orienter vers l’élevage de chèvres, et avoir aussi quelques vaches. J’aimerai fabriquer des fromages et les vendre sur les marchés, proposer de bons produits fermiers. Ce serait bien de profiter d’une haute qualité de vie tout en retrouvant des méthodes de fabrications traditionnelles, à l’ancienne, autant pour moi que pour les gens qui consommeront mes produits. Je ne pense pas ‘ à devenir riche’, mais gagner ma vie dans le respect de l’environnement et de la nature en général. Je souhaite créer une exploitation de dimensions humaines.»

Question : As-tu des contacts avec d’autres qui pensent comme toi ?

« J’ai eu l’occasion de voyager aux USA ; j’ai eu la chance de visiter quelques exploitations agricoles. La taille de certaines fermes, comprenant des troupeaux de milliers d’animaux, m’a choqué et a renforcé mon désir d’avoir une exploitation de petite taille ! Ces immensités peuplées ‘’de viande sur pattes’’ signifient usine, industrie où l’animal est une simple marchandise qui rapporte . En revanche, j’ai eu le plaisir de rencontrer des gens dans des fermes de quelques hectares seulement ( chèvres, vaches et brebis laitières ) où il n’y a pas du tout le même esprit. Il y a plus de contacts, de convivialité, d’humanité ; on parle de plaisir retrouvé dans le travail ! Les éleveurs sont proches de leurs bêtes, ils ont plus de temps à consacrer au troupeau , ce qui crée dans la confiance partagée, une qualité de travail facilitée.
En brassant les activités, se retrouve une diversification de produits fabriqués, (par exemple, fromages, yaourts, beurre, tissage, confection de vêtements, et pourquoi pas artisanat l’hiver ?)

« On peut travailler seul au quotidien mais ce nouvel état d’esprit doit faire redécouvrir l’entraide et la solidarité .

« C’est l’opposition entre ‘’l ‘état d’esprit des jolis marchés’’ et celui du marché des grandes marques ! »

« En France, j’utilise Facebook comme lien avec d’autres éleveurs de différentes régions qui m’ont conseillé dans mon apprentissage ; j’apprends le métier avec deux chèvres et trois très jeunes chevreaux . » 

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

(Cliquez ici pour la version anglaise de cet article)

Question for this article:

What is the relation between peasant movements for food sovereignty and the global movement for a culture of peace?

(. . . suite)

Question : Quelles sont les conséquences des subventions de l’Etat versées aux grandes fermes ? 

« Les subventions versées sont proportionnelles à la taille de l’exploitation, ce qui veut dire que une grosse ferme est privilégiée car elle touchera de grosses primes, alors que le petit exploitant, c’est à dire celui qui en a le plus besoin , n’aura rien ! »

« Quand la grande l’entreprise bénéficie d’aides financières, elle va être invitée à investir dans du matériel de plus en plus ‘’ performant’’, c‘est à dire s’éloigner de la mécanisation au profit de la robotisation. Tout ceci développe un autre équilibre entre la qualité du travail et la qualité de la production ! Il s’agit de compétition et de profit.

« En même temps, la dépendances aux marques grandes enseignes, comme Danone, Senoble…, aux produits phytosanitaires comme le célèbre ‘’Monsanto’’ prennent l’agriculture-élévage en otage. »

 « En conclusion, je suis convaincu que nous pouvons revenir à une réelle qualité du travail dans l’exploitation d’une ferme avec des valeurs plus simples. Pour moi, il y a de l’avenir dans l’élevage des chèvres, dans un retour respectueux à la terre. J’ai pris conscience du danger de la robotisation ; je pense que nous devons rester au niveau d’une nécessaire mécanisation qui soulage et apporte un confort au travail quotidien qui est très physique. Comme je vous l’ai dit, nous devons revenir à une agriculture de taille plus humaine.».