Uruguay: Pépé Mujica, l’ex-Président de la République volontairement le plus pauvre au monde.

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Un article du site de Pierre Martial, ecrivain, journaliste (A partager le plus largement possible, mes amies et amis! Partager, c’est déjà agir.)

“La maison du Président? C’est là-bas, tout au fond du chemin de terre! Vous voyez? C’est la petite baraque au toit en zinc vert avec les poules devant!”.

Au fin fond de cette banlieue pauvre de Montevideo, au Paso de la Arena, tout le monde connait José Mujica, affectueusement surnommé, à plus de 84 ans, “Pépé Mujica“.


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D’abord parce qu”il vit depuis plus de 20 ans dans cette modeste fermette de 45 m2 avec sa femme Lucia et sa chienne handicapée, à trois pattes, Manuela.

Ensuite, parce qu’il a été Président de la République d’Uruguay de 2010 à 2015! Et qu’il n’a jamais cessé de vivre dans cette baraque, même quand il était le chef de la nation!

Pépé Mujica, né d’une famille de paysans pauvres, a toujours voulu rester au milieu des plus défavorisés et, s’il s’est engagé et a milité depuis son plus jeune âge, c’est justement pour défendre les plus pauvres et les opprimés!

Alors pas question de les abandonner, même quand il était Président, pour les ors de la République et le Palais présidentiel, trop luxueux à son goût!

C’est à l’âge de 15 ans, en 1950, que le jeune José, orphelin de père à 6 ans, commence à s’engager contre la misère et l’injustice.

Dans les années 60, face à la montée des groupes paramilitaires qui veulent faire la loi et prendre le pouvoir dans son pays avec force agressions, enlèvements et assassinats, José Mujica est un des fondateurs, avec Raoul Sendic, du groupe emblématique des Tupamaros. Sortes de “Robin des Bois” uruguayens, les Tupamaros s’étaient donné pour mission de protéger le peuple et de contenir la montée des paramilitaires.

En 1973, alors que la dictature militaire fait rage, il est fait “prisonnier-otage” par la junte et est emprisonné dans des conditions insoutenables.

Torturé chaque jour, mis à l’isolement total, il sera ainsi détenu pendant plus de 10 ans, dont 2 ans au fond d’un puits. Il en sortira en 1985, à demi-fou.

Une folie et une expérience terrifiante dont il fera, paradoxalement, sa plus grande force.

“C’est étrange, se confie-t-il aujourd’hui, mais l’homme apprend parfois plus des moments difficiles que des moments de bonheur. Ces années noires ont été horribles et pourtant, elles m’ont apporté beaucoup“

(Voir suite sur colonne de droite. . . )

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Question related to this article.

Where in the world can we find good leadership today?

(. . . suite)

Un silence, puis: “Par exemple, je ne sais plus haïr. Vous connaissez le luxe de ne pas haïr?”

Dès sa sortie de prison, l’ex-Tuparamo reprend le combat, un combat plus pacifique cette fois mais toujours aussi inlassable et sans concession.

En 1994, il devient député. En 1999, il est élu sénateur et est réélu aux mêmes fonctions en 2004. Tout en continuant de travailler comme agriculteur.

En 2010, consécration d’une vie au service de son peuple, il est élu Président de la République.

Fini donc la fermette et le dur travail d’agriculture? Et bienvenue au confort présidentiel, aux voitures de fonction, au luxueux Palais présidentiel et aux très confortables émoluments de la République?

Pas du tout! En aucun cas! Ce serait bien mal connaitre Pépé Mujica!

Dès le lendemain de son élection, il fait connaitre – au grand dam du Protocole-, qu’il est hors de question pour lui d’habiter au Palais présidentiel. Trop riche pour lui! Il restera dans sa baraque, point barre! Mais il rassure son monde: la demeure présidentielle continuera à servir, il s’y engage. En 2012 par exemple, lors de la terrible vague de froid qui s’abattit sur le pays, il la fait inscrire comme refuge pour les sans-abris!

Secundo, il refuse toutes voitures de fonction qu’on veut lui imposer. Sa Coccinelle, bleue achetée en 1987, lui suffit amplement, affirme-t-il.

Et tertio, il décide de faire redistribuer les 90% de son salaire mensuel de Président à des associations caritatives, se déclarant bien loti de conserver les 10% restant, soit l’équivalent de 900 euros, montant du salaire moyen en Uruguay.

C’est le 1 mars 2015 que Pepe Mujica a mis fin à ses fonctions présidentielles. Non pas qu’il en avait assez! A 80 ans, il est encore en pleine forme! Rien ne vaut l’amour de sa famille, de ses amis et de ses chiens pour vous conserver un homme! Mais la Constitution de l’Uruguay n’autorise qu’un seul mandat présidentiel de 5 ans.

Pépé Mujica est donc retourné, serein et bonhomme, à sa fermette, à ses fleurs et à son jardin, au fin fond de sa banlieue et aux côtés de ses amis.

Quand on lui demande ce que cela lui fait d’être l’ex-Président le plus pauvre au monde, il hausse les épaules. “Beaucoup de personnes sont pauvres, très pauvres, de par le monde. Moi, je ne suis pas pauvre, j’ai juste décidé de vivre de manière austère pour être plus proches de ceux qui le sont. Je ne fais pas l’apologie de la pauvreté, mais celui du partage et de la sobriété“.

Est-il satisfait de ce qu’il a fait, de l’exemple qu’il a pu donner? Il lève les yeux au ciel.

“J’ai fait ce que j’ai pu… J’ai dédié une grande partie de ma vie à essayer d’améliorer la condition sociale du monde dans lequel je suis né. J’ai eu quelques déconvenues, de nombreuses blessures, quelques années de prison…. Enfin, la routine pour quelqu’un qui veut changer le monde…“

Ses projets?

“Continuer à vivre le plus longtemps possible! C’est un miracle que je sois encore en vie après tout ce que j’ai vécu! Et puis lire aussi, lire beaucoup! J’ai passé plus de 10 ans dans un cachot dont 7 sans pouvoir lire. J’ai du retard à rattraper!“

Je te souhaite encore de longues années de vie et de lecture, Pépé Mujica, et je te serre avec émotion contre moi.

Tu es pour moi, – pour nous toutes et tous -, beaucoup plus qu’un exemple…

Tu es un espoir!

(Merci a Kiki Chauvin Adams qui a envoye cet article a CPNN.)