Au premier jour de cette nouvelle année, quatre continents ont des Commissions de Vérité. Elles ouvrent des archives précédemment secrètes afin que nous puissions connaître notre histoire et, nous l’espérons, améliorer notre avenir.
En Amérique du Sud, la Commission de Vérité du Brésil vient de publier son rapport sur les tortures menées par la dictature militaire de 1964 à 1985. Le rapport contient des récits effrayants de la souffrance de centaines de Brésiliens et de Brésiliennes détenus et torturés par des membres des Forces armées et de la police ; beaucoup d’entre eux ont disparu et n'ont jamais été revus. La dictature a ciblé non seulement les membres de groupes armés, mais aussi des critiques, des universitaires, des membres du clergé, des syndicalistes, des travailleurs ruraux, des officiers militaires qui prônaient un retour à la démocratie, et les membres des minorités et des groupes vulnérables. Selon Human Rights Watch : << Elle a montré la voie à la prochaine étape cruciale que le Brésil doit prendre: faire en sorte que ceux qui ont commis des atrocités soient enfin déferrés devant la justice.>> L'actuel Présidente du Brésil, Dilma Rousseff, fait partie de ceux qui ont été torturés.
En Amérique centrale, une Commission de Vérité est établie au Panama. Entre autres questions, elle exige que Washington reconnaisse son invasion d’il y a 25 ans, accepte de compenser le pays et dire où sont les charniers qui contiennent des centaines de Panaméens et Panaméennes. La Commission demande de déclarer le 20 Décembre comme un jour de deuil national.
En Amérique du Nord, la Commission de Vérité du Canada s’est engagée à faire son rapport en Juin prochain sur les conséquences du déracinement de plus de 150 000 enfants autochtones placés dans 142 écoles gérées par le gouvernement. Ils avaient été retirés de force de leur foyer, et déracinés de leur culture d’origine depuis les années 1870. La Commission espère faire avancer un processus de réconciliation. Selon son président, "Il s'agit de créer une relation fondée sur le respect mutuel entre les peuples, qu’ils soient autochtones ou non. C'est grâce à l'établissement de relations que nous allons être en mesure de réaliser une nation équilibrée et juste»
Il y a moins de perspective de réconciliation dans l’autre Commission de Vérité d'Amérique du Nord, à propos du rapport du Sénat américain sur la torture pratiquée par la CIA. Selon un commentateur : << Nous commençons à comprendre la vérité de ce qui s'est passé. Nos âmes sont lourdes quand nous apprenons ce que contient le passé silencieux et caché. . . >>
|
VIDEOS
|
Anglais Espagnol |
. . . << Finalement, nous devons aller au delà de la vérité. Nous avons besoin d'une Commission formelle de Vérité et Réconciliation qui fera des enquêtes sur le ‘’qui et le comment’’ afin de poursuivre les auteurs d'actes de torture. Nous espérons que les responsables pourront présenter des excuses sincères, mais nous n'avons que très peu de confiance que cela arrive. >> La torture par le CIA n'était pas limitée aux récentes révélations, mais a une longue histoire d'implications partout dans le monde et en particulier en Amérique Latine.
En Afrique, une Commission de Vérité a récemment été mise en place au Burundi. Elle aura quatre ans pour établir la vérité sur les crimes de masse commis dans le pays entre 1962 et 2008. Elle devra identifier et cartographier les charniers et proposer un programme de réparations. Elle devra également promouvoir la réconciliation et le pardon. Ses débuts sont entravés par l'opposition politique.
Enfin, en Israël, une Commission de Vérité non officielle a été lancée par l'organisation non gouvernementale Zochrot. Elle est dédiée à l'éducation des Juifs israéliens à propos de ce que les Palestiniens appellent la Nakba. La Nakba, la catastrophe en arabe, se réfère à la création d'Israël sur les ruines de leur patrie il y a plus de six décennies. Selon son directeur : «Nous avons examiné d'autres commissions similaires dans le monde en tant que modèles, particulièrement en Afrique du Sud. Mais contrairement à celles-ci, la nôtre ne comprend pas l'élément de réconciliation parce que le conflit ici n'a pas encore été résolu. Nous ne pouvons pas parler de réconciliation quand la Nakba est en cours. Nous sommes encore dans une situation d'apartheid avec les violations constantes des droits de l'Homme et 70 pour cent de la communauté palestinienne sont des réfugiés ".
En général, les Commissions de Vérité sont réalisées dans la tradition de la Commission de Vérité et Réconciliation qui a permis une transition pacifique de l'apartheid à la démocratie en Afrique du Sud au cours de la présidence de Nelson Mandela et sous la direction de l'Evêque Desmond Tutu. Ces commissions seront nécessaires partout dans le futur si nous pouvons faire une transition mondiale de la culture de guerre à une culture de paix.
