Valeurs

La rédaction des résolutions des Nations Unies concernant la culture de paix s’est appuyée sur l’analyse des valeurs, attitudes et comportements nécessaires à l’existence d’une culture de guerre et de violence. Quels sont ils?

Lors de conférences partout dans le monde, quand la question est posée: “Quels sont les caractéristiques d’une culture de guerre?” les audiences répondent de manière très similaire. Evidemment, la culture de guerre et de violence est présente et vécue partout. Dans le tableau suivant, les réponses sont regroupées en huit points:

Le pouvoir basé sur la force / Conviction que la violence est efficace / Formation militaire
Exploitation des peuples et de la nature pour le profit (dans le pays et/ou entre pays) (cupidité)
Non respect des droits de l'Homme (peuple vivant dans la peur)
Domination et pouvoir masculin / Patriarcat
Gouvernance autoritaire / Corruption / Obéissance aux ordres de la hiérarchie (soumission et peur)
Identification de l'ennemi / Intolérance et xénophobie / Fanatisme nationaliste / Intolérance religieuse (suspicion et peur)
Propagande / Secrets / Contrôle des medias par l'Etat / Langage militaire / Censure
Armements / Armées / Préparations à la guerre / Industrie militaire

Ces conférences proposaient des alternatives à chacun des huit points de la culture de guerre pour arriver aux huit points d’une culture de paix (voir le tableau ci-dessous)

CULTURE DE LA GUERRE ET DE LA VIOLENCE
CULTURE DE LA PAIX ET DE LA NON-VIOLENCE
Conviction que le pouvoir vient de la forceCulture de paix par l’éducation
Exploitation de la natureDéveloppement durable
Exploitation des peuplesDroits de l'Homme
Domination masculineÉgalité hommes/femmes
Gouvernement autoritaireParticipation démocratique
Identification de l'ennemiTolérance & solidarité
Propagande et secretsLibre circulation de l'information
ArmementsDésarmement & sécurité

Quand le Programme d’action sur une culture de la paix a été rédigée (document A/53/370 de l’ONU), les mêmes huit caractéristiques de la culture de guerre ont été prises en considération et les mêmes alternatives ont été proposées en réponse à chacun de ces huit points. Le document a proposé un “cadre conceptuel” pour répondre aux “racines culturelles profondes de la guerre et de la violence” et jeter “la base d’une stratégie cohérente pour une transformation vers une culture de la paix et de la non-violence. Par exemple, “Il n’y a jamais eu de guerre sans ennemi. Ainsi, pour abolir la guerre, il faut dépasser et supprimer l’image de l’ennemi par la compréhension, la tolérance et la solidarité entre tous les peuples et toutes les cultures.”

Le document proposé par l’Unesco a été adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies (résolution A/53/243) après qu’elle ait enlevé toute mention de la culture de guerre.

Gardant à l’esprit l’analyse de la culture de guerre, nous pouvons définir maintenant une stratégie pour la transition d’une culture de guerre et de violence vers une culture de paix et de non-violence. Il faut priver la culture de guerre des éléments culturels dont elle a besoin et sans lesquels elle ne peut survivre. Plus la culture de paix se développe, moins la culture de guerre fonctionne. Sans ennemi, pas de guerre. Sans gouvernance autoritaire, sans propagande ni secrets, sans la conviction que le pouvoir vient de la force, aucun peuple n’acceptera plus longtemps de partir en guerre. Sans armements, il devient plus difficile de faire la guerre..

En même temps, la culture de paix peut remplir les fonctions faites actuellement par la culture de guerre, telles que la gouvernance, la solidarité et le développement. Le concept même du pouvoir est redéfini; il devient l’écoute, le dialogue, la négociation et la coopération au lieu de la force.